En croisant expertises métiers, approche sociologique et réflexion collective, à travers quatre scénarios contrastés et une analyse approfondie des tendances clés, l’étude explore les futurs possibles du secteur et offre des pistes concrètes pour mieux anticiper ses évolutions et renforcer son attractivité. Cette étude est mise à la disposition des organismes de formation aux métiers du BTP et des professionnels du bâtiment, afin de guider leur réflexion et leurs actions sur l’ensemble des territoires. Dans un contexte où le secteur du bâtiment doit relever des défis profonds (urgence écologique, attractivité morose, tensions sur l’emploi et transformations technologiques et numériques), le CCCA-BTP a souhaité répondre aux aspirations des jeunes générations en conduisant l’étude « Bâtir l’avenir à l’horizon 2035-2040 ». Inscrite dans une démarche d’anticipation stratégique, elle représente un outil d’aide à la décision pour imaginer dès maintenant une filière plus résiliente, plus attractive et mieux connectée aux aspirations des nouvelles générations et aux besoins des entreprises.
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À l’horizon 2040, les jeunes générations devront, dans tous les cas, vivre dans une France plus âgée, plus dégradée sur le plan climatique et environnemental et plus technologisée. Ce contexte pourra avoir des impacts sur les valeurs, l’état d’esprit et le bien-être des jeunes. Par ailleurs, le secteur du BTP sera lui-même confronté à un certain nombre de transformations liées au tissu des entreprises et à leurs besoins en main-d’œuvre. Le secteur du BTP devra ainsi faire face à des tensions significatives sur le marché de l’emploi, en raison des départs massifs à la retraite et des difficultés à attirer une main-d’œuvre suffisante. La reconversion vers la rénovation énergétique, bien que porteuse d’opportunités, pourrait s’accompagner d’une aggravation des tensions si les besoins en main-d’œuvre ne sont pas rapidement comblés.
Scénario 1 : « Le bâtiment à la recherche de jeunes talents : un défi persistant
Scénario 2 : « Entre opportunités et précarités : une jeunesse divisée »
Scénario 3 : « Le bâtiment, un potentiel durablement attractif pour les jeunes »
Scénario 4 : « La guerre des talents »
Les scénarios construits n’ont pas vocation à prédire l’avenir, mais ils permettent déjà de tirer plusieurs enseignements importants sur les évolutions possibles du secteur. Les conditions de travail jouent un rôle central ; selon les hypothèses, elles peuvent s’améliorer nettement ou, au contraire, se dégrader, notamment sous l’effet de facteurs extérieurs comme le changement climatique. Un autre point clé est bien sûr l’attractivité du secteur. Dans certains scénarios, elle reste un défi constant, alors que dans d’autres, elle s’améliore grâce à une transformation en profondeur des pratiques, des valeurs portées par les entreprises ou des opportunités de carrière plus claires pour les jeunes. L’idée d’un secteur du bâtiment qui se réinvente autour des enjeux écologiques est un scénario porteur, parce qu’il pourrait créer un véritable cercle vertueux : attirer davantage de jeunes, redonner du sens au travail et en même temps répondre à des enjeux environnementaux majeurs. Ces scénarios montrent qu’il n’existe pas un seul futur, ni un chemin unique. L’intérêt est justement de pouvoir se projeter, d’identifier les leviers d’action dès aujourd’hui, pour orienter les pratiques et les actions dans la bonne direction, dans une logique de réflexion stratégique face à l’incertitude.
Les acteurs du secteur du bâtiment peuvent s’appuyer sur plusieurs leviers. L’un des plus évidents est l’amélioration constante de la qualité de vie au travail, en particulier en assurant toujours la promotion des droits des salariés, en garantissant sans cesse la santé et sécurité au travail pour réduire l’usure professionnelle, en formant les jeunes micro-entrepreneurs à la gestion d’entreprise, pour créer une dynamique qui donne envie aux jeunes générations de s’y projeter.
Il y a aussi un vrai enjeu autour de l’attractivité des métiers. Il faut réussir à rendre les métiers plus visibles, à valoriser leur impact écologique, à valoriser leurs perspectives, les parcours et les opportunités qu’ils peuvent offrir, notamment auprès des jeunes, en renforçant les campagnes de communication, en créant des partenariats écoles-entreprises, etc. C’est un levier stratégique pour répondre à la pénurie de talents que l’on observe déjà. Un autre axe fort est l’innovation, en particulier sur le plan écologique. Adopter des pratiques plus durables, intégrer les enