Depuis son adhésion à l’UE, le Portugal a développé un réseau routier très dense au détriment du transport ferroviaire qui bénéficie de peu d’investissements. Le pays ne dispose pas de ligne à grande vitesse et le projet emblématique d’une ligne Porto-Lisbonne peine à se concrétiser. Mais le vent est en passe de tourner.
L’annonce est tombée le 21 juillet à l’aube. Après cinq jours de négociations, la Commission européenne a finalement trouvé un accord sur le plan de relance européen. Sur les 750 milliards d’euros issus des fonds européens, une enveloppe de 45 milliards sur 7 ans a été assignée au Portugal. Loué par le premier Ministre portugais, Antonio Costa, et approuvé par le Parlement, ce plan entrera en vigueur au 1er janvier prochain. Le tour de table nécessaire a été bouclé en associant les fonds européens (12 Md€), le budget national (idem), des investissements privés à hauteur de 14,2 milliards et le plan de relance. Une excellente nouvelle donc pour la filière ferroviaire de ce pays qui n’a connu aucun investissement majeur depuis plus d’une décennie. Entre 2008 et 2018, le Portugal n’a pas acheté de matériel roulant neuf. Par ailleurs, l’entreprise publique IP a reporté ou annulé 18 projets prioritaires du plan Ferrovia 2020 (principalement ceux du Nord et du Centre du Portugal). Le taux d’exécution du plan ferroviaire PETI 3+2 et Ferrovia 2020 s’élevant à seulement 53 % fin 2019.
Une tête d’affiche Sur ces 45 Md€, près de la moitié sera consacrée aux transports et en premier lieu à la liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lisbonne et Porto, à achever à l’horizon 2030 et pour laquelle le Portugal allouera 4,5 Md€. Cette LGV, la première au Portugal devrait commencer au sud de Porto. Elle serait établie dans un premier temps à écartement ibérique et permettra aux trains exploités par Infraestruturas de Portugal (IP) de rouler 250 km/h, en attendant l’achèvement complet de la ligne qui passerait ensuite à l’écartement européen avec une vitesse portée à 300 km/h afin d’atteindre l’objectif d’une liaison Lisbonne - Porto en 1h15. D’après un fin connaisseur du dossier, cette ligne nouvelle pourrait ensuite être prolongée de Porto à Vigo en passant par Braga, pour une liaison Porto - Vigo en une heure et assurer la jonction avec le réseau à grande vitesse espagnol.
Des projets structurants Le plan comprend également un important chapitre relatif à l’électrification du réseau, avec une enveloppe de 740 M€ dont une bonne part sera accaparée par la modernisation de la ligne urbaine de l’Estoril et son passage d’une alimentation de 1 500 V au monophasé 25 kV. Sont concernés aussi l’amélioration des dessertes de banlieue autour de Lisbonne et de Porto (290 M€), la modernisation de la signalisation avec le passage vers l’ERTMS (270 M€ fléchés) et l’amélioration de l’intermodalité fer - mer (200 M€). Selon le webmagazine TransportRail, de nouvelles infrastructures sont également prévues avec en particulier une ligne de 36 km pour la vallée de Sousa, au nord-est de Porto, estimée entre 200 et 300 M€, et pas moins de 750 M€ consacrés à l’amélioration du maillage du réseau, notamment vers l’Espagne, pour développer le transport de marchandises et prolonger les investissements dans les ports. Enfin, mentionnons qu’à ce plan de relance viendra s’ajouter en 2021, 384 M€ supplémentaires pour le ferroviaire ainsi que le prévoit le projet de budget 2021, pour un montant en forte hausse par rapport à 2020 (+ 54 %).
Portugal, état des lieux Le chemin de fer au Portugal, ce sont 3 621 km de lignes dont 2 562 km exploités. Plus de la moitié est à voie unique (1 639 km). Un tiers du réseau est électrifié (1351 km). Ce réseau desservant 500 gares environ est composé d’un axe nord-sud, de trois liaisons avec l’Espagne et des réseaux périurbains de Lisbonne et Porto.
