Patrick Bernasconi, président de la FNTP – Fédération nationale des travaux publics – anticipe un recul du chiffre d’affaires des entreprises de TP de 3 % en 2010. Depuis 2008, la baisse de l’activité serait donc de 15 %. Cette nouvelle estimation est le résultat d’une accumulation de mauvais indicateurs depuis le début de l’année : record d’heures chômées dues aux intempéries, retards dans le vote des budgets des collectivités locales, baisse de 5 % du chiffre d’affaires et recul des marchés conclus de 3 % sur les 4 premiers mois de l’année (ce qui est révélateur de la casse des prix actuellement pratiquée), etc. Sans pouvoir s’appuyer sur le faible redémarrage de la croissance française (+ 1,4 % selon le gouvernement), les travaux publics souffriront aussi de la baisse probable des dépenses d’investissement de la part des collectivités locales (- 12 % selon le dépouillement réalisé sur le budget de 79 départements). Rappelons que les investissements des collectivités locales représentent près de 50 % du chiffre d’affaires annuel des entreprises de TP.
Hausse des défaillances d’entreprises
Malgré quelques annonces porteuses d’espoir (stades de football pour l’Euro 2016, Grand Paris, Grenelle 2, LGV Sud Europe Atlantique, Plan Internet très haut débit), Patrick Bernasconi dénonce le manque de visibilité sur des projets sans calendrier précis ni financement clairement dédié. « Je suis surtout inquiet pour le devenir du secteur devant les décisions d’économies budgétaires de 45 M€ décidées par l’Etat. » Le gel des dotations aux collectivités locales, la réduction de 10 % des dépenses d’intervention aux grands opérateurs (RFF, EDF, transports en commun) et l’abandon du tram-train de La Réunion en sont les premiers symptômes. « L’Etat n’a toujours pas sorti le Schéma national des infrastructures de transport prévu par le Grenelle 1 et attendu depuis 1 an. Il n’a pas non plus annoncé comment il bouclerait le budget de l’AFITF pour 2011 – 2,6 M€ de dépenses prévisionnelles contre 1,15 M€ de ressources affectées », s’insurge le président de la FNTP. Devant ces incertitudes, Patrick Bernasconi demande un discours de transparence et de vérité de la part de l’Etat et des collectivités locales afin que les entreprises puissent s’adapter à l’évolution des marchés. Une absence de visibilité constante depuis 18 mois dont l’augmentation du nombre de défaillances d’entreprises est une conséquence : +125 % entre 2007 et 2009 (360 entreprises – 3 316 salariés) et +15 % sur le 1er semestre 2010 par rapport au 1er semestre 2009. « Cette mauvaise tendance risque de s’accentuer, 45 000 emplois sont en jeu », martèle Patrick Bernasconi.
Réduction d’activité
La FNTP demande la fin des prix cassés et le retour au respect de la confidentialité des offres. Elle plaide aussi pour le consentement d’une avance de 20 % du montant des projets au démarrage des travaux, ce qui pourrait résorber les difficultés de trésorerie des entreprises. Enfin, à compter du 28 juin, elle mettra en place un numéro vert et diffusera des fiches pratiques pour accompagner les entreprises dans leur recherche d’aides et de conseils, afin d’éviter des procédures collectives. « Si dans les 18 mois à venir cette absence totale de visibilité persiste, j’engagerai les entreprises à anticiper une réduction de leur activité », prévient Patrick Bernasconi qui envisage aussi de réduire l’activité des écoles formant aux métiers des TP.
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