En s’engageant sur un objectif de 50 % d’énergies renouvelables en 2020 et 100 % en 2030, le pays va devoir réorganiser sa production d’électricité en permettant le raccordement au réseau existant d’une variété d’installations hydrauliques, éoliennes, solaires ou autres... mises en place par des particuliers et des sociétés privées. Les comportements de consommation devront également changer.
Le ministre de l’Energie, James Salmon, a annoncé, jeudi à la commission des affaires économiques de l’Assemblée un objectif ambitieux visant à un pourcentage d’énergies renouvelables pour la production électrique à Tahiti de 50% en 2020 et de 100% en 2030. Un véritable challenge pour le gouvernement. A titre d’exemple, l’objectif européen d’énergies renouvelables est de 12% pour 2010 et a vocation à être remplacé par un objectif contraignant de 20% d’énergies renouvelables (EnR) d’ici 2020, selon la nouvelle directive sur les énergies renouvelables proposée le 23 janvier dernier.
La situation en Polynésie française est un peu particulière puisque la part d’ EnR est déjà de 26% en 2009, la quasi totalité étant assurée par l’hydraulique (barrages sur rivières, conduites forcées). La dépendance énergétique (89%) - et donc la fragilité du Pays - vis à vis de l’extérieur est cependant une donnée géo-économique qui ne peut être ignorée, notamment du fait de l’insularité de Tahiti et ses îles et de leur éloignement des sources d’approvisionnement. Par ailleurs, les 74% restants sont issus de sources d’énergie fossiles, essentiellement des hydrocarbures, et l’on connaît la problématique à la fois économique et écologique que pose ce type de production.
Les objectifs du gouvernement de développer l’indépendance énergétique du Pays et sa sécurité d’approvisionnement résultent donc d’une prise de conscience que "la question énergétique est un élément central de son développement économique". Elle est aussi un engagement à préserver l’environnement et à renforcer la lutte contre l’effet de serre.
Mais la réorganisation de la production électrique à partir d’une part grandissante d’énergies renouvelables implique de profondes modifications structurelles. Le Plan prévisionnel d’investissement (PPI) établi par le Service de l’énergie fait apparaître la nécessité de produire 300 à 300 Gwh en EnR en 2020 alors qu’elle est actuellement de 140 Gwh produits en hydraulique. Le PPI prévoit donc 160 à 233 Gigawatts/heure supplémentaires en énergies renouvelables, ce qui représentera un investissement de 44 milliards Fcfp dont une partie (40%) pourrait être assurée par le Pays (18 milliards) au titre de la défiscalisation locale.
L’application de ce PPI pour les investisseurs privés demande une fixation des coûts de référence de l’électricité et des durées de prix garantis. Le concessionnaire de la distribution électrique et par ailleurs producteur, EDT, étant désormais dans l’obligation de racheter cette électricité. Un prix de rachat au demeurant jugé insatisfaisant par de potentiels investisseurs réunis au sein du syndicat polynésien des énergies renouvelables (SPER).
Ce basculement progressif vers un "tout énergies renouvelables" va demander naturellement une dynamique de communication qui ne sera pas le moindre des challenges. Les particuliers, (fare ou immeubles) en installant des panneaux photovoltaïques sur leur toît, pourront ainsi revendre l’électricité en surplus de leur consommation. Mais le solaire n’est pas la seule alternative possible. De nombreuses techniques sont possibles : éolien, biomasse, houlomotrice, énergie thermique des mers, voire la géothermie pour laquelle une prospection est en cours. De nouvelles centrales hydroélectriques sont envisagée à Tahiti qui dispose d’un potentiel non encore totalement exploité.
Enfin, quelles que soient les potentialités offertes par l’ensemble des sources d’énergie réunies en un bouquet obligatoirement diversifié, aucune ne pouvant se présenter comme alternative unique, il va bien falloir mettre en place une réelle politique d’économies d’énergie. Ce qui implique de profondes modifications des mentalités et un engagement volontariste en direction d’un développement lui aussi réellement durable : industrie, construction, habitat...
A ce titre, les initiatives associatives de partage des connaissances et de débat autour des énergies renouvelables- comme les forums organisés par 2D Attitude
Si les objectifs de la PPI sont réellement atteints, les économies réalisées en 2020 seront les suivantes : 1,9 milliards Fcfp/an sur les factures d’électricité, 40 millions de litres de carburant et 130 000 tonnes de rejets de CO2/an en moins dans l’atmosphère.
(Source : Tahitipresse.pf, agence tahitienne de presse)