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[EXCLU] : « Un plan de relance d’aucun secours si nos entreprises de travaux publics déposent le bilan »

PUBLIÉ LE 30 OCTOBRE 2020
JULIA TORTORICI
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[EXCLU] : « Un plan de relance d’aucun secours si nos entreprises de travaux publics déposent le bilan »
Relativement épargné, malgré l’imposition de deux confinements à quelques mois d’écart, le secteur des travaux publics en Ile-de-France s’attend pourtant à une année 2020 de désolation, très impactée par le net recul des appels d’offres publics. L’année pourrait finir sur un CA en retrait de – 20 % malgré un Grand Paris concentrant 4 milliards d’euros de chiffre. 2021 s’annonce bien plus inquiétante selon José Ramos, président de la FRTP Ile-de-France… Le sort des TP franciliens repose dans les mains des collectivités qui voudront bien investir en début d’année afin d’enrayer la chute. 
 
ConstructionCayola : Comment le secteur des travaux publics en Ile-de-France a vécu le confinement strict de mars dernier ?
 
José Ramos : Au 15 mars, date des annonces du Premier ministre, et jusqu’au 20 mars, nous nous sommes arrêtés. Cet arrêt total, à notre sens nécessaire afin de garantir la santé de tous nos collaborateurs, a été passablement critiqué. Mais aujourd’hui nous n’avons aucun regret, au regard de la préservation de la santé et des risques pénaux encourus par les chefs d’entreprises. Les chantiers ont redémarré, petit à petit, courant avril, et nous avons enregistré une perte d’exploitation de 5 à 6 semaines. La reprise, permise par le port généralisé du masque et l’excellent protocole sanitaire mis en place par l’OPPBTP, a été bien vécue, car le manque à gagner était palpable aussi bien pour les salariés que les entreprises. Heureusement, notre carnet de commandes était alors bien fourni et nous a permis de passer l’été, mais les entreprises locales, qui n’ont réellement repris qu’en mai, ont été plus durement impactées que celles participant au projet du Grand Paris Express. En cause, des maîtres d’ouvrages réticents face à la crise sanitaire, et un 2e tour des élections municipales en suspens. Rappelons que les collectivités représentent 45 % de nos commandes et pour les PME, jusqu’à 85 % de l’activité. 

 « 200 jours d’arrêt dus à la Covid-19 » 
 
CC.com : Les TP franciliens ont-ils été un secteur durement touché en termes de contaminations par la Covid-19 ?
 
J.R. : Les protocoles sont bien appliqués. Nos entreprises ont fait barrage et, à notre connaissance, très peu de clusters y ont été détectés. D’autres professions n’ont pas été aussi brillantes. Il faut toutefois mentionner un nombre fréquent de cas contacts parfois non avérés. En effet, le virus s’attrape lorsque le masque est absent ou en cas de contact prolongé. Et les précautions sont nombreuses sur les chantiers franciliens, en matière de désinfection et de distanciation. Or, on recense 200 jours d’arrêt incombé à la Covid-19 ou à la détection de cas contacts. Les derniers chiffres ont prouvé que les potentielles contaminations avaient eu lieu pendant la pause déjeuner. Depuis, des services ont étés mis en place entre 11h30 et 13h30 pour pallier le problème. Certaines entreprises ont même défendu les déjeuners entre collègues. 
 
CC.com : Que pensez-vous de la décision du gouvernement de repartir pour un nouveau confinement, même considéré comme « allégé » ?
 
J.R. : Il était important de ne pas reproduire le même schéma de mars 2020. Nous sommes heureux d’avoir été épargnés, d’autant que nous évoluons dans des espaces ventilés. Le protocole de l’OPPBTP a simplement été renforcé avec des précisions liées à l’usage du masque. 
 
CC.com : Le gouvernement préconise le télétravail pour les secteurs et les métiers qui le permettent. Qu’en est-il des travaux publics ? 
 
J.R. : Le télétravail doit être encadré pour être efficace. Et malheureusement, à ce jour, tous nos collaborateurs ne sont pas convenablement équipés en termes d’outils de communication numérique. Pour l’instant, les documents transmis via ligne sécurisée VPN le sont aussi en PDF. Des domaines comme la comptabilité analytique ne peuvent se passer de connexion. Il est impensable d’avoir des ruptures de décision dans le cadre des réponses aux appels d’offres, de l’envoi des DICT, ou de la facturation. Le télétravail est inenvisageable lorsque la connexion au réseau du maître d’ouvrage ou de la collectivité n’est pas assurée. D’autre part, certaines missions, comme la visite d’inspection du chantier avant travaux, ne peuvent se faire qu’en présentiel. 

