L’organisme Buitparif, qui évalue l’environnement sonore en région parisienne, a analysé les mesures des 69 stations composant son réseau permanent de captation, disséminées à proximité des artères passantes, voies ferrées et aéroports, mais aussi dans huit quartiers animés de Paris, pendant les huit semaines de confinement (soit du 16 mars au 10 mai), puis pendant les sept premières semaines du déconfinement (soit du 11 mai au 28 juin).
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Le bruit routier à – 74 %
À la lecture de ces résultats, force est de constater que le confinement a eu des effets spectaculaires sur l’environnement sonore des franciliens ! Ainsi, le bruit routier, mesuré à l’aide de 18 capteurs situés sur des artères parisiennes passantes et le long de plusieurs autoroute, a diminué en moyenne de 74 % pendant les huit semaines de confinement, ce qui équivaut à – 5,9 dB(A). Selon les stations, la baisse s’est révélée plus ou moins significative, de l’ordre de – 54 à – 87 %, soit – 3,4 à – 8,9 dB(A).
À noter que la diminution était encore plus marquée les jours de week-end et la nuit. De même, les riverains des grandes artères situées dans Paris intra-muros ont bénéficié d’une plus forte baisse, de l’ordre de 7 dB(A), que ceux du réseau de voies rapides (- 4,8 dB(A)). Pour mémoire, une augmentation de 3 dB correspond à une énergie sonore multipliée par deux mais, comme l’explique Bruitparif sur son site, dans une rubrique baptisée « perception », il faut une différence de 10 dB pour avoir l’impression d’un bruit est deux fois plus fort. Enfin, les moments les plus calmes ont été relevés entre la deuxième et la sixième semaine de confinement.
- 30 dB(A) aux abords des aéroports
Concernant les autres moyens de transport, le bruit lié à l’activité ferroviaire a diminué de 71 % en moyenne, soit – 5,3 dB(A). Quant au bruit relevé aux abords des aéroports parisiens, il s’est effondré de façon drastique, jusqu’à – 30 dB(A) certaines semaines ! Il faut dire que le trafic aérien a littéralement fondu de l’ordre de 85 à 90 %, ce qui a entraîné la fermeture de l’aéroport d’Orly pendant plusieurs semaines, ainsi que du doublet sud de Roissy-Charles de Gaulle. Enfin, alors que l’arrêt de certains grands chantiers a permis aux riverains de bénéficier d’un environnement sonore plus calme, avec une diminution pouvant atteindre 20 dB(A) pendant un à deux mois, ceux vivant dans des quartiers animés ont profité d’une diminution de 6 à 20 dB(A), en raison de la fermeture des cafés et restaurants.
Au final, selon les calculs de Bruitparif, les pourcentages de personnes exposées à des niveaux de bruit qui dépassent les valeurs limites ont fortement diminué. Il est par exemple passé de 11 % à 2 % en matière de bruit routier, selon l’indicateur Lden qui fixe la limite à 68 dB(A), et même de 3 % à 0 la nuit ! Pour le bruit ferré, ce pourcentage est passé de 1 % à 0 pour une limite de 65 dB(A), et de 4 % à 0 pour le bruit aérien, dont le curseur est fixé à 55 dB(A). Ainsi, dans la zone la plus dense de la région, une diminution permanente de bruit à un tel niveau permettrait de passer de 108 000 années de vie en bonne santé perdue par an à 50 000, soit une diminution d’environ 54 %.
Le réseau de mesure du bruit utilisé pour l’étude de Bruitparif
69 stations en Ile-de-France dont :
9 sur voirie urbaine dans Paris intra-muros
9 sur le réseau francilien de voies rapides
9 sur le réseau ferroviaire
25 destinées à mesurer les nuisances aériennes
30 au sein de 8 quartiers animés de Paris
17 à proximité de chantiers