Nous vous le disions, fin avril, en Europe de l’Ouest, le secteur de la construction devrait se contracter de 5,1 % en 2020 à cause des mesures de confinement prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus. Selon Moustafa Ali, économiste chez GlobalData, les gouvernements d’Europe occidentale « ont réagi à l’épidémie de virus en imposant des mesures de verrouillage strictes, y compris la fermeture de chantiers de construction dans des secteurs « non essentiels ». Les mesures imposées ont entraîné de graves perturbations sur des marchés clés. Au Royaume-Uni, on estime qu’un chantier de construction sur cinq a été fermé depuis la mi-mars. En France, bien que le secteur de la construction soit exempté du verrouillage national qui est en place depuis la mi-mars, les projets semblent avoir été aussi gravement perturbés. ».
PUBLICITÉ
Amérique du Nord
En raison d’une diminution rapide de la demande pour de nouveaux projets et des mesures de sécurité imposées pour limiter la propagation du virus, en Amérique du Nord, l’activité du secteur de la construction pourrait s’effondrer de 6,6 % en 2020. Cela représente une perte de 122,4 milliards de dollars.
« Selon nos prévisions, le Canada connaîtra le déclin le plus significatif avec un volume d’activité en baisse de 7 %, notamment dû l’écroulement des prix du pétrole, tandis qu’aux Etats-Unis, l’activité s’affaissera de 6,5 % », précise Dariana Tani, économiste chez GlobalData.
Elle précise aussi qu’en Amérique du Nord, si tous les chantiers sont autorisés à poursuivre leurs opérations, de plus en plus de projets, en phase d’attribution ou encore au stade d’appel d’offres, sont soit reportés soit annulés.
Amérique latine
En raison de la pandémie de Covid-19, GlobalData prévoit que les volumes d’activité dans le secteur de la construction, en Amérique latine, diminuent de 5,5 % cette année, une prévision encore plus négative que le recul de 4,1 % annoncé en avril dernier.
« L’Argentine est le pays qui devrait connaître le plus grand repli d’activité en 2020, avec une baisse de 10 % en valeur réelle, tandis qu’au Mexique et au Brésil, des baisses de 8 % et 6% sont attendues respectivement », explique Dariana Tani, économiste chez GlobalData.
Afrique du Nord et Moyen-Orient
Comme certains pays, la Zone ANMO (Afrique du Nord et Moyen-Orient) doit faire face à un double coup dur : le Covid-19 et l’effondrement des prix du pétrole. L’activité du secteur de la construction, dans cette région du monde, pourrait ainsi diminué de 1,1 % en 2020.
« La chute des prix du pétrole vont affecter la croissance dans le secteur », confirme Yasmine Ghozzi, économiste. « GlobalData s’attend à des compressions budgétaires et, plus particulièrement, des coupes dans les dépenses en capital dans le domaine des infrastructures, surtout pour les pays dépendants du gaz et du pétrole. Le Fonds monétaire international actuellement prédit même un recul du PIB dans la région de 3,3 % en 2020, du fait des prix du pétrole plus bas et de l’impact de la crise sanitaire sur le tourisme ».
A noter quand même que certains gouvernements, comme celui de l’Egypte ont apporté leur soutien pour booster l’activité dans la construction et les infrastructures.
Asie
Au Sud-Est de la Chine, le territoire indépendant Hong Kong devrait subir une contraction de 9,2 % dans le secteur de la construction, cette année. Pour Dhananjay Sharma, analyste spécialisé dans la construction : « Si les travaux de construction vont progressivement reprendre grâce à un assouplissement des mesures de distanciation sociale de la part du gouvernement, les investissements dans des projets majeurs d’infrastructure pourraient être impactés pour des questions de financement et par peur d’une deuxième vague de pandémie ou d’une reprise des mouvements sociaux sur le territoire. ».
A Singapour, selon GlobalData, la crise sanitaire engendrera sûrement une chute d’activité de 14,1 % dans le secteur en 2020 compte-tenu du fait que les contrats de construction ont chuté de 42,1 % en mars et 30,9 % au 1er trimestre, par rapport aux mêmes périodes en 2019.
En Inde, l’industrie de la construction devrait voir son activité se contracter de 1,7 % en 2020. Accusant déjà un recul en 2019 dû notamment à une crise de liquidité et une demande locale en baisse dans le résidentiel, elle a, de nouveau, été fragilisée après le confinement de deux mois visant à stopper la propagation du virus. « Le secteur résidentiel qui, s’était déjà affaibli en raison de la crise de liquidité et d’un affaissement des nouveaux projets résidentiels dans les villes principales, va rencontrer des difficultés à remonter avec les conséquences du confinement. Les projets de construction dans le résidentiel vont être reportés, sans compter que le taux de chômage temporaire va lui aussi impacter la demande pour des bâtiments résidentiels à court terme », explique Dhananjay Sharma. Cependant, d’après lui, dans la deuxième moitié de l’année, le secteur de la construction pourrait bénéficier de l’effondrement des prix du pétrole qui pourrait permettre une réduction importante des factures d’importation et ainsi inciter le gouvernement à investir davantage dans son programme « National Infrastructure Pipeline ».