Ces derniers jours, la question de l’implication du BTP dans la gestion des déchets n’a jamais autant progressé. Votée fin janvier par le parlement, la nouvelle loi sur l’économie circulaire lui consacre un volet important. Avec cette mesure phare : la mise en place d’une filière pollueur-payeur à l’horizon 2022.
Dans cette même dynamique, Brune Poirson, la secrétaire d’État à la Transition écologique, vient tout juste de lancer un appel à projets pour aider les acteurs du BTP à prendre les bonnes habitudes de recyclage, rapidement, à l’échelle de chaque chantier.
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L’institution, gardienne des risques des sols et des sous-sols, s’est associée à Soltracing. Cette solution numérique française est à ce jour le seul indicateur qui permet de suivre et de sécuriser les échanges de terres excavées d’un chantier à l’autre.
160 millions de tonnes excavées en 2020
Cette implication du BRGM constitue un premier pas vers la mise en place d’un contrôle indépendant, qui manque tant au secteur aujourd’hui. Si l’utilisation des "tex" est déjà soumise à une réglementation et une obligation de dépollution, c’est loin d’être suffisant.
En 2020, 160 millions de tonnes de terres excavées seront charriées et transportées en France. Sur la seule région parisienne, au moins 15% des "tex" seront potentiellement valorisables, en réutilisation hors site. Soit 5,3 millions de tonnes de terres.
Du point de vue technique, l’étape incontournable de la traçabilité assure une valorisation et réutilisation raisonnée des déchets, loin de la pratique criminelle du remblai sauvage. Elle favorise les alternatives à l’exploitation de matières premières. Comme elle favorise aussi l’optimisation du transport, et donc de l’empreinte carbone générée par les chantiers.
Une diminution des coûts de 20 %
Selon des simulations de l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’utilisation de terres excavées permet aussi de réduire jusqu’à 87% la quantité de matériaux neufs utilisés par le chantier receveur. Soit une diminution des coûts de 20%.
Pour récolter de tels bénéfices, de façon pérenne, il est capital de s’appuyer sur un système de contrôle simple et indépendant. La crédibilité des données traitées en dépend, tout comme la réelle fiabilité du système pour notre environnement.
L’implication du BRGM va dans ce sens. Mais les pouvoirs publics auraient tout intérêt à aller encore plus loin dans l’exploitation et l’optimisation des terres excavées. En créant par exemple un observatoire alimenté par les données numériques recueillies sur les chantiers. De quoi alors voir sortir de terre une nouvelle économie du BTP pleinement vertueuse.
Emmanuel Cazeneuve
Fondateur et P.D.G de la société Hesus