Ville pionnière dans l’utilisation des techniques alternatives pour la pose et la réhabilitation de canalisations d’assainissement et d’eau potable, Strasbourg a lancé ses premiers chantiers de réhabilitation sans tranchée à partir de 1994. Regard d’un technicien conquis par ces techniques douces et citoyennes, Marc Hunsinger, chef de département Réseaux Eau et Assainissement au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg.

Réseaux Vrd : De quelle manière sont nés les travaux sans tranchée sur la ville de Strasbourg ?
Marc Hunsinger : La sensibilité d’un de nos responsables de travaux, Francis Huss, pour ces techniques innovantes, l’a amené à participer à plusieurs commissions techniques spécialisées sur le plan national. Son implication l’a conduit à lancer sur la communauté strasbourgeoise plusieurs chantiers tests, dont plusieurs réalisés dans le cadre du projet national Rerau (Réhabilitation des réseaux d’assainissement urbains), le programme de recherche du Ministère de l’Equipement de l’époque sur l’amélioration de la qualité des diagnostics d’état des ouvrages, sur l’application de champs d’utilisation et les conditions de mise en œuvre des procédés aujourd’hui disponibles et aider à la promotion de procédés nouveaux.

Réseaux VRD : La généralisation de ces techniques alternatives est-elle concluante ?
M. H. : Dans la majorité des cas oui, mais le fait d’en avoir testé plusieurs types dans des contextes d’application différents, nous a permis d’en connaître leurs limites. Notamment dans les techniques de chemisage en continu, on sait aujourd’hui, pour avoir essuyé les plâtres, qu’il existe des tailles et des formes de collecteurs non adaptées à ce type de réhabilitation. On préférera dans ces cas précis préconiser une technique par tubage avec des éléments courts. Cette technique offre plusieurs avantages incontestables, comme le maintien en place du profil existant, la non-neutralisation des effluents, la préservation des avantages de la forme de l’ovoïde, la réduction des nuisances pour les usagers de la voirie.

RVRD : Que représentent les travaux sans tranchée dans le volume des chantiers que vous traitez chaque année ?
M.H. : C’est difficile à dire. La CUS consacre ces dernières années un budget annuel de 8 M€ aux travaux liés à l’assainissement et 9 M€ pour l’eau potable. Des montants variables en fonction des projets d’infrastructures en cours sur Strasbourg comme le tramway qui surévalue son budget de 2 millions d’euros en moyenne. Strasbourg investit pour le maintien en état et le renouvellement de son patrimoine de ses réseaux enterrés. La ville et sa périphérie compte 1 400 km de collecteurs d’eaux usées à 95 % unitaires.
Nous réalisons en moyenne un ou deux chantiers par an de pose de collecteur au micro tunnelier. Cette technique sera par exemple utilisée pour franchir en souterrain sur 500ml, les voies de la gare de triage de Strasbourg, ceci dans le cadre du programme de renforcement et de sécurisation de l’alimentation en eau potable de la communauté urbaine. Cette opération intègre le Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable de la CUS, projet phare de la CUS pour ces prochaines années, puisqu’elle engage un investissement public de plus de 86 millions d’euros. Concernant les marchés en bon de commandes, il concerne un linéaire de collecteurs à réhabiliter compris entre 5 et 6 kilomètres tous les ans, et ceci depuis près de 20 ans !