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ENVIRONNEMENT

[Reportage] Reconversion vertueuse aux portes de La Défense

FRANCK BOITTIAUX, LE 16 AVRIL 2020
\ PUBLIÉ DANS MAT ENVIRONNEMENT N° 96
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[Reportage] Reconversion vertueuse aux portes de La Défense
À La Garenne-Colombes (92), aux portes de La Défense, un vaste chantier de démolition vient de se terminer. Sur une surface totale de plus de 10 ha, tout un quartier industriel, auparavant occupé par un centre R&D de PSA Peugeot-Citroën, sera progressivement reconverti d’ici 2030, notamment pour accueillir le nouveau siège d’Engie, un centre souterrain pour bus électriques de la RATP, mais aussi un grand parc de 4 ha, dont 2 ha ouverts au public. L’opération se veut vertueuse dès l’étape de la déconstruction.

Depuis quelques années, environ un tiers du territoire de La Garenne-Colombes (92) – 30 000 habitants au Nord-Ouest de Paris – est entré dans le giron de l’Etablissement Paris La Défense. Après la longue requalification du quartier des Champs-Philippe, une nouvelle zone d’environ 13 hectares a commencé, à son tour, sa métamorphose, qui s’étalera jusqu’en 2030.

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Occupé jusqu’en 2018, sur une majeure partie, par un centre de recherche & développement, d’essais, de vente, de réparation et de SAV du constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën construit dans les années 1920, cet ancien quartier à vocation industrielle se destine à accueillir de nouvelles activités tertiaires, tout en s’ouvrant sur la ville. Au total, 255 000 m² de surface de plancher seront construits pour accueillir des bureaux, des logements, mais aussi des équipements publics, des commerces, ou encore un centre bus souterrain pour les futurs bus électriques exploités par la RATP.

Selon l’avis délibéré de la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAe), le cœur de ce projet d’aménagement « PSA-RATP-Charlebourg » s’étale sur 9 hectares et correspond à l’ancienne emprise du constructeur automobile qui a été acquise par le groupement Garenne Aménagement, une société privée de Nexity et d’Engie. À côté, le site « RATP + franges » inclut principalement, sur une superficie de 3,3 ha en surface, un centre de remisage et de maintenance pour 190 bus de la RATP, tandis que le site « Charlebourg » accueille des habitations, commerces et bureaux sur 2,6 ha.

Trois sites BASIAS recensés

Alors que trois sites BASIAS y sont recensés (site PSA, dépôt de bus RATP et ancien garage déjà fermé) à cause de la présence de composés organiques volatils, principalement en hydrocarbures lourds et aromatiques polycycliques, cette vaste zone est située à un endroit stratégique, le long du tramway T2, près de deux gares existantes (Transilien, RER A), mais aussi à proximité d’une nouvelle gare en construction (RER E Eole), qui sera interconnectée dans quelques années avec la future ligne 15 du Grand Paris Express.

Ainsi, le vaste projet prévoit la création d’un parc de 4 ha, dont 2 ha ouverts au public, du Campus Engie, futur siège de l’énergéticien, sur une surface de 136 000 m², mais aussi la création en sous-sol d’un centre de remisage de la RATP de 50 000 m² permettant d’accueillir 250 à 270 bus électriques, à la place du centre actuel, situé en surface. En parallèle, une opération mixte 56 000 m² de surface de plancher comprendra une concession automobile PSA sur 5 000 m², des bureaux sur 23 000 m², un établissement scolaire sur 23 000 m², des commerces et activités sur 3 000 m², ou encore des logements sur 1 000 m².

Si la livraison du Campus Engie est envisagée entre fin 2022 et 2023, celle du centre bus de la RATP entre 2024 et 2025 (pour permettre à la RATP de respecter le plan bus 2025 prévoyant l’électrification des centres bus) et celle du parc public en 2025, l’opération gigantesque devrait s’étaler jusqu’à 2030 pour les dernières constructions. À noter que le centre bus et la concession automobile ne seront détruits que lorsque leurs nouveaux locaux respectifs seront construits, afin d’éviter une rupture d’activité, le concessionnaire étant l’un des plus rentables du réseau.

Récupération dans les bâtiments avant la déconstruction

Dès la phase de déconstruction, ce projet a été pensé pour se montrer vertueux. Sur la zone principale de 9 ha à démolir, que nous avons visitée fin 2019, différentes modalités de déconstruction ont été mises en œuvre pour donner une seconde vie aux matériaux provenant des bâtiments pendant la phase de curage. Sur le bâtiment le plus récent, construit en 2013 et dépourvu d’amiante, l’association RéaVie a ainsi été mandatée par Eiffage Démolition, en charge de la déconstruction du lot A, pour effectuer une dépose méthodique de tout ce qu’il était possible de récupérer.

Les salariés en insertion de l’association se sont ainsi évertués à dévisser les cloisons, ou encore à démonter les lavabos des sanitaires afin de les emmener sur une plateforme de stockage pour qu’ils soient triés, nettoyés, réparés si besoin, puis reconditionnés avant d’être vendus à des particuliers ou des associations. Pas moins de 600 m de cloisons ont ainsi été récupérés plutôt que détruits. Un bel exemple d’économie circulaire !

Dans la même veine, Premys-Brunel, en charge du lot B, a récupéré et rénové, après désamiantage, 20 000 m² de faux plafond technique dans un bâtiment construit dans les années 1930. De son côté, EPC-Occamat, a installé sa base vie au sein d’un bâtiment existant avant de le démolir plutôt que d’en installer une en préfabriqué.

Trois lots pour la déconstruction
Commencée en décembre 2018 et terminée fin 2019, la déconstruction a été coordonnée par Artelia (maître d’œuvre) et Antea (assistant à maîtrise d’ouvrage), tandis que les trois lots du chantier ont été attribués à Eiffage Démolition (lot A), Premys-Brunel (lot B) et EPC Occamat (lot C). Les chiffres du chantier donnent une idée de l’ampleur des travaux réalisés. Au total, il a ainsi fallu terrasser et évacuer 300 000 m3 de terre, mais aussi gérer 3 420 t de DIB, 9 100 t de ferrailles et 112 000 t de béton suite à la démolition de 12 bâtiments (dont un mesurant 280 m de long) et un parking représentant un total de 113 400 m² de surface de plancher. De même, il a fallu envoyer 2 760 t de déchets dangereux en ISDD car une toiture du lot B était polluée au HAP, tandis que quasiment tous les bâtiments ont subi un désamiantage avant d’être déconstruits, ce qui était particulièrement vrai pour le lot B. Enfin, la MRAe estime qu’environ 10 000 t de déblais ont pu être réutilisées sur place, les matériaux concassés servant à créer des pistes de chantier.

Selon Florence Guyot, directrice de travaux d’Eiffage Démolition, pendant le pic d’activité sur le lot A, « une quarantaine de personnes a été mobilisée pendant le curage ». En parallèle, « huit à dix pelles de démolition » étaient en action, dont « une de 50 t munie d’un bras long de 28 m », précise-t-elle. Pour limiter au maximum les nuisances pour les riverains (des immeubles neufs jouxtent le chantier), un arrêté de la ville autorise le bruit uniquement entre 8h et 17h.

Les camions arrivant souvent dès 6h, ils devaient donc attendre sur le chantier que l’activité débute. De même, des brumisateurs étaient utilisés – deux à trois rien que pour le lot A – pour éviter d’émettre de la poussière, sans compter ceux installés sur les pelles de démolition.
Après les travaux de déconstruction de cette parcelle de neuf hectares, terminés en novembre dernier, une équipe de l’INRAP est intervenue jusqu’à 6 m de profondeur pour effectuer des fouilles. Dorénavant, place aux travaux du futur siège d’Engie, que les équipes peuvent observer depuis leurs bureaux dans leur actuelle tour de La Défense – située à 700 m – et qui permettront de créer un site se voulant exemplaire sur de nombreux points.

Le futur Campus, une vitrine pour Engie

À l’emplacement des lots A et B, Engie a en effet l’ambition de créer, en partenariat avec Nexity un éco-site de 136 000 m² pour accueillir son nouveau siège, tout en démontrant son expertise en matière de transition énergétique et environnementale. Destiné à accueillir environ 9 000 collaborateurs et partenaires, ce site, composé de six immeubles de 6 ou 7 étages, comprendra 6 000 m² dédiés à la création et à l’innovation, un parc de 2 hectares (2 autres hectares de parc public seront aménagés ensuite), tout en se voulant exemplaire en matière d’autonomie énergétique.

Ainsi, le groupe réalisant plus de 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires et comptant 160 000 collaborateurs au niveau mondial, compte faire de ce QG francilien une vitrine. Le campus sera en effet alimenté en chaud, froid et électricité à partir « d’un mix énergétique constitué de 100 % d’énergies renouvelables », selon un communiqué diffusé par Engie fin novembre 2019. Ainsi, la géothermie permettra de couvrir entre 70 et 90 % des besoins en chaud et froid, tandis que seront également installés des panneaux photovoltaïques, des chaudières à biométhane, du stockage d’électricité, ou encore un smartgrid (réseau électrique intelligent pour adapter les flux en temps réel) et de la blockchain (base de données sécurisée).

Conçu comme un prototype de la ville durable de demain, qui sera régulièrement ouvert aux habitants du quartier, le futur Campus d’Engie offrira également une mutualisation des services en accueillant en son sein une salle de sport, une crèche, une maison médicale, une conciergerie, ou encore des restaurants. Pour Pierre Deheunynck, directeur général adjoint d’Engie, « ce projet sera la vitrine de la stratégie zéro carbone du groupe Engie. Conçu comme un espace de vie inclusif, en continuité de la ville et ouvert aux riverains, l’éco-site représentera la ville intelligente de demain. »

Ce futur éco-site, conçu par les agences d’architecture SCAU–Chaix et Morel et Associés-Art & Build, ainsi que par le paysagiste Base, vise par ailleurs les certifications HQE Excellent, Breeam Excellent, le label Biodervicity pour les aspects environnementaux, ainsi que la certification Wired Score Gold et le label Osmoz, qui distinguent la connectivité et la qualité de vie au travail. Alors que la première pierre doit être posée courant 2020, l’emménagement se fera par vagues entre fin 2023 et 2024, mais les travaux se poursuivront dans ce quartier jusqu’en 2030.


Le chantier de déconstruction-dépollution en bref
Maître d’ouvrage : La Garenne Aménagement (Nexity + Engie)
Maître d’œuvre : Artelia
Assistant à maîtrise d’ouvrage : Antea
Terrassement : 300 000 m3 à évacuer

Lot A :
Eiffage Démolition (7 bâtiments + 1 parking)
1 500 t de DIB
1 500 t de ferrailles
30 000 t de béton
7 bâtiments de 60 000 m² de plancher

Lot B :
Premys-Brunel (4 bâtiments dont 1 de 280 m de long)
1 500 t de DIB
7 000 t de ferrailles
60 000 t de béton
4 bâtiments de 52 000 m² de plancher

Lot C :
EPC-Occamat (1 bâtiment)
430 t de DIB
600 t de ferrailles
22 000 t de béton
1 bâtiment de 1 400 m²

Autres maîtrises d’ouvrage :
Neximo 118 (centre bus RATP)
Paris La Défense (parc public, deux nouvelles rues et requalification de la voirie existante)
À définir pour les autres projets



© Engie/Nexity
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