La mécanisation permet aux chantiers de gagner en performance, et de faciliter le travail des compagnons du BTP sur les chantiers. Cependant, les engins de chantier représentent également une source majeure de risques lorsque des piétons évoluent à proximité. En effet, organisation des flux insuffisante, angles morts ou perte de vigilance des conducteurs ou des piétons peuvent entraîner des conséquences dramatiques sur les chantiers. Chaque année, entre 10 et 20 accidents graves ou mortels sont enregistrés dans le secteur du BTP en France. Ils se distinguent par leur forte gravité, puisque la moitié des accidents recensés sont mortels. Les Travaux Publics concentrent environ 70 % de ces accidents, contre 30 % pour le Bâtiment. Toutes les tailles d’entreprises sont concernées : 40 % des accidents surviennent dans des entreprises de plus de 500 salariés, 35 % dans des structures de 20 à 499 salariés, et 25 % dans des structures de moins de 20 salariés.
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Les répondants témoignent d’une forte exposition au risque : 47 % déclarent travailler tous les jours à proximité d’un engin, et 21 % plusieurs fois par semaine. Ils travaillent le plus souvent avec des véhicules légers (69 % des répondants), mais également avec des poids lourds (42 %), des mini-pelles de 6T ou moins (34 %), des pelles de plus de 6T (32 %) et des chariots élévateurs de chantier (30 %).
Par ailleurs, 14 % des professionnels interrogés déclarent avoir déjà vécu un heurt, directement ou indirectement, confirmant la présence du risque sur les chantiers. Parmi eux : 65 % déclarent qu’un collègue a déjà été victime, 29 % a déjà été témoin. Interrogés sur les causes perçues, les répondants identifient majoritairement : l’inattention du conducteur (69 %), l’inattention du compagnon au sol (59 %), et l’organisation du chantier (46 %). Cette tendance à attribuer l’accident au manque de vigilance illustre la place prépondérante donnée à la responsabilité individuelle. Enfin, si 85 % des répondants se déclarent « plutôt bien » ou « très bien » informés sur le risque de heurt, l’enquête révèle un écart notable entre cette perception et la réalité des pratiques. Parmi les 57 % de répondants qui dispensent formation et sensibilisation : 40 % n’ont pas d’échanges sur le sujet, 28 % mentionnent le CACES, 17 % évoquent des réunions courtes et régulières, 8 % organisent des ateliers pratiques avec mise en situation autour de l’engin. Ces résultats traduisent un phénomène clair : le risque est connu, mais insuffisamment pris en compte dans les pratiques quotidiennes. Ils justifient pleinement la mise en place d’une campagne nationale, dont l’objectif est précisément d’ancrer durablement la prise de conscience, de renforcer la vigilance des acteurs, et de promouvoir des actions concrètes, visibles et partagées sur l’ensemble des chantiers.
Aussi, pour la première fois, l’OPPBTP déploie une campagne nationale spécifiquement dédiée à ce risque. Organisée du 15 janvier au 14 mars 2026, elle est soutenue par les organisations professionnelles et syndicales des branches du bâtiment et des travaux publics (FNTP, FFB, CAPEB, CNATP, FN SCOP BTP, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CGT-FO), la Direction Générale du Travail, l’Assurance Maladie et les SPST.
Cette campagne, 7ème et dernière campagne du plan stratégique @H2025 de l’OPPBTP, s’inscrit dans la continuité des actions déjà menées par l’Organisme, notamment à travers le projet Stop Collision, qui vise à intégrer les systèmes de freinage automatique d’urgence sur les matériels de chantier. Complémentaire aux travaux autour des solutions techniques, cette nouvelle campagne met particulièrement l’accent sur le facteur humain : la prise de conscience, la vigilance et l’organisation des flux sur le chantier.
Elle vise trois objectifs : faire prendre conscience du risque de heurt engin-piéton ; sensibiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne, du compagnon au maître d’ouvrage ; promouvoir les bonnes pratiques organisationnelles, techniques et humaines.
Le concept créatif de la campagne de communication est né d’un travail collectif associant collaborateurs de l’OPPBTP, entreprises, organisations professionnelles et acteurs de la maîtrise d’ouvrage. Le concept retenu s’inspire de l’univers du crash test, pour sa capacité à interpeller les professionnels afin de susciter une prise de conscience, sans choquer. En mettant en scène les mannequins utilisés pour les tests automobiles, il illustre les conséquences graves que peuvent avoir un instant d’inattention ou une mauvaise organisation. Cette métaphore forte traduit une idée simple : le chantier n’est pas un lieu d’expérimentation, mais un espace où chaque geste compte. La campagne repose sur une accroche claire et facilement mémorisable, testée sur le terrain : « Le chantier, c’est pas un crash test ». Plébiscitée par les professionnels interrogés, cette phrase concentre tout l’enjeu de la prévention : rappeler que la sécurité ne doit jamais être mise à l’épreuve. En parallèle, l’OPPBTP met à disposition des entreprises de nouveaux outils pratiques pour renforcer la culture prévention autour de ce risque.