Ce jeudi 16 juillet, Nicolas Sarkozy a réitéré l’ambition de faire du Havre le principal port de Paris, alors qu’Anvers joue aujourd’hui ce rôle. La ville espère profiter dans la décennie qui vient d’un nouvel élan. Cet objectif passe aussi, selon le président, par la réalisation d’une LGV qui mettrait Le Havre à 1h15 de Paris, contre un peu plus de 2h00 aujourd’hui. Cette perspective encore floue dans son contenu, son financement et son calendrier, est saluée par les acteurs locaux. Ils estiment qu’ainsi les atouts maritimes du Havre, déjà valorisés par la construction d’un nouveau port à conteneurs ouvert en 2006, sont aujourd’hui bien pris en compte au plus haut sommet de l’État. Le but de la LGV est autant de rapprocher Le Havre et Rouen des grandes agglomérations de cette partie de l’Europe, que de dégager de la place sur les lignes existantes pour le trafic ferroviaires des conteneurs.
Le maire UMP du Havre, Antoine Rufenacht, assure ainsi que le choix stratégique du président, « dicté par la géographie », permettra d’attirer dans sa ville « des centres de décision administratifs et privés liés à la vie maritime et portuaire ». Sur le plan purement portuaire, l’objectif serait de permettre au Havre de rivaliser avec ces géants que sont Anvers, Hambourg et Rotterdam. Numéro deux en France pour le trafic global et numéro un pour les conteneurs avec 63 % de part de marché, Le Havre traite moins de 3 millions de “ boîtes ” par an, alors que le trafic des ports hanséatiques avoisine les 10 millions chacun.
Le double du trafic d’ici à 2020
« Les volumes sont encore trop faibles ici pour avoir un effet d’entraînement massif », disent les opérateurs. Dans le plan stratégique adopté en début d’année, les dirigeants du port escomptent un doublement d’ici à 2020 de ce trafic. Ils n’oublient toutefois pas les autres composantes comme les trafics énergétiques (pétrole, gaz, charbon, produits raffinés) et le trafic roulier, notamment avec la Grande-Bretagne, qui font du Havre un port “ généraliste ”.
Au total, 700 M€ d’argent public doivent être investis sur le port d’ici à 2013 pour atteindre ces objectifs. L’effort portera sur l’augmentation et sur la modernisation de la capacité des installations, mais aussi sur la desserte massifiée du port, par le fer et le fleuve, son talon d’Achille aujourd’hui. Un chantier multimodal devrait ainsi voir le jour d’ici à 2012, tandis qu’un nouveau canal de liaison avec la Seine fera l’objet d’un débat public à partir de l’automne. L’objectif est de réduire de 84 % aujourd’hui à 75 % en 2020 la part des conteneurs transportés par la route.
Le port poursuit parallèlement la mise en œuvre de la réforme portuaire prévoyant principalement le transfert au privé des terminaux et des personnels encore sous statut public. Quelque 330 agents sur 1 500 devraient ainsi être détachés au 1er janvier 2010 dans les entreprises de manutention privées, tandis qu’une filiale de maintenance des installations avec une vingtaine de salariés sera créée.
(Source les Échos)