Pour la fédération Infranum, l’équation est simple : il faut agir d’urgence et sans mégoter pour aider une filière qui représente 52 Md€, 13 000 entreprises (dont une large part de TPE et PME) et 280 000 salariés.
Mais avant d’aider la filière, encore faut-il savoir quels sont les problèmes auxquels elle fait face.
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Il y a 4 points essentiels sur lesquels on attend la filière.
Le 1er est de garantir l’accès à des infrastructures numériques optimales à l’échelle nationale. Selon veut dire achever la couverture THD de 100 % du territoire, remplir les objectif du plan THD 2022 (l’aide des techno alternatives à la fibre sera la bienvenue pour rattraper le retard lié à la Covid-19), entamer le déploiement des infrastructures 5G sur le territoire français, améliorer la résilience des réseaux et, enfin, poursuivre l’effort d’extinction du cuivre dans le calendrier prévu.
Le 2e point est l’accompagnement de la croissance verte et de la compétitivité numérique de la France. Car c’est bien beau de poser des réseaux, mais si le tissu économique du pays ne se les approprie pas, ça n’avance pas à grand-chose. Cela passe par le développement et la promotion des usages numériques des entreprises et des services publics, mais aussi par le développement des services durables visant à réduire les émissions et les déplacements (télétravail, télémédecine, télé-éducation, etc.) et à assurer une gestion optimisée des territoires
De l’emploi et de la croissance
Le 3e point concerne l’emploi et l’insertion. Pour tenir le rythme du déploiement, la filière a besoin de toujours plus de main d’œuvre. Pour être attractive, elle sait qu’elle va devoir revaloriser ses métiers et développer les besoins et les compétences liés aux métiers de demain.
Enfin, le 4e point sur lequel la filière est attendue, c’est l’ « après pose ». Il faudra trouver de nouveaux relais de croissance notamment au travers d’’une filière d’exportation performante et ambitieuse mais aussi au travers de la mise en place d’objectifs de déploiement des infrastructures et services « smart » durables et interopérables au service des territoires.
Un plan de relance en 5 volets
Pour se relancer, la filière des télécoms ne veut pas faire les choses à moitié. Au contraire, elle mise sur l’ambition ! Et pour relancer la machine à sa vitesse de croisière, elle propose un plan en 5 volets. Un plan qui devra s’appuyer sur un budget de 11,2Md€, dont 7 Md€ à la charge des pouvoirs publics (État, collectivités, Europe).
Le premier volet concerne le plan France THD 2022. Le déploiement comme il a été prévu initialement ne se fera pas dans les temps et laisserait 3 millions de foyers et d’entreprises sur le carreau du FTTH. De plus, 88 % des Français estiment que la lutte contre les zones blanches doit être une priorité.
Alors, comment réussir ce pari ? Pour la fédération Infranum, cela passe par la prolongation du guichet THD radio de l’Arcep jusqu’à fin 2021 avec des durée d’exploitation jusqu’à 2030, par la suvnetion des réseaux réadio par les FSN, pour des suventions supplémentaires de l’Etat pour financer les 3 millions de prises actuellement hors plan ou encore par la révision des règles de financement pour les zones rurales. Tout est très détaillé dans le dossier remis au ministre.
Miser sur les smart territoires
La France n’est pas encore au point sur cet aspect de la numérisation de l’activité. Les smart territoires sont d’ampleur limités et hétérogènes. Un très mauvais point pour l’industrialisation des process. Et pourtant, pour l’éclairage intelligent, la mobilité électrique ou encore les smartgrids tombe sous le sens pour la pérennité de l’économie.
Là encore, Infranum regorge d’idées comme la mise en place, d’ici la fin 2021 d’un plan de développement « smart territoires » durable à l’échelle nationale. La fédération souligne également l’intérêt de prendre très au sérieux les partenariats entre les acteurs de la filière des infrastructures numériques et ceux des services urbains. Et surtout, réduire les barrières qui se dressent devant les projets « smart », qu’il s’agisse de législation ou de technique.
L’emploi en ligne de mire
Depuis le lancement du plan et la montée en régime de la filière, le plus gros point noir est le recrutement. Le déploiement des infrastructures numériques dans le cadre du plan France THD crée un pic en matière d’emploi à un peu plus de 30 000 ETP en 2022 (soit > 2 fois plus qu’en 2018, près de + 7 000 par rapport à fin 2019). Bref, il va falloir arriver à recruter mais également assurer les reconversions une fois le pays fibré.
La fédération propose de mettre en place un plan EDEC post-EDEC fibre pour les nouveaux métiers dans la filière, mais aussi de prévoir au niveau de chaque région un centre de formation aux nouveaux métiers du numérique incluant des plateaux techniques sur les volets 5G, smart territoires. Enfin, Infranum rappelle que le recours à une main d’œuvre local est évidemment préférable et qu’il faut donner de la visibilité aux sous-traitants sur des volumes pluriannuels.
Une fois posés, il va falloir utiliser les réseaux !
La France est leader dans le déploiement de la fibre… mais les entreprises françaises occupent la 14e place au sein de l’UE au niveau de l’utilisation du numérique : 17e sur l’utilisation du cloud, 17e sur la vente en ligne, 21e sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas glorieux… d’autant que le dispositif national FRANCE NUM considère qu’une entreprise sur cinq est appelée à disparaître si elle n’enclenche pas sa transformation numérique dans les 3 ans ! Pour ne pas en arriver là, Infranum propose de poursuivre la mesure proposée au titre de la reprise pour accompagner la transformation numérique des TPE/PME et des administrations, de mettre en place dès 2020 un cadre réglementaire permettant à un accès équitable à la fibre pour toutes les entreprises et les administrations et enfin d’accélérer la digitalisation de l’activité des TPE/PME et des services publics via un mécanisme de « subvention aux usages numériques »
L’export, le second souffle
Pour maintenir le rythme de croissance extrêmement soutenu des entreprises de la filière, il va falloir miser sur l’export. Et pour cela, les entreprises françaises disposent d’un savoir-faire et de compétences désormais reconnus à travers le monde. Malheureusement, hors Europe, il semble que les règles du jeu -notamment l’usage d’une liste fermée de fournisseurs- biaise la concurrence. Il faut donc créer les conditions de l’élaboration d’une offre à l’export (une marque ombrelle, un soutien événementiel, des formations, etc.), mais aussi devenir les acteurs de référence des plans Fibre des partenaires européens. Sur ce dernier point, il va falloir activer la diplomatie économique e européenne tout en érigeant « une Europe qui protège en augmentant la taxation aux frontières de l’Europe des équipements des réseaux et notamment les câbles optiques ». Il faudra également favoriser l’export hors Europe (Afrique et francophonie) avec, par exemple, une offre globale « ville durable connectée à la française ».
La France est en pointe sur ce domaine, il faut en être fier, aider la filière pour ne surtout pas se laisser rattraper !