Tous les travaux souterrains ne peuvent se réaliser au tunnelier. Certains chantiers particuliers et ouvrages singuliers nécessitent encore l’emploi des techniques conventionnelles de creusement. Le projet NewTun, coordonné par Soletanche Bachy, vise à rendre ces techniques plus efficaces, plus sûres et moins coûteuses. Un projet qui peut se révéler pertinent dans le contexte actuel d’urbanisation galopante.
"Nous avons toutes les solutions pour apporter une alternative concrète et prometteuse au tunnelier." C’est par ces mots que Didier Verrouil, vice-président de Soletanche Bachy et directeur du pôle Eurofrance et de la zone Amérique du Nord a ouvert la séance de présentation du projet NewTun (5,7 millions d’euros budgétisés sur 48 mois). Labellisé par le pôle de compétitivité Advancity et soutenu par l’Etat dans le cadre du Fonds Unique Interministériel (FUI), ce projet a pour ambition d’améliorer les techniques de creusement traditionnelles et de leur faire approcher le niveau de sécurité et de qualité de la méthode au tunnelier, cette dernière se révélant inadaptée dans certains cas (tunnel court, grande section, conditions géologiques complexes, etc.). La solution pour Soletanche Bachy et ses partenaires tient en deux mots : pré-soutènement actif.
"Le pré-soutènement actif est du soutènement à très haute valeur ajoutée", résume Didier Verrouil, qui explique : "Le projet NewTun s’articule autour de trois aspects intimement liés : le développement de logiciels plus interactifs, la conception de nouvelles machines de pré-soutènement et la mise au point de nouvelles méthodes d’instrumentation permettant le suivi au plus près possible du creusement." L’objectif principal ? Lutter contre les phénomènes de convergence, de pré-convergence et de subsidence dans les tunnels.
Pré-soutènement actif et interactif
Pour ce faire, les acteurs du projet NewTun (25 personnes provenant des milieux industriel et académique) suggèrent, lors de l’excavation, la réalisation de voûtes parapluies actives – et c’est là que réside l’innovation – couplé à une méthode observationnelle en temps réel. "Pour améliorer les opérations de pré-soutènement, il faut désormais des "yeux" reliés à un outil de calcul puissant, de sorte que l’on puisse moduler nos interventions en fonction des conditions réelles rencontrées", indique Didier Verrouil.
Le chantier de percement du second tube du tunnel de Toulon (Var) a servi de "laboratoire grandeur réelle" pour Soletanche Bachy. Le spécialiste des sols y a effectué des injections de compensation, via la technique de forage "furtive" HighDrill, afin de créer un "vérin plat" entre l’ouvrage et les habitations sus-jacentes. "L’idée est désormais de réaliser ces injections directement depuis le tunnel à l’aide d’un monitoring performant", fait savoir Didier Verrouil. Et le responsable d’ajouter : "Nous sommes déjà arrivés à des résultats spectaculaires. Nous attendons maintenant les chantiers…" Le Grand Paris, avec sa centaine de kilomètres de tunnels et ses dizaines de stations souterraines, pourrait bien être de ceux-là.