« Le modèle de délégation de service public à des entreprises privées a
apporté la preuve de son efficacité mais la condition, c’est que la régulation soit améliorée », a déclaré, aujourd’hui, le ministre devant la commission d’enquête du Sénat sur les concessions autoroutières.
PUBLICITÉ
Pour rappel, Bruno Le Maire a été de 2006 à 2007 directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin au moment de la privatisation des sociétés d’autoroutes. Il a donc jugé, quatorze ans plus tard, que cette opération avait été "réussie". « L’Etat n’a pas vocation à gérer des autoroutes », a-t-il affirmé, estimant que les gestionnaires privés étaient "mieux à même, mieux équipés" pour cela. Mais il a souligné que l’Etat restait propriétaire des infrastructures, n’ayant fait que céder ses parts dans les sociétés gestionnaires. Il a estimé que l’Etat en avait tiré "le meilleur prix", avec 14,8 milliards d’euros de recettes.
Un des meilleurs réseaux du monde ?
Selon le ministre, la qualité de service a été au rendez-vous, grâce
notamment à 22 milliards d’euros d’investissements réalisés par les sociétés concessionnaires. « Nous avons un des meilleurs réseaux autoroutiers au monde », a-t-il déclaré.
Reconnaissant que les tarifs étaient "chers" pour beaucoup d’usagers, il a assuré qu’ils ne s’étaient pas envolés et avaient « augmenté en suivant un rythme proche de celui de l’inflation et conforme aux règles prévues dans les contrats ». Mais il a quand même reconnu qu’il y avait "matière à amélioration" sur la régulation des concessions. « Les hypothèses sous-jacentes aux contrats ne prévoyaient pas la baisse très forte des taux d’intérêt qui a permis aux sociétés concessionnaires de réduire leurs frais financiers, en refinançant leurs dettes à des conditions plus favorables. C’est un point fondamental », a-t-il dit.
Un point tous les cinq ans
Bruno Le Maire a jugé "impératif pour les prochaines concessions de pouvoir réévaluer" ce coût de financement "pour que le concessionnaire ne bénéficie pas d’une sur-rentabilité". Il a notamment proposé de réduire la durée des contrats à 15 ans pour des infrastructures "qui ne nécessitent pas d’investissement massif dans les années à venir" et d’instaurer une "clause de rendez-vous tous les cinq ans qui permet de réévaluer les taux de retour sur investissements cibles".
« Je ne crois absolument pas à l’opportunité d’une renationalisation de ces autoroutes », a-t-il dit, estimant qu’elle aurait un coût "considérable pour les finances publics, compris entre 45 et 50 milliards d’euros" et "serait un très mauvais investissement".