CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
Accueil > Actualités > Réseaux VRD > Alexandra Mathiolon, Serfim : « Notre stratégie de diversification nous aide à passer ce cap »
RÉSEAUX VRD

Alexandra Mathiolon, Serfim : « Notre stratégie de diversification nous aide à passer ce cap »

PUBLIÉ LE 22 JUIN 2020
VERONICA VELEZ
Archiver cet article
Alexandra Mathiolon, Serfim : « Notre stratégie de diversification nous aide à passer ce cap »
Mise en place des règles sanitaires, d’une cellule psychologique, du télétravail… le groupe Serfim a choisi de mener une communication tambour battant auprès de ses collaborateurs pendant la durée du confinement. Une manière de travailler sur la confiance, un élément indispensable à une reprise des chantiers rapide et dans les meilleures conditions possible. Au-delà de la gestion de la crise, Serfim est une entreprise aux bons résultats financiers et qui s’est développée à travers différentes activités, aujourd’hui plus ou moins impactées. Alors même si aujourd’hui le cap devrait rester le même, Alexandra Mathiolon, directrice générale du groupe Serfim, le confirme, le temps est à la réflexion.
 
Réseaux VRD : Comment avez-vous géré l’annonce du confinement ?
Alexandra Mathiolon : Nous avons vécu la crise de manière très brutale avec l’arrêt de l’activité. Plusieurs chantiers se terminaient au même moment, et les autres ont été sécurisés avant d’être arrêtés dès l’annonce du confinement. Nous avons essayé de mettre en place dès mars les dispositions de gestes barrière et le télétravail pour ceux qui pouvaient. Nos activités concernent principalement le secteur des TP, mais aussi l’environnement, les énergies, les technologies de l’information et de la communication, ainsi qu’un peu d’immobilier, dont certaines sont essentielles à la nation. Nous avons donc conservé une activité pour la collecte des déchets ainsi qu’une partie liée à des contrats de maintenance sur des infrastructures « sensibles » sous la responsabilité par exemple de Serpollet, notamment en cas de fuites de gaz ou de rupture de câbles électriques (environ 15 % d’activité). Des opérations traitées au cas par cas. Parfois source de stress pour nos collaborateurs, il nous a semblé tout aussi important pendant cette période, de ne pas oublier cette forme d’anxiété physique et morale qui pouvait s’installer.
 
R VRD : Avec 2200 collaborateurs, la gestion de la communication s’est transformée en un véritable enjeu ?
A. M. : Effectivement, car il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique de cette crise. Nous avons donc géré le confinement de manière maîtrisée, à l’écoute de nos collaborateurs, avec la mise en place de réunions quotidiennes au niveau de la direction, mais aussi, un accompagnement avec la création d’une cellule de soutien. L’objectif est bien de rassurer au niveau sanitaire, mais aussi au niveau de l’emploi. On parle beaucoup des salaires à 84 % du net, mais dans nos métiers, il y a beaucoup d’éléments variables. Nous avons maintenu dans les délais, le versement des intéressements et de la participation sur l’ensemble de nos professions.
Comme tout le monde, nous avons également travaillé sur la trésorerie. Au final, nos bons résultats sur l’année 2019 nous ont aussi permis de limiter l’impact financier pour nos collaborateurs, et surtout, de ne pas transiger sur la santé de nos collaborateurs. Pour l’instant à ce stade, nous n’avons pas fait de PGE (prêt garanti par l’État), ni report de charges fiscales.
 
R VRD : La crise sanitaire met à présent à l’épreuve les capacités des entreprises de TP à relancer leur activité, rapidement. Au fond, bien gérer les collaborateurs, c’est aussi mieux préparer la reprise ?
A. M. : La confiance, c’est effectivement très important. À notre échelle, nous avons souhaité nous impliquer dans la rédaction du guide, puisque nous avions tout intérêt à reprendre rapidement nos activités. Aujourd’hui, après avoir géré les délais d’approvisionnement en masques et autres EPI, mais aussi, en matériaux, globalement, tout est rentré dans l’ordre. Nous sommes quasiment à 100 % de reprise de nos chantiers, sachant que certains ont été décalés comme ceux qui touchent la dépollution des terres, liés à l’immobilier. Les chantiers où la coactivité est importante sont plus compliqués à organiser, comme ceux menés par notre entreprise Bentin en électricité ou ceux en milieu confiné, comme en souterrain. Sans compter que ces chantiers auront un impact en termes de productivité et de surcout, plus important.
 
RVRD : Justement, avez-vous estimé le surcout pour le groupe Serfim ?
A. M. : Le surcout lié à cette nouvelle organisation du travail, au retard et délai qui s’allongent, est un point sur lequel nous travaillons. Il est surtout très variable en fonction des métiers, plus ou moins spécifiques, de la coactivité. Pour certains, le surcout est de l’ordre de 3 à 4 % et pour d’autres, c’est 12 à 15 %. Globalement, nous travaillons en bonne intelligence avec nos clients, ils sont à l’écoute. Maintenant, la période va être difficile pour tout le monde. Sachant que nous ne sommes pas dans des secteurs à forte marge, de l’ordre de 2 à 3 %, le calcul sera alors vite fait si l’ensemble du surcout est payé par les entreprises. Sur le secteur public, sachant qu’il représente 50 % de nos activités, l’état se doit de donner l’exemple en quelque sorte.
 
RVRD : La crise aura-t-elle des répercussions sur la stratégie du groupe dans les prochains mois ?
A. M. : En 2019, Serfim a réalisé 410 millions de chiffre d’affaires. Nous tablons sur 10 % de moins cette année. Notre ligne de conduite, en termes de résilience, grâce à nos activités très diversifiées, nous permet de nous ajuster, même si la crise a touché tous les secteurs. Parfois critiquée, car assez complexe, cette stratégie nous permet finalement de surmonter les périodes plus difficiles. Les trois activités portées par Serpollet, vaisseau amiral du groupe, à savoir, les réseaux de distribution et de transmission, l’aménagement de la ville avec l’éclairage public et l’équipement des bâtiments, sont à la fois diversifiées et techniques. Notre rôle est capital, car nous intervenons sur ces infrastructures et réseaux, pour la sécurisation ou l’enfouissement des lignes HT. Nous participons également au développement des nouveaux réseaux liés aux énergies renouvelables et dans le secteur de l’éclairage, dans les villes, la recherche de l’efficacité énergétique n’est jamais loin. Nos métiers continuent d’être pertinents, c’est certain.
 
RVRD : Ces atouts vont-ils une nouvelle fois conforter votre stratégie ?
A. M. : À ce stade, nous avons quand même une logique de maitrise de notre budget d’investissement. Nous n’avons pas tout arrêté, mais nous avons besoin de sonder d’abord la profondeur de la crise. À fin juin, nous reverrons les perspectives fixées à fin 2021. Cette crise nous pousse à travailler plus sur des contrats à plus ou moins long terme, qui nous sécurisent sur plusieurs années et nous aident à passer certains caps comme celui-ci. Alors même si aujourd’hui, nous nous donnons un temps de réflexion, nous poursuivrons notre logique de diversification. Une croissance externe qui pour Serfim a toujours été menée de façon maîtrisée et modérée avec de petites acquisitions, très rarement de plus grosses. Pour réussir ces opérations, nous considérons que l’humain est la clé, et que pour reprendre une entreprise dans de bonnes conditions, il faut des petites structures.
 
RVRD : Pas de changement de cap, mais de nouveaux secteurs à explorer peut-être ?
A. M. : Forcément, cette période fait réfléchir à beaucoup de sujets. Des réflexions sont encore à mener en termes d’organisation ces prochaines semaines, comme le maintien des gestes barrière dans une certaine mesure, le rôle de la médecine du travail, plus présente peut-être, le télétravail, mais pas forcément à 100 %.
Selon la relance, nous mettrons alors l’accent sur certaines activités, comme la fibre optique par exemple. Nous privilégierons la dette utile avec de la main-d’œuvre non délocalisable. De mon côté, de par ma formation, je me penche davantage sur les énergies renouvelables, solaire et hydroélectricité, qui nous permettent de faire travailler de manière transverse tous nos métiers et qui restent des actifs stables.
Alors oui, nous allons aujourd’hui devoir ajuster un peu notre stratégie, mais je continue de croire en nos métiers à la fois historiques, mais aussi d’avenir, pour construire nos infrastructures.
Alexandra Mathiolon, directrice générale du groupe Serfim.
PARTAGEZ
À LIRE ÉGALEMENT
Les eaux de pluie, on s'en sert ou pas ?
Les eaux de pluie, on s'en sert ou pas ?
Très haut débit : ielo veut redonner le pouvoir aux collectivités
Très haut débit : ielo veut redonner le pouvoir aux collectivités
La pile à hydrogène enfin moins chère ?
La pile à hydrogène enfin moins chère ?
Veolia s'apprête à céder sa filiale SADE à NGE
Veolia s'apprête à céder sa filiale SADE à NGE
Tous les articles Réseaux VRD
L'essentiel de l'actualité de la construction
Ne manquez rien de l'actualité de la construction !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS