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[Tribune] Changement climatique : le bâti français n'est pas prêt !

JÉRÉMY HÉRARD, FONDATEUR ET GÉRANT DE NOTES DE STYLE, LE 15 SEPTEMBRE 2025
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[Tribune] Changement climatique : le bâti français n'est pas prêt !
Jérémy Hérard, fondateur et gérant de Notes de Style
Spécialiste de la rénovation, de l’architecture et de la décoration d’intérieur, le réseau Notes de Styles alerte sur l’urgence de préparer le parc immobilier français à faire face aux conséquences du dérèglement climatique. Alors que les politiques publiques mettent l’accent sur la performance énergétique et la réduction des émissions de carbone, la question de l’adaptation aux catastrophes naturelles reste reléguée au second plan.

Pourtant, les données sont alarmantes : la fréquence et l’intensité des sinistres devraient provoquer une hausse de plus de 60 % des dégâts - fissures liées au retrait-gonflement des argiles, inondations, épisodes de grêle violents et vagues de chaleur extrêmes - à horizon 2050. Face à ce constat, Jérémy Hérard, fondateur et gérant de Notes de Styles, décrypte les principaux risques qui menacent le bâti et détaille les mesures simples et accessibles pour mieux s’y préparer.

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Des risques qui fragilisent un patrimoine immobilier de plus en plus exposé

Les risques climatiques sont multiples et désormais omniprésents. La sécheresse est déjà l’un des fléaux les plus coûteux : près de 80 % du bâti français se trouve en zone sensible au retrait-gonflement des argiles. Des fissures graves apparaissent sur les habitations, parfois non indemnisées, et les réparations coûtent souvent extrêmement cher aux familles. 

Les excès d’eau constituent une autre menace croissante. Les crues lentes, les débordements rapides des réseaux d’eaux pluviales ou encore les remontées de nappes phréatiques provoquent des inondations dans des secteurs jusque-là épargnés. Là encore, les dégâts matériels et humains sont considérables, avec des habitations rendues inhabitables du jour au lendemain. 

À ces deux phénomènes s’ajoutent les épisodes de grêle, de plus en plus fréquents et violents, qui endommagent toitures, façades et vitrages, ou encore les tempêtes qui fragilisent les structures et les installations extérieures. Enfin, les vagues de chaleur rendent certains logements étouffants, avec des températures intérieures qui peuvent dépasser les 35°C, créant un inconfort extrême qui peut mettre en danger les plus fragiles.

Des solutions connues mais insuffisamment déployées

Si les risques climatiques s’aggravent, on peut néanmoins les anticiper en mettant en place des solutions techniques, simples et accessibles, pour protéger les habitations. Pour lutter contre les fissures liées à la sécheresse, il est possible d’installer un système de goutte-à-goutte permettant de maintenir un niveau d’humidité constant dans les sols argileux. Une telle installation, dont le coût reste inférieur à 10 000 €, peut permettre d’éviter des réparations s’élevant à un minimum de 100 000 €, et qui, dans certains cas, dépassent largement ce seuil jusqu’à atteindre la valeur totale du bien.

Concernant les inondations, des clapets anti-retours suffisent à empêcher le reflux des eaux usées dans les habitations, tandis que des batardeaux ou barrières amovibles peuvent protéger efficacement les entrées et ouvertures. Les murs peuvent également être étanchéifiés jusqu’à un mètre de hauteur pour contenir une montée des eaux sans compromettre la stabilité du bâti. 

Pour contrer les vagues de chaleur, des solutions passives s’avèrent tout aussi efficaces. L’application de peintures blanches réfléchissantes sur les toitures peut réduire de 7 °C la température intérieure. Dans certains pays, comme en Asie, l’irrigation des toitures par récupération d’eau pluviale permet de faire chuter sensiblement la chaleur grâce à l’évaporation. Ces dispositifs, en plus de réduire la dépendance à la climatisation, contribuent à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Enfin, des matériaux plus résistants aux intempéries, une fixation renforcée des tuiles ou encore l’intégration de systèmes de domotique pour alerter en cas de risque imminent participent à une meilleure résilience des logements.

Pourtant, ces solutions restent encore trop peu mises en œuvre en France. En cause, l’absence de campagnes d’information grand public, un manque d’incitations financières et une culture du risque quasi inexistante. Dans certains pays, comme le Japon, la prévention face aux risques naturels est pleinement intégrée aux politiques de construction. En France, l’approche reste encore davantage tournée vers la réparation après coup, ce qui engendre des coûts élevés pour les habitants comme pour les collectivités.

Le rôle clé des architectes dans la prévention

Dans le neuf, les réglementations thermiques (RT2012, RE2020 et bientôt CAP 2030) poussent vers une meilleure performance énergétique. Malheureusement dans l’ancien, où se concentre une grande partie du parc en rénovation, l’adaptation aux catastrophes naturelles n’est pas encore systématiquement prise en compte. 

Parce qu’ils conçoivent, rénovent et accompagnent les particuliers dans leurs projets, les architectes sont des acteurs essentiels pour sensibiliser le grand public et proposer des solutions adaptées. Ils peuvent orienter vers les bons matériaux, intégrer dès la conception des dispositifs de résilience et aider les habitants à mieux comprendre les risques spécifiques à leur territoire. 

Néanmoins, pour mener à bien leur mission de conseil et d’accompagnement, les architectes ont besoin d’un soutien plus affirmé : campagnes d’information, incitations financières mieux ciblées et une meilleure intégration de leur expertise dans les réflexions publiques. En effet, face au changement climatique, il ne s’agit pas de lutter contre la nature mais de composer avec elle : la résilience doit désormais guider la manière de concevoir et de rénover les bâtiments.


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