Autopsie d’une industrie à sauver
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Il convient de noter que, la séniorisation des profils expérimentés et leur non-remplacement équivalent (système de mentorat, passation des savoirs…) représente une problématique de taille, en particulier les PME. 20 % des entreprises interrogées font état d’une main-d’œuvre vieillissante et ne disposent pas d’une relève à l’heure actuelle. Souvent, les entreprises ne s’en rendent compte qu’une fois le collaborateur parti à la retraite. C’est déjà trop tard.
Enfin, dans de nombreux pays, certains professionnels (5 % des constructeurs de logements) estiment que les politiques migratoires restrictives restreignent l’accès à l’emploi de certains profils et talents qualifiés. Dans les secteurs où les sous-traitants internationaux sont courants, ces politiques limitent la flexibilité à un moment où chaque travailleur disponible compte.
Les explications diffèrent selon les pays, les marchés, les cultures. Concernant la France, ils sont près de 60 % à expliquer la pénurie de talents par le manque d’apprentis et de jeunes collaborateurs de même qu’environ 25% l’imputent à la séniorisation.
Devant ces constats, il n’y a pas de solution unique pour résoudre le problème. Le secteur doit travailler sur plusieurs fronts : renforcer son attrait pour les nouvelles générations, retenir plus longtemps les travailleurs expérimentés et faciliter l’intégration des talents internationaux. Car si rien ne change, la pénurie ne fera que s’aggraver.
Actions immédiates et stratégies à long terme
Quand on sait que 75 % des entreprises de construction indiquent que la pénurie de main-d’œuvre a un impact négatif sur leurs délais, on saisit l’ampleur du problème. En France, ce chiffre atteint 87 %. Avec une demande croissante et des délais de plus en plus serrés, le défi n’est plus seulement de faire plus, mais aussi de faire plus avec moins de personnel.
La première solution est à moyen/long-terme. Elle consiste en une profonde refonte de l’attractivité des métiers de la construction, également créer de nouvelles filières de formation. Il s’agit d’attirer les jeunes talents, de donner envie, de montrer les belles réalisations et carrières de ces professions. Cela va prendre du temps, mais ce correctif est plus que nécessaire pour la survie de la filière. Au lieu d’attendre, il faut agir pour compenser le manque de main d’œuvre.
La digitalisation ne se contente pas de répondre à la pénurie de main-d’œuvre à court terme, elle redéfinit le mode de fonctionnement du secteur de la construction. Instaurant un socle solide pour se développer et intégrer les jeunes talents, coutumiers de l’usage de ces technologies. Les plateformes de gestion de projet rationalisent la communication et réduisent le temps perdu en coordination. L’efficacité devient le moteur qui fait avancer les choses.
Il ne s’agit pas de travailler plus dur, mais de travailler plus efficacement. Lorsque les équipes sont coordonnées, que l’information circule et que le reporting n’est plus une perte de temps, les entreprises peuvent prendre en charge davantage de projets et s’adapter durablement. Même les petits gains d’efficacité au quotidien s’accumulent rapidement dans un environnement où chaque heure et chaque décision comptent.
Et peut-être plus important encore, les méthodes de travail numériques rapprochent la construction des attentes de la prochaine génération de professionnels. Si la filière veut attirer de nouveaux talents, il faut proposer des outils modernes, des processus plus clairs et des rôles qui consistent moins à rechercher des mises à jour qu’à résoudre des problèmes.
Les pénuries de main-d’œuvre ne sont pas près de disparaître. Mais si l’on adopte la bonne approche, l’industrie n’est pas obligée de rester immobile. En améliorant notre façon de travailler aujourd’hui, la résilience pour demain est renforcée et la capacité à croître libérée, même dans un marché en tension.