À un jet de pierre du bassin d’Arcachon en Gironde, Bouygues TP et ses deux filiales, Della Vera et Quille, achèvent le génie civil du gigantesque chantier du Laser Megajoule (LMJ) qui, pour un investissement de 1,2 milliard d’euros, deviendra d’ici à 2009-2010, le laser le plus énergétique au monde. Rappelons que le LMJ, qui doit permettre d’étudier en laboratoire les processus physiques intervenant dans l’étape finale du fonctionnement d’une arme nucléaire, est l’un des outils-phares du pôle défense du CEA sur lequel se fonde la politique française de dissuasion. Pour reproduire en « miniature » l’allumage d’une bombe thermonucléaire, le faisceau laser (1,8 mégajoule) est divisé en 240 faisceaux secondaires qui s’engouffrent dans la chambre d’expérimentation de 60 m de diamètre et de 40 m de hauteur construite à l’intérieur d’une impressionnante bâtisse de 300 m de long et de 150 m de large et dont la construction a débuté en mars 2003 sur la commune du Barp à 30 km au sud de Bordeaux.
Si rien ne vient perturber le bon déroulement des travaux, l’enveloppe du laser Mégajoule devrait être livrée à la fin de cette année. Le Mégajoule est encore à ce jour le plus gros chantier de la Gironde. Au plus fort des travaux on a compté jusqu’à 1 800 ouvriers dont 700 issus des entreprises du BTP. Le projet aura suscité bien d’autres activités dont une filière de dimension européenne de type optique-laser. Une société d’économie mixte locale (AEML) « Route des lasers » pilotée par le Conseil général de la Gironde et réunissant l’ensemble des administrations et des collectivités territoriales de la région a même été créée pour accueillir et faciliter l’implantation des nouvelles entreprises sur le site baptisé Laseris 1.
La SEM a déjà construit quelque 28 000 mètres carrés, dont 4 000 de salles blanches sur cette zone du Barp, où des équipementiers sont déjà installés comme la Sagem qui assemble sur le site les éléments des chaînes laser à l’intérieur de l’un des quatre halls. Un autre bâtiment, qui sera notamment occupé par la société Silas, est en cours d’achèvement, ainsi que l’unité de traitement anti-reflets des optiques par la société Solgel pour laquelle le CEA est toujours en négociations ardues avec des prestataires potentiels. Des bâtiments de stockage, de bureaux et d’utilités (traitements de fluides) seront également construits, tout comme les locaux de l’institut Lasers et Plasmas (ILP), qui servira de trait d’union entre le monde de la recherche académique et le Mégajoule pour l’utilisation à des fins civiles des équipements du Barp.
À ce jour, les deux tiers de la zone Laseris 1 sont occupés ou en voie d’occupation. Compte tenu des demandes reçues, la SEM s’est portée acquéreuse de 18 hectares supplémentaires auprès du CEA. Dans le même temps, une autre zone, un peu plus éloignée du Mégajoule, va être aménagée pour accueillir entre autres une résidence hôtelière et une crèche. Le Mégajoule, dont le chantier a pris un peu de retard, doit théoriquement être achevé en 2010, mais il lui faudra sans doute plusieurs années pour fonctionner à pleine capacité.