Les lois européennes sur la confidentialité des données pourraient entraver le flux des données autour des chantiers de construction. Pour Riccardo Viaggi, secrétaire du CECE (Committee for European Construction Equipment), l’UE pourrait ralentir les efforts déployés depuis des années pour améliorer la productivité.
Alors que d’autres industries ont radicalement modernisé leurs procédés, la construction stagne avec des méthodes utilisées depuis le 19e siècle. En conséquence, la productivité diminue, la main d’œuvre se raréfie et la demande dépasse continuellement l’offre. Comment la législation peut-elle aider à stimuler la productivité? Eléments de répondre avec Riccardo Viaggi du CECE.
"Nous construisons maintenant des autoroutes avec beaucoup moins de personnel que par le passé et l’équipement de construction a fait énormément de progrès. Du point de vue de l’ingénierie, nous faisons notre part", estime le secrétaire général. Le retard pris dans l’amélioration de la productivité, il la met sur la fragmentation du secteur qui demande beaucoup de main d’œuvre, beaucoup plus que certaines industries qui ont trouvé le moyen d’automatiser la plupart de leurs processus. "90% de ceux qui travaillent dans la construction sont des hommes et trop peu sont de la nouvelle génération. Ce manque de diversité freine le progrès", juge le responsable.
Les lois peuvent entraver la productivité. Mais ce n’est pas la règlementation elle-même le problème, c’est comment elle est mise en œuvre à l’échelle locale. C’est ainsi que les normes d’émissions, mal appliquées, peuvent diminuer la compétitivité des constructeurs. "La législation sur la confidentialité des données est également une menace. Si elle est approuvée dans l’état actuel des choses, elle pourrait être totalement contre-productive", souligne Riccardo Viaggi. "La Commission européenne veut légiférer de la même manière que pour la protection de la vie privée sur Google et Facebook. Ce modèle est une façon inappropriée de gérer les données sur un chantier", ajoute-t-il.
Cette règlementation sur les données, mal encadrée, pourrait annihiler le potentiel de numérisation de la construction pourtant bien engagée.