Prescription Béton : Comment avez-vous abouti à cette solution fortement décarbonée ?
Conor O’Riain : Forts de nos connaissances et d’une décennie d’innovations, notre équipe Innovation a travaillé en étroite collaboration avec un panel international de scientifiques, ainsi que l’ENS Paris Saclay et l’INSA Toulouse pour aboutir à une technologie qui permet de décarboner la production de ciment jusqu’à 70 %. Elle a fait l’objet d’une validation technique approfondie et a été testée avec succès au travers d’essais industriels et sur chantiers. Le marquage CE est prévu pour 2023 et les premières applications commerciales suivront, avec un lancement sur les marchés européens où Ecocem est présent (France, Royaume-Uni, Benelux, Irlande) à l’horizon 2025.
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Conor O’Riain : Moins de clinker, moins de laitier, 50% d’eau en moins que pour un béton traditionnel… et d’autres éléments sur lesquels nous ne souhaitons pas communiquer aujourd’hui. Néanmoins, c’est une combinaison et des proportions particulières, et l’activation chimique des adjuvants qui permet de massifier ce ciment. En outre, la présence du laitier permet d’améliorer la résistance et la durabilité du béton qu’elle permet de fabriquer. Avec cette formulation, nous visons principalement le marché de type CEM II, le plus majoritairement employé sur les chantiers.
Prescription Béton : De quelle manière allez-vous diffuser cette technologie sur le marché ?
Conor O’Riain : Dans un premier temps, nous améliorons nos infrastructures actuelles pour sa production. Ensuite, elle sera vendue sous licence aux cimentiers. Évolutive, la technologie Act est utilisable dans les cimenteries existantes sans investissements ou transformations majeurs et peut être déployée de manière rapide et économique. L’objectif est de trouver des solutions massifiables à l’échelle globale et il est évident que nous ne ferons rien seuls ! Nous devons travailler étroitement avec les cimentiers et les décideurs politiques pour soutenir le développement d’une nouvelle génération de ciments bas carbone. Pour qu’Act puisse vraiment se déployer, les décideurs politiques doivent soutenir activement cette technologie, bien au-delà de l’accent traditionnellement mis sur le CSCV (Captage, Stockage et Valorisation du Carbone), considéré jusque-là comme la solution de référence pour décarboner le ciment. Pour faciliter la décarbonation rapide de l’industrie mondiale du ciment, nous déploierons cette technologie à un coût intéressant. L’intérêt manifesté par le secteur a déjà donné lieu à des discussions avancées et des annonces importantes sont prévues très prochainement.
Prescription Béton : Vous avez nommé votre solution « Act », est-ce que cela sous-entend un « Act 2 » ?
Conor O’Riain : L’innovation ne s’arrête pas là. Effectivement, nos équipes travaillent déjà sur un « Act 2 », voire un « Act 3 » avec en ligne de mire l’obtention d’un ciment zéro carbone !
Donal O’Riain, fondateur et directeur général d’Ecocem : « La technologie Act constitue un progrès majeur pour le secteur du ciment bas carbone. C’est une solution fortement décarbonée, rentable, évolutive, et adaptée à l’échelle mondiale. Or le secteur du ciment est confronté à un immense défi si nous voulons réduire sensiblement les émissions de CO2 au cours de la prochaine décennie. La technologie n’est plus un obstacle à la décarbonation et, pour que chacun puisse bénéficier pleinement et rapidement du potentiel d’Act, l’industrie et les responsables politiques doivent œuvrer main dans la main. Travailler dans cette industrie a rarement été aussi passionnant ».