Même si le fabricant de nacelles élévatrices Klubb proposait déjà une gamme qui embarquait des paniers isolés HT (normes BT200), le français espère bien capitaliser sur les savoir-faire mis en commun pour proposer de nouveaux produits sur le marché français et se diversifier un peu plus dans les travaux sous-tension. Spécialisé dans les grandes hauteurs, EGI affine aujourd’hui avec Klubb, une nouvelle gamme de 8 à 18 m, développée pour mieux répondre aux problématiques liées aux lignes de distribution, et revenir sur le plus gros du marché qu’il avait lâché au début des années 2000.
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EGI propose deux grandes familles de matériels pour travailler sous tension. Pour faire de la maintenance, grâce à une plateforme qui va permettre à l’opérateur d’aller travailler au potentiel (au contact à mains nues), mais également des laveurs d’isolateurs, un canon laveur qui va venir laver les isolateurs sur les lignes haute tension, lorsque les lignes sont en service. « Les nacelles isolantes font partie d’un domaine extrêmement technique où nous sommes obligés de faire référence à des normes. Nous fabriquons des nacelles sous la norme internationale IEC 1057 qui a son équivalent européen, la NF EN 61 057. Cette norme définit les essais qualificatifs, les essais de type, les méthodes de travail et les conditions de sécurité nécessaires pour permettre aux opérateurs de travailler sur ces lignes à très haute tension, explique Xavier Moreau, directeur commercial d’EGI Klubb Group. Nous sommes capables de fournir une nacelle pour travailler jusqu’à 750 000 V et qui peut monter jusqu’à 65 m de hauteur pour effectuer les opérations de maintenance à mains nues sur des lignes où passent 750 kV. Rte a été notre plus gros client jusqu’en 2005, à raison de plusieurs centaines de machines par an. Mais il se trouve que les méthodes de travail ont évolué chez Rte, notamment sur les lignes de transport, et qu’aujourd’hui, ils privilégient des technologies comme l’héliporté. Nos chemins se sont un peu éloignés. Mais sur la partie distribution, les lignes jusqu’à 46 000 V, nos machines sont encore en service et correspondent au standard imposé à Rte et qui définit un certain nombre de modes opératoires : une hauteur, entre 12 et 18 m, et un voltage, 46 000 kV. »
La technologie EGI
Développé il y a une vingtaine d’années dans son usine de Charleville-Mézières (08), le bras isolant plein est une technologie largement maîtrisée et exportée à l’international par EGI. Le constructeur bénéficie d’ailleurs de l’ensemble des certifications répondant à la norme internationale en vigueur. « Nous sommes par ailleurs l’une des rares sociétés en Europe a être équipée d’un laboratoire interne pour faire passer des tests à nos machines, et ce depuis 1980. C’est quelque chose d’assez unique, souligne Xavier Moreau. En 1999, nous avions fourni un 35 m à Rte, le T35I, un modèle très abouti technologiquement ». Composés de fibre et rempli de mousse hydrophobique, les bras isolants EGI sont équipés avec des commandes reliées par fibre optique et un système d’huile isolante. « Pour la distribution, et le travail à distance, on pourrait se contenter de bras dits creux et fermés ; et dans ce cas se conformer à la norme standard internationale Ansi A92.2 Catégorie C, mais nous avons été plus loin », insiste le directeur commercial. Le pupitre de commandes est électronique, et a la particularité d’être blindé pour ne pas subir les contraintes liées au champ électromagnétique (en plus de la fibre optique). L’énergie provient d’un système sur batterie, placé sur la nacelle, une pour le fonctionnement, et une autre est prête à prendre le relais en cas de besoin, ainsi qu’une troisième, sur le poste tourelle, pour ainsi pouvoir toujours compter sur 2 batteries au minimum.
Briser l’omerta américaine
« In God we trust », ironise Xavier Moreau en parlant des travaux sous tension aux États-Unis. « Les standards américains ont réussi à inonder le marché mondial, rappelle-t-il. Champions des nacelles isolantes, mais aussi, champions des accidents, car leur standard ne protège pas assez les opérateurs, les restreignant dans des méthodes de travail. »
Beaucoup de pays n’appliquent pas la norme internationale, pourtant celle-ci a été signée et acceptée par de nombreux pays. « On ne devrait même pas avoir à convaincre les clients, car il n’y a pas lieu d’appliquer la norme américaine. Mais malgré tout, cela ne se passe pas comme ça. Une sorte d’omerta règne sur le marché mondial » souligne-t-il. La sécurité n’est visiblement pas une priorité pour tous.
ENCADRÉ/ Le bras le plus long
EGI détient le record du monde du bras le plus haut avec 65 m de hauteur à la Norme IEC 1057. C’est en Arabie Saoudite, pays en plein développement énergétique, traversé par une zone désertique immense, que les 5 premières machines développées par le français, spécialisé dans ce type de demandes, très techniques, ont été livrées. « Le challenge était double, explique Xavier Moreau, EGI. Trouver un porteur qui puisse supporter une structure de 50 t (un Kenworth), posé sur des roues simples pour tenir dans le sable. »