« Plus de 5 000 travailleurs doivent manger et se loger  »
 
CC.com : Restaurants et hôtels doivent fermer, conformément aux vœux du gouvernement. Comment vos travailleurs en déplacement vont-ils se loger et se restaurer ? 
 
J.R. : Certains de nos compagnons et cadres de grands travaux, originaires de province et amenés à rester en Ile-de-France pendant plusieurs mois, sont en effet confrontés à la fermeture des hôtels et des lieux de restauration. Une problématique qui concerne plus de 5 000 personnes. Des solutions ont été évoquées, notamment par le SETVF*, comme la réquisition de chambres ou de logements vacants avec l’aide d’Action Logement notamment.

« Moins de 3 mois d’activité globale  »
 
CC.com : Quel impact doit-on attendre de ce nouveau confinement sur les TP franciliens ?
 
J.R. : Si nous étions moins perturbés que de coutume lors d’une année d’élections municipales, grâce à un carnet de commandes très important acquis en tout début d’année 2020, nous le consommons à vitesse grand V. Alors que les appels d’offres nationaux sont impactés de – 34 % à fin 2020, les appels d’offres franciliens, hors Grand Paris Express, affichent un recul de - 33 %, et de – 46 % s’agissant des communes. Le chiffre d’affaires des TP franciliens s’élève actuellement à environ 9 milliards d’euros et se prépare à accuser une baisse comprise entre – 17 % et – 20 %. Le carnet de commandes s’épuise et ne se remplit plus depuis le déconfinement. Il affiche moins de 3 mois d’activité globale. Le constat plus inquiétant est que le niveau d’appels d’offres ne remonte pas. En pleine année électorale, les collectivités ont d’autres priorités, comme l’éducation. Quant au contrat de plan État-Région 2015-2020, il vient de s’achever.
 
CC.com : Que craignez-vous ?
 
J.R. : Les travaux quotidiens s’épuisent. Nous sommes inquiets d’une baisse d’activité importante d’activité au premier trimestre 2021 avant le vote du budget fixé au 31 mars 2021. Si nous entrons à nouveau dans un cycle confinement-déconfinement, la situation risque d’être pire au second semestre. Personnellement, je crois que le virus pourrait encore circuler en septembre 2021, mieux vaut s’y préparer. 
 
CC.com : Le plan de relance présenté il y a quelques semaines par le gouvernement ne devrait-il pas vous donner un coup de pouce ?
 
J.R. : On ne peut profiter d’un plan de relance si nos entreprises déposent le bilan. Comment expliquer aux banquiers et assureurs-crédits que nos bilans 2020 sont négatifs et qu’en plus nous manquons de visibilité en 2021 ? Face à une activité qui devrait plonger de -20 % à -30 %, soit un retour aux niveaux de 2010, nous serons forcés de baisser nos prix afin de remplir nos carnets de commandes. Malheureusement, le PGE**, qui impose 45 jours de délais, ne nous sera d’aucune utilité si nos fournisseurs exigent d’être payés immédiatement. Les prochains mois seront cruciaux. Si les collectivités sont au rendez-vous, nous devrions être en mesure de nous hisser à minima aux niveaux de 2018 en attendant le vote du budget 2021. 

« Le Grand Paris, une petite lumière  »
 
CC.com : L’Ile-de-France est-elle mieux lotie par rapport au reste du territoire ?
 
J.R. : L’Ile-de-France est une petite France miniature où sont concentrés les mêmes problèmes connus à l’échelle nationale. Les zones urbaines, périurbaines, et rurales franciliennes accueillent des entreprises issues des trois secteurs économiques connus (primaire, industriel et tertiaire). Dans toute cette densité, le Grand Paris fait figure de petite lumière à la flamme bien vive. 
 
CC.com : Quid de la formation si chère aux travaux publics ?
 
J.R. : Cela nous désole, mais les visites que nous prévoyions dans les collèges, dans le cadre de notre campagne « Franchement Respect ! », ne pourront se faire. Il nous sera impossible de détecter les jeunes profils susceptibles de rejoindre nos métiers. Vous comprenez bien qu’il nous sera difficile de les intégrer à des entreprises mortifères. 

*Syndicat des Entrepreneurs de Travaux de Voies Ferrées de France
**Prêt garanti par l’Etat
 
José Ramos, président de la Fédération Régionale des Travaux Publics d'Ile-de-France
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