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BÂTIMENT - GROS OEUVRE

Et si l’intelligence artificielle pouvait aider la construction à passer la crise ? 

PUBLIÉ LE 2 JUIN 2020
CHARLOTTE DIVET
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Et si l’intelligence artificielle pouvait aider la construction à passer la crise ? 
Avec la crise sanitaire, beaucoup de projets de construction ont dû revoir leur planning et trouver des solutions pour reprendre. Véritable outil collaboratif d’aide à la décision intégrant l’intelligence artificielle, Spacemaker est déjà adopté par certains majors du BTP Français et présente de nombreux intérêts, notamment dans le contexte actuel. Explications avec Havard Haukeland, l’un des trois co-fondateurs de cette start-up norvégienne. 
ConstructionCayola : Pouvez-vous nous expliquer le principe de Spacemaker ? 
Havard Haukeland : Avant de fonder avec mes deux associés Spacemaker, j’ai travaillé en tant qu’architecte sur la planification de projets résidentiels et de bâtiments à usage mixte en zone urbaine. Constatant que les enjeux contemporains en matière de construction impliquent la multiplication de projets complexes et le besoin de construire plus rapidement des bâtiments à la fois résistants et résilients, nous avons lancé, en 2016, Spacemaker. Intégrant l’intelligence artificielle, ce dernier a pour vocation première de permettre aux différents acteurs d’un projet (promoteurs immobiliers, architectes, bureaux d’études, collectivités, etc.) d’interagir sur un même outil, en prenant en compte toutes les contraintes et attentes, pour aider aux décisions et optimiser le design en conséquence. Plus concrètement, l’utilisateur de Spacemaker peut soit utiliser la fonction de design génératif intégré au logiciel soit partir d’un modèle préexistant, mais peut aussi télécharger des propositions.  Grâce à l’intelligence artificielle, des millions de possibilités de design sont générées parmi lesquelles l’utilisateur choisit celles qui l’intéressent le plus. Puis, l’utilisateur peut affiner de manière itérative ces propositions en utilisant les fonctionnalités de conception et d’analyses pour finalement arriver à des plans de conception détaillés des meilleures options possibles. Ou alors en important sa propre proposition, l’utilisateur peut aussi l’affiner itérativement. Dans les deux cas, il réalise plus rapidement ses études de faisabilité et d’avant-projet dans un seul et unique outil, sans interruption. En tenant compte dès les premières phases de son projet de multiples critères tels que la luminosité, la vue, le bruit ou le nombre d’appartements pour ne citer qu’eux, l’utilisateur est en mesure d’optimiser le potentiel de construction aussi bien en matière de densité que de qualité de logement. 


Carl Christensen (directeur technique), Havard Haukeland (directeur général) et Anders Kvale (président) sont les trois fondateurs de Spacemaker. DR. 

Le secteur de la construction est, lui-aussi, impacté par la crise sanitaire liée au Coronavirus, pensez-vous que l’intelligence artificielle puisse aider à accélérer la reprise d’activité ? 
Incontestablement. Avec le confinement, de nombreuses personnes ont dû revoir leurs manières de travailler, à commencer par le lieu, en télé-travaillant plutôt que de se déplacer au bureau. Et, tout l’avantage de Spacemaker, c’est justement qu’il fonctionne avec le cloud et qu’on peut y accéder peu importe le lieu où on se trouve. En d’autres termes, plusieurs professionnels peuvent tout à fait travailler en même temps sur notre plateforme même s’ils sont basés dans des villes ou pays différents. Dans le contexte actuel, cela montre un intérêt certain pour assurer une collaboration professionnelle. Par ailleurs, nous savons que la multiplication d’acteurs différents mobilisés sur un même projet est inévitable et impacte la durée de mise en oeuvre du projet en lui-même sauf lorsque les échanges interviennent au plus tôt de la planification. Par exemple, en Norvège, dans le cadre d’un projet résidentiel, grâce à Spacemaker, des partenaires nous ont confié avoir réduit le temps de réalisation du bâtiment, qui aurait pris dix-huit mois en temps normal, à six mois. Et, pour cause ils ont pris le temps de considérer tous les problèmes et complexités qu’ils pourraient rencontrer au fur et à mesure de l’avancement du projet, en amont, et sont parvenus à une proposition qui réponde aux attentes du client et de la municipalité, dans le respect du PLU. Un travail précis de planification qui a permis un gain de temps sur la réalisation. 
 

D’après vous, est-ce que le secteur en France est suffisamment ouvert à l’intelligence artificielle ? 
Déjà, il faut préciser que les besoins en logements sont très forts à Paris et que, par conséquent, une réponse urgente sur le plan de la construction est attendue. Comme dit précédemment, l’usage de l’intelligence artificielle dans le secteur peut aider à concevoir plus rapidement et aussi plus durablement tout en maximisant le confort des logements. Il y a près de cinq ans, je ne suis pas sûr que l’industrie était prête à s’imprégner des nouvelles technologies pour les mettre au service de la construction. Aujourd’hui, nous savons que de nombreuses entreprises sont prêtes pour ces technologies et, d’ailleurs, celles-ci sont aussi, à présent, disponibles. En France, nous avons constaté un intérêt massif, de la part de grands groupes, pour de telles technologies, notamment Bouygues et Vinci. 

Comment imaginez-vous la ville de demain ? 
En 2050, le monde accueillera environ 10 milliards d’habitants, soit près de 2 milliards de personnes supplémentaires. Pratiquement la majorité d’entre eux vont vouloir vivre et travailler en ville. La densité des villes est donc en croissance. C’est pourquoi, si nous souhaitons gérer ce développement de façon durable et rassembler tous les critères pour construire des bâtiments avec une meilleure efficacité énergétique, nous devons repenser l’aménagement, le design de nos villes. L’enjeu est certes un développement rapide mais également la création d’espaces de vie agréables. Il est important de concevoir des projets urbains qualitatifs qui prennent en compte les problèmes rencontrés en ville tels que les nuisances sonores, les îlots de chaleur urbains ou encore l’amélioration de la luminosité. Et, je suis persuadé que les nouvelles technologies joueront un rôle central, dans les prochaines années, pour repenser nos villes. Les métiers ont, eux aussi, évolué avec la complexité des projets. Les architectes, les urbanistes et promoteurs passent ainsi davantage de temps encore à faire des calculs, c’est essentiel. Pour répondre à votre question, je ne sais pas réellement à quoi ressembleront les villes de demain mais il est certain que les logiciels collaboratifs sont des éléments essentiels de l’évolution de l’industrie de la construction.
 
Aperçu de différentes fonctionnalités de Spacemaker. DR. 
 
Havard Haukeland, co-fondateur et directeur général de Spacemaker. DR.
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