La plus importante inondation jamais survenue en cinquante ans à Venise en a secoué plus d’un. Mais qu’en est-il du projet Mose, conçu en 1984 justement pour contenir les inondations dévastatrices de la cité lagunaire, et toujours pas abouti ?
« L’eau qui monte à 1,87 mètre, on n’a pas vu ça en 50 ans ! C’est un impact énorme sur le bâti, la stabilité des structures, les dégâts aux peintures... », s’est exprimée Mechtild Rössler, directrice chargée du patrimoine à l’Unesco. Que l’on ne s’y méprenne pas, les phénomènes d’inondation liés au dérèglement climatique ne s’arrêteront pas là. Une accélération est à prévoir, et notamment en Méditerranée où Venise fait office de joyau, précieux mais fragile, car construit dans l’eau. « On ne peut pas restaurer chaque année, il faut garder que le changement climatique, c’est sur le long terme », a justement martelé Mechtild Rössler.
Une solution qui traîne
Attendu initialement pour mi-2019, le projet Mose fait pourtant figure de solution viable avec ses quelque 78 digues flottantes qui se relèvent et barrent l’accès à la lagune en cas de montée des eaux de l’Adriatique jusqu’à 3 m de hauteur. Mais ce programme conçu en 1984, et dont les travaux traînent en longueur depuis 2003, n’est toujour pas abouti. Pourtant, « si la Ville nous le demande, nous pouvons envoyer des experts et ingénieurs pour relancer ce projet », assure l’Unesco.
Quoique judicieux - il avait alors suscité l’admiration de la ville de Rotterdam qui s’était empressée de construire ses défenses (elles abouties !) sur le même modèle et piqué la curiosité du maire Bloomberg de New York alors confronté aux dégâts matériels provoqués par le passage de l’ouragan Jenny - Mose est à l’arrêt, empêtré dans des malfaçons et des enquêtes pour corruption, responsables d’un dérapage budgétaire de 2 à 6 milliards d’euros.
Les déclarations officielles du gouvernement italien rapporteront plutôt des problèmes de vibrations et de rouille, mis en lumière par de récents tests. Selon l’exécutif, le projet est « prêt à 93% » et devrait être « achevé au printemps 2021 ».
