Après un excellent début d’année avec pas moins de 10 tunneliers en pleine activité sur la ligne 14 sud (lot 3), la ligne 15 (lot T2B), Eole (la ligne E du RER), et la montée en puissance des travaux sur la ligne 16 (lot 1), l’activité des travaux souterrains en France a été freinée avec le premier confinement, malgré un redémarrage assez rapide de la production, dès mi-avril. Certains chantiers, comme les galeries de reconnaissance entre les descenderies de St Martin la Porte et La Praz (73) sur le projet du Lyon-Turin, ont continué leur activité de manière ininterrompue. « Le Grand Paris Express est le projet majeur de notre activité, indique Loïc Thévenot, directeur Grands Travaux Souterrains pour Eiffage Génie Civil et président du SPETSF (1). Il représente 90 % du chiffre d’affaires d’Eiffage Génie Civil en travaux souterrains ». Au total, près de 2 500 compagnons du Groupe œuvrent pour des travaux de creusement ou de génie civil en sous-sol sur ce projet d’envergure.
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Le marché des travaux souterrains est un marché de niche qui évoluait entre 400 et 600 millions d’euros par an jusqu’à la concrétisation du Grand Paris Express, d’Eole et des tunnels du Lyon Turin. « Ce marché a connu une très forte évolution depuis 2016 pour dépasser les 2 milliards d’euros annuel », estime le responsable. Un CA global exceptionnel, qui risque néanmoins de dégonfler en 2021. La première phase du Grand Paris Express se prépare en effet à s’achever, et la quasi-totalité des tunneliers engagés auront finalisé leurs travaux de creusement d’ici la fin de l’année. « Même s’il reste beaucoup de travaux de génie civil et d’équipement sur les opérations en cours, la prochaine phase de travaux des lignes 15 Est et Ouest ne permettra pas d’atteindre un volume d’activité similaire à celui de ces dernières années. Les travaux du lot 3 de la ligne 16 et du lot 1 de la ligne 18 compenseront toutefois partiellement cette baisse », nuance Loïc Thévenot.
Du boulot pour dix ans
Sur les chantiers, le respect des gestes barrières et le rappel quotidien des consignes sanitaires inhérentes au virus Covid-19, ont eu un impact sur l’organisation des postes. Faire descendre une équipe de 20 personnes par un ascenseur de chantier, limité désormais à 4 personnes, prend 5 fois plus de temps. Mais cette nécessaire adaptation est finalement peu de chose comparée au niveau d’activité attendu dans les dix prochaines années. « La profession compte beaucoup sur les trois lots de la partie internationale du Lyon-Turin en cours d’appel d’offres, en attendant les 4 lots des lignes 15 Ouest et Est du Grand Paris Express, souligne Loïc Thévenot. D’autres beaux projets, comme la troisième ligne du métro de Toulouse, le projet Cigéo, ou encore la ligne E du métro de Lyon sont à venir ».
Hygiène et sécurité
Au-delà de sa mission de représentation des métiers des travaux souterrains à la FNTP, le SPETSF a vocation à intervenir sur les sujets d’hygiène et de sécurité particulièrement importants en travaux souterrains. Avec l’appui de l’OPPBTP, des groupes de travail spécifiques formés de techniciens et ingénieurs réfléchissent sur les dispositions à prendre en matière de lutte contre les poussières, de ventilation, de conformité des matériels utilisés par la profession. « Nous participons également à des groupes de réflexion sur la décarbonation de nos métiers qui passe par la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, ajoute le président. La formation des personnels est aussi un point important, nous sommes par exemple partenaire du Master initié par l’Aftes (2) en partenariat avec l’INSA Lyon et l’ENTPE (3).
(1) Syndicat professionnel des entreprises des travaux souterrains de France
(2) Association française des tunnels et espaces souterrains
(3) Ecole de l’aménagement durable des territoires