Comme 90% des entreprises de la profession, le groupe familal Rougeot a décidé d’arrêter ses chantiers dès l’annonce du confinement. Seuls certains de ses collaborateurs restent mobilisés sur les interventions sécurité, gaz, réseaux et gestion de déchets.
« La position du groupe Rougeot, c’est que nous écouterons les instructions fermes de la FNTP. Hier encore, le président Bruno Cavagné a précisé qu’on retournera sur les chantiers avec des protocoles clairs et quand il y aura zéro risque pour nos salariés. Nous sommes sur cette ligne-là », a expliqué David Guio, directeur général du groupe le 24 mars dernier.
Il ajoute également que face aux incertitudes dans la communication des gouvernants, le groupe Rougeot a fait le choix de privilégier les hommes. « Nous considérons qu’avec nos 600 collaborateurs, nous sommes tous de la même famille. Je pense que Muriel Pénicaud* prend soin de sa famille et ne l’envoie pas au risque et bien nous non plus. Rien ne justifie, aujourd’hui, que nous envoyions nos collaborateurs pour construire des bâtiments pour des promoteurs à part, peut-être, le fait que l’Etat ne puisse pas payer le chômage », ajoute le directeur général.
« Nos dirigeants connaissent très mal le BTP »
David Guio a, par ailleurs, trouvé les propos de Muriel Pénicaud « scandaleux » lorsqu’elle a déclaré, le 19 mars dernier, que « le pays ne doit pas s’arrêter » en soulignant l’acte civique que représente celui de maintenir une activité professionnelle et en visant directement le BTP pour que les chantiers reprennent. « Le BTP c’est plus de trois millions de salariés et des métiers très difficiles. Le seul problème, c’est que nous sommes dirigés par des personnes qui ne savent pas ce qu’est le BTP. Depuis Paris, c’est facile d’expliquer qu’il faut que deux ouvriers se tiennent à un mètre de distance, surtout quand on se trouve, soi-même, dans un ministère parisien ».
En précisant que les travaux publics représentent un métier d’incompris, il revient également sur la suppression du taux réduit de TICPE sur le GNR, qui constitue un autre exemple de méconnaissance du secteur de la part des dirigeants. Il faut savoir que pour l’entreprise familiale, cette suppression de dégrèvement fiscal va coûter 800 000 € par an. Avec ironie, il conclut : « Je pense que je vais inviter la ministre à venir à un redémarrage de chantier, qu’elle passe une journée avec nous, qu’elle observe sur un chantier de 3 000 m², quarante ouvriers qui ne doivent pas se toucher à aucun moment. ».
Certains collaborateurs du groupe familial sont encore sur le front, à savoir ceux qui assurent les interventions sécurité, gaz, réseaux et gestion de déchets. Mais, ils doivent respecter des procédures très spécifiques de sécurité, les gestes barrières et les distances préconisées.
*Muriel Pénicaud, ministre du Travail
David Guio, directeur général du groupe Rougeot. Crédit photo : Michel Joly.