Imaginer la prochaine génération de postes d’aiguillage dans le cadre d’un appel d’offre alliant coopération et compétition. C’est l’objectif d’un challenge industriel inédit lancé par SNCF Réseau à quatre groupements d’industriels.

« Le réseau du futur, c’est augmenter le nombre de trains là où est le besoin. C’est aussi plus de robustesse et évidemment plus de sécurité » a annoncé ce mercredi 20 juin Claude Sollard sous la grande verrière du siège parisien de SNCF Réseau. Pour mettre en place ce réseau « haute performance », le directeur général délégué Sécurité, Innovation & Performance Industrielle recense les quatre briques maîtresses de la transformation profonde de l’outil industriel et des métiers du gestionnaire d’infrastructures. Les commandes centralisée de réseaux pour une meilleure gestion des circulations, le système de signalisation NexTeo qui sera opérationnel sur la ligne E du RER en 2022, l’ERTMS qui sera mis en service sur la LGV Paris-Lyon et la ligne Marseille-Vintimille à l’horizon 2025, et enfin une troisième génération de postes d’aiguillages informatiques (PAI) opérationnels d’ici 2023. Ces derniers équipements permettant aux agents de circulation basés dans les tours de contrôle de commander les aiguillages et les signaux sur un tronçon donné, et donc de permettre la circulation des trains. Dans son effort de modernisation, et sur les 1 500 postes que compte le réseau national, SNCF Réseau consacre annuellement 300 M€ pour remplacer 15 PAI utilisant des s technologies électromécaniques et électriques, voire mécaniques pour les plus anciens.

Argos ou le PAI troisième génération
Il s’agit cependant d’aller plus loin et SNCF Réseau s’est donné comme objectif de relever les standards techniques des actuels PAI NG2 à travers trois objectifs majeurs. « La troisième génération de PAI, baptisée Argos en référence au géant doté de 100 yeux de la mythologie grecque, devra être 15 % moins chère en ce qui concerne son prix d’achat et ses frais de maintenance, 30 % plus rapide dans sa mise en œuvre afin de limiter l’impact sur les circulations, et intégrer une architecture répondant aux besoins de cybersécurité » a expliqué Thomas Joindot, le directeur technique du groupe. Plus performantes et moins couteuses, ces futures plateformes devront en outre présenter une souplesse d’emploi qui en fera un produit unique pour l’ensemble du réseau, et ce quelle que soit la complexité des installations actuelles et à venir.

4 groupements industriels
Dans le but de favoriser l’émergence de solutions de rupture par rapport aux standards nationaux et internationaux, l’entreprise SNCF a donc choisi de lancer un nouveau type d’appel d’offres issu d’une directive européenne de 2014 et permettant d’allier coopération et compétition afin de stimuler la créativité des industriels. Quatre groupements d’industriels (Alstom, Ansaldo STS, Siemens et Thales) intégrant chacun un expert SNCF Réseaux ont relevé le défi et travaillent dès à présent sur des propositions techniques qui seront évaluées par SNCF Réseau en début d’année prochaine. Le gestionnaire étudiera alors les premières maquettes avant de sélectionner début 2020 les équipes mixtes retenues pour l’industrialisation des solutions proposées. Les groupements disposeront alors de 30 mois pour construire chacun un premier PAI «tête de série» qui devra être opérationnel en 2023, avant le déploiement à grande échelle planifié jusqu’en 2038. « Le déploiement des postes se fera progressivement avant d’atteindre une trentaine de mises en service annuelles d’ici 2030. Toutes phases d’études et de déploiement confondues, ce projet représente un budget de plus d’un milliard d’euros sur 15 ans pour les industriels qui participent au partenariat d’innovation » conclut Thomas Joindot.