En ce mois de février 2025, le poste haute tension (PHT) René Coty a été le théâtre d’une opération de maintenance rarissime sur une turbine à gaz, qui s’inscrit pleinement dans le cercle vertueux de l’économie circulaire, comme le précise Alexandre Faugas, Responsable de l’entité de maintenance des équipements haute tension. « En termes de valorisation et d’économie circulaire, l’opération de réfection de cette turbine s’intègre pleinement dans la politique RSE de RATP Infrastructures. C’est du concret ! ». Une première pour cet équipement âgé de plus de 45 ans, qui fait office de groupe électrogène, afin d’alimenter un circuit électrique indépendant de celui dédié aux rames. « Cette turbine sert uniquement en cas de “blackout” total. Elle alimente l’éclairage, la ventilation et les autres circuits vitaux afin d’évacuer, le cas échéant, les voyageurs en toute sécurité ». En panne, sa remise en route répondait donc à un impératif de sécurité.
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Toutefois, en raison de son âge, s’est posé un problème de pièces détachées et de compétences. Un défi qui a été relevé en faisant appel à des entreprises spécialisées partageant la même sensibilité environnementale que RATP Infrastructures, à commencer par l’entreprise ATCIE en charge de la recherche d’une nouvelle turbine. « Nous n’avions pas forcément le réseau pour trouver les pièces. C’est pourquoi nous avons fait appel à l’entreprise ATCIE ». Ainsi, grâce au réseau de Vincent Prudhomme, Président de l’entreprise, une turbine identique (qui équipait une centrale nucléaire en cas d’ultime secours) a pu être récupérée auprès d’EDF. Parfaitement entretenue, elle a permis de conserver la puissance délivrée de 4 kW/h, le remplacement par deux groupes électrogènes thermiques (3 kW/h) étant insuffisant.
Un maillage efficace
Point d’entrée du réseau électrique, les sept PHT répartis dans les arrondissements parisiens distribuent l’énergie vers pas moins de 300 postes de redressement (PR) qui alimentent les rames de métro, tramway et RER. En cas de panne (fait rarissime), le maillage en toile d’araignée des installations permet de réattribuer l’énergie électrique en fonction des besoins. « Que ce soit les PHT ou les PR, tout est surdimensionné pour qu’en cas de panne l’exploitation ne soit pas interrompue », indique Alexandre Faugas.
Point d’entrée du réseau électrique, les sept PHT répartis dans les arrondissements parisiens distribuent l’énergie vers pas moins de 300 postes de redressement (PR) qui alimentent les rames de métro, tramway et RER. En cas de panne (fait rarissime), le maillage en toile d’araignée des installations permet de réattribuer l’énergie électrique en fonction des besoins. « Que ce soit les PHT ou les PR, tout est surdimensionné pour qu’en cas de panne l’exploitation ne soit pas interrompue », indique Alexandre Faugas.
Une opération de recyclage
Choisir de remplacer « à l’identique » fait suite au renouvellement du contrôle-commande en 2019 et s’inscrit pleinement dans la logique d’économie circulaire de RATP Infrastructures. Toutefois, cet équipement n’a pas été installé en lieu et place de l’ancienne turbine (ce qui aurait été trop long et onéreux), mais utilisé pour récupérer les pièces nécessaires afin de réparer le cœur de la machine, à savoir : les blocs haute et basse pression ainsi que la chambre de combustion. Les pièces inutilisées pouvant être employées ultérieurement. Si la nouvelle turbine est arrivée « prête à l’emploi », il a fallu un mois aux équipes d’ATCIE pour déposer les éléments, trier les différents métaux et matériaux isolants (laine de roche), récupérer les fluides (huile, gasoil…) afin de les envoyer en centres de retraitement dédiés.
L’ancien bloc « haute et basse pression / chambre de combustion » est en attente de dépose.
Une coactivité sans faille
Pour mener à bien cette opération unique en son genre, une préparation sans faille a été nécessaire, d’autant que le planning, bien qu’il tienne compte d’éventuels aléas, a été des plus serrés. « Cette opération a été tellement spécifique que nous avons tout réfléchi dans les moindres détails. Le choix des entreprises, le recyclage. Nous n’avions pas le droit à l’erreur ». Ainsi, pour déterminer les éventuelles problématiques et les éviter le jour J, dès le mois de septembre 2024, un pré-chantier virtuel a été élaboré, à commencer par l’acheminement depuis le site d’EDF, qui s’est effectué en convoi exceptionnel en raison du poids de l’ensemble (20 t). L’installation du nouveau bloc est du même ordre. Elle a nécessité un dispositif spécifique (système de roule, portique mobile…) et l’aide d’une entreprise de manutention spécialisée. Une opération réussie grâce aux actions menées de concert entre les différents corps de métier. Enfin, si le remplacement du bloc central de cette turbine s’est étalé sur quelques jours, il faudra compter plusieurs mois pour que cette nouvelle turbine soit totalement opérationnelle.
Imposant, le poste sous enveloppe métallique permet de prévenir les risques liés aux arc électrique.
Texte et photo : Frédéric Burguière