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ENVIRONNEMENT

Musée Subaquatique de Marseille : immersion immédiate !

PUBLIÉ LE 8 OCTOBRE 2020
CH. RAYNAUD
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Musée Subaquatique de Marseille : immersion immédiate !
Le Musée Subaquatique de Marseille, le premier musée subaquatique multi-artistes d’Europe et le premier du genre en France, ouvrira prochainement dans l’anse des Catalans à Marseille (13). Le public découvrira ainsi 10 oeuvres en béton immergées à 100 m au large de la plage et à 5 mètre de profondeur. Le chantier d’implantation des sculptures est actuellement assuré par la société d’ingénierie sous-marine Seven Seas. Nous avons demandé à Antony Lacanaud, Fondateur et Directeur du Développement, de nous parler de ce musée hors du commun.
 
ConstructionCayola.com : D’où vient cette idée de "musée aquatique" ? 
Antony Lacanaud : C’est à mon retour d’une expatriation de trois années à Rio de Janeiro que j’ai découvert avec admiration les sculptures immergées de l’artiste Britannique Jason deCaires Taylor. Je me suis intéressé de plus près à son travail d’artiste mais surtout à son travail de sensibilisation à la protection des océans. J’ai trouvé que l’idée de se servir de l’art sous-marin comme interface entre l’humain et la biosphère marine était remarquable. 

C.C.com : Pourquoi avoir choisi la ville de Marseille ?
A.L. : Je suis né à Marseille et j’ai grandi avec les yeux sous la mer. En classe de 6éme, je séchais l’école pour aller pêcher des oursins puis je les revendais au restaurant à côté de chez moi. J’ai appris la plongée sous-marine au Vieux Plongeur. Marseille est une ville qui se tourne de plus en plus vers la mer, c’est un site remarquable pour la plongée sous-marine. Des hommes comme Henri-Germain Delauze, président fondateur de Comex, et bien d’autres ont contribué à faire découvrir les fonds marins. C’est grâce à des explorateurs et exploratrices que nous avons aujourd’hui la curiosité d’aller sous l’eau. La mer est notre ADN, nous sommes dans la transmission. 

C.C.com : Quelle ont été les contraintes techniques d’une telle réalisation ? 
A.L. : Elles sont multiples ! En premier lieu il a fallu identifier un site qui fasse consensus avec les usagés de la mer, et qui remplissait le maximum de points positifs en termes d’accessibilité, de sécurité, de visibilité, hors herbiers de posidonies, hors parc national des Calanques, hors zone protégée, bien identifier le matériau, les courants, les formes des sculptures, etc.

C.C.com : Pourquoi avoir choisi le matériau Béton ?
A.L. : Le béton est le meilleur candidat à ce jour pour créer un récif artificiel résistant et durable dans un milieu agressif comme l’eau de mer. C’est paradoxal d’utiliser le mot agressif pour l’eau de mer alors que c’est l’homme qui est agressif avec la mer. Nous devions répondre à des contraintes physique et chimique. Nous avons laissé volontairement une légère porosité sur la surface des sculptures afin d’encourager la colonisation d’organismes, une nourriture nécessaire aux animaux. Certaines sculptures sont de véritables abris à poissons comme « L’oursin Test » de Daniel Zanca et « L’arbre monde » d’ Herrel. À l’inverse du béton, les pneus, les carcasses de voiture et autres déchets ont prouvé leur inefficacité et leur vulnérabilité à l’immersion. Nous avons utilisé un ciment marin à base de recyclé qui a pour constituants principaux et secondaires du Portland et du laitier de haut fourneau, et un mélange de granulats pour béton d’origine minérale, du sable de Pouzzolane et des armatures de renforts type acier inoxydable. C’est l’artiste Mathias Souverbie qui a réalisé, avec l’atelier Pierre Revol, les sculptures en béton. 
 
C.C.com : Comment avez-vous sélectionné les artistes sculpteurs des 10 oeuvres de ce musée ?
A.L. : Au départ j’avais invité l’artiste britannique Jason deCaires Taylor ; nous étions en concurrence avec la Ville de Cannes, mais je n’avais pas les mêmes budgets. Les dérives temporelles de l’élaboration des dossiers techniques et réglementés ainsi que le budget ont fait que l’artiste est parti à Cannes (mais nous avons quand même ouvert avant eux !). J’ai repéré des artistes sur internet avec des mots clés et j’ai fait une sélection. Lorsque j’ai pris contact avec eux, ils ont tous immédiatement répondu oui. L’idée était de trouver des artistes qui avaient réalisé des sculptures en bronze, car le moule en élastomère pour faire des tirages dans cette matière est suffisamment solide pour recevoir le béton, qui travaille au séchage. Certaines  pièces étaient irréalisables en béton, trop fragiles, ou trop grandes…. Le fait que les moules étaient déjà existants me permettait de faire des économies dans le processus de fabrication. Par exemple, le Poséidon de Christophe Charbonnel a été le moins onéreux à réaliser car un moule de qualité existait déjà. Les artistes ont tous fait le don de leurs œuvres dans le contexte du musée, et nous avons pris à notre charge l’ensemble du process de fabrication. Ils sont très heureux de faire partie du premier musée subaquatique multi-artistes d’Europe et le premier du genre en France. 
 
C.C.com : Comment se déroule l’immersion des statues ?
A.L. : Nous avons était contactés par la société d’ingénierie sous-marine Seven Seas qui nous a proposé de réaliser l’implantation des sculptures. Celles-ci sont tractées par bateau à 2/3 nœuds avec l’aide de parachutes pour la flottaison. Elles sont amenées sur le site puis coulées sur leur point GPS situé à 5 m de profondeur sur du sable et à 100 m de la plage des Catalans. L’aire muséale mesure 400 m2. La Marine Nationale et la Gendarmerie maritime nous ont aidés pour le grutage des sculptures dans l’eau depuis leur quai. Les scaphandriers travaillent au narguilé avec un bateau d’appui en surface. Les socles seront ensouillés et ancrés dans le substrat. Nous sommes dépendants des aléas climatiques et, à l’approche de l’hiver, les fenêtres météo sont assez réduites, sachant que nous ne pouvons prendre aucun risque pour les équipes sous l’eau et pour les sculptures. 
 
C.C.com : Quelle sera la suite… ?
A.L. : Les aspects pédagogique et scientifique sont l’essence même du musée. Nous avons donc conclu des partenariats avec deux établissements pilotes : le collège Gaston Defferre situé à 400 m du Musée, et le Lycée des Calanques. Le premier travaille sur l’élaboration d’une mallette pédagogique et le second à la photogramétrie 3D et sur l’élaboration d’un BTS Protection des Milieux. C’est notre muséographe Chloé Sauvalle qui gère ces projets.  Nous organiserons la prochaine saison balnéaire avec les CIQ des Catalans, et la mise en place du comité de suivi scientifique du récif (qui est une obligation dans notre convention avec l’État). Sandrine Riutton, chercheuse au CNRS /MIO de Luminy et Maître de conférence sur les récifs artificiels sera en charge de piloter avec les équipes de la DDTM, la DREAL PACA et la Ville, le comité de suivi environnemental du MSM. Par ailleurs, nous sommes toujours à la recherche de partenaires (notre statut d’association reconnue d’intérêt général fait que nous sommes éligibles au mécénat). Nous avons l’ambition de lancer une conférence pour 2021 sur le rôle de l’art comme vecteur d’apprentissage pour les métiers de la Mer. Un livre et un court-métrage du making off du musée sont également en cours. Une base d’accueil du public est prévue sur la plage des Catalans. Le musée étant libre d’accès, nous ne percevons pas de recettes sur les entrées, c’est pourquoi nous devons trouver des moyens pour financer les projets à venir pendant  la durée de notre concession de 15 ans… 
 
 
EN ENCADRE : Les artistes
Christophe Charbonnel : Poséidon / Herrel : Coexistence / Evelyne Galinski : Les
Néréides / Mathias Souverbie : Fish of Marseille / Davide Galbiati : La Graine et la Mer
/ Daniel Zanca : L’Oursin / Michel Audiard : L’ours polaire / Benoit de Souza : Les
Singes de Mer / Marc Petit : Séléné / Thierry Trivès : Résilience.
Tous ont réalisé leurs oeuvres avec le souhait de faire passer des messages forts, notamment sur le thème de la protection de l’environnement et de l’écosystème sous-marin méditerranéen.  
 
 
Antony Lacanaud, Fondateur et Directeur du Développement du Musée Subaquatique de Marseille
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