C’est un chantier à 210 millions d’euros dont seul le réseau autoroutier francilien est capable de lancer : le prolongement de l’A16 jusqu’à la francilienne est actuellement l’un des projets phare de la région. Et qui est mené sur trois fronts bien distincts : l’élargissement de la RN1 et sa mise aux normes de sécurité, la création d’une nouvelle section d’autoroute afin de permettre le contournement des communes de Maffliers et Montsoult, et last but not least, le réaménagement de l’actuel carrefour de la Croix Verte afin d’assurer la connexion de l’A16 et de la Francilienne en direction de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Ce réseau au nord de Paris valait bien ces aménagements de grande ampleur. En effet, l’arrivée sur la capitale via cet axe est vécue comme un calvaire par les quelque 45.000 véhicules qui transitent chaque jour par les communes de Montsoult et Maffliers dans le Val d’Oise.
L’État a donc pris le dossier à bras le corps et a décidé d’ouvrir un chantier pour fluidifier le trafic sur cet axe en le confiant à la Sanef. Les travaux seront livrés en 2019 et devraient améliorer la situation. Une opération à 210 millions d’euros TTC qui est l’aboutissement d’une longue maturation. En effet, les premiers schémas directeurs de la région Ile-de-France visaient à relier l’A16 à la porte d’Aubervilliers ou à l’A86. C’est au final la connexion à la Francilienne, la fameuse RN104, qui s’est progressivement imposée. Car entretemps, l’autoroute A16 s’est transformée en un axe majeur de liaison entre Paris, Amiens et le tunnel sous la Manche. L’A16 s’arête ainsi à la bifurcation avec la nationale 184 qui mène vers Cergy-Pontoise. Un dispositif qui a vécu. Dès 2004, quatre tracés sont alors pensés par l’Etat. Le choix de faire passer l’A16 au nord de Maffliers est officialisée en 2008.
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Un des points forts du projet, c’est la requalification et la mise aux normes de sécurité de la RN1, aujourd’hui utilisée comme une voie rapide. A sa mise en service, la circulation y sera divisée par 7 à hauteur de Montsoult et Maffliers. L’objectif est de rendre à la nationale son usage local pour lequel elle a été originellement conçue. Car actuellement, l’A16 stoppe sa course à l’Isle-Adam. Résultat : la nationale 1 qui la prolonge est la seule voie d’accès à la Francilienne. Cet axe sous-dimensionné supporte aujourd’hui une circulation dégradée jusqu’à l’actuel carrefour de la Croix Verte, sorte d’entonnoir à véhicules. Le prolongement de l’A16 jusqu’à la Francilienne devrait sonner le glas des gargantuesques bouchons. Mais la nationale 1 ne sera pas délaissée pour autant. Bien au contraire. Elle est actuellement en cours de mise aux normes autoroutières jusqu’au nord de Maffliers, sur une distance de 3,2 kms. Le renforcement de la sécurité, le traitement urbain et paysager, l’amélioration des accès riverains et la promotion des circulations douces sont les points principaux de cette requalification. Un programme complet qui vise aussi à garantir une desserte satisfaisante aux activités industrielles et commerciales locales, notamment à Montsoult. Et un chantier qui n’est pas déconnecté du projet global. De fait, cette requalification fait partie intégrante du projet de prolongement de l’autoroute : elle incitera au report du trafic de transit sur l’A16 prolongée, plus adaptée à ce type de trafic.
Du terrassement jalonné d’ouvrages d’art
Les opérations de terrassement dans le sens Paris/ Beauvais qui ont été lancés en juin dernier viennent récemment de s’achever. Le chantier a consisté en un élargissement pour créer une bande d’arrêt d’urgence sur un tronçon routier qui jusqu’alors en été dépourvu. Dans un souci de simplicité en matière de terrassement, l’option de n’élargir que le sens Paris Province a été prise, ce qui a conduit à décaler l’axe de la nationale. Les phases de chaussée débuteront en mars, avec un système de basculement en raison de la reprise de l’assise des chaussées. Mais cet élargissement avec une BAU portée à 3 m ne vient pas seul. Deux ouvrages existants sont réadaptés de manière mineure, un ouvrage de rétablissement d’une voirie agricole est construit, ainsi qu’un passage grande faune. Point emblématique de la prise en compte environnementale de tout projet routier, cet ouvrage d’art va permettre de reconnecter la forêt du Bois Carreau, laquelle avait été coupée par la RN1 actuelle et qui va être reconnectée afin de réassurer à nouveau la transparence de la faune. Cet ouvrage symbolique fera 25 m de large et sera engazonné afin que les animaux puissent l’emprunter. Deux bassins de rétention d’eau ont par ailleurs été réalisés dans le secteur. Un réseau d’assainissement avec ses bassins de traitement, des ouvrages d’art, mais aussi la suppression des accès riverains qui se faisaient de manière un peu sauvage.
Phasage au cordeau
La RN1 étant relativement vallonnée sur cette section, les volumes de terrassement ont été assez importants, avec des remblais pouvant à certains endroits dépasser les 10 m. “Cette première partie du projet avec la requalification de la RN1est relativement équilibrée en matière de mouvement de terres, détaille Alexandre Bédin, responsable d’opérations du groupe Sanef. Les emprunts extérieurs ont été très limités, avec une remise en place des remblais existants. Il s’agit au final d’un chantier de terrassement et d’élargissement techniquement relativement simple, mais qui demande un phasage au cordeau en raison de l’absence de BAU. Nous sommes contraints de travailler derrière des blocs béton mis en œuvre sur la chaussée existante qui assure la réduction des largeurs de voies. L’objectif consiste à s’appuyer sur la nationale 1 pour recréer une voie à deux fois deux voies classique, avec tous ses éléments, notamment de sécurité pour les automobilistes”. La remise en service de la RN1 dans le sens Paris/Beauvais aura lieu à l’été 2018. En mars débutera un autre gros marceau du projet de prolongement de l’A16 : la construction d’une infrastructure neuve avec la création de la section d’autoroute qui garantira le contournement de Maffliers et Montsoult. Un point d’étape avant de s’attaquer à la Croix Verte, dont le détail des travaux laisse apparaitre des opérations de VRD conséquentes, notamment avec la création de huit giratoires qui s’additionneront pour enfin fluidifier ce point noir du trafic francilien.
Encadré
Fiche technique
Maîtrise d’œuvre : Setec International, Setec TPI, Seria
Maîtrise d’ouvrage : Sanef
Neuf marchés distincts attribués :
Siorat/Guintoli/EHTP (travaux du ring de la Croix Verte)
Agilis (équipements et signalisation)
Razel-Bec / Wiame VRD / Baudin Chateauneuf (ouvrages d’art de la section neuve)
NGE GC / Guintoli (ouvrages d’art de la Croix Verte)
Vinci Construction Terrassement / Cochery / Chantiers Modernes Construction (ouvrages d’art de la RD301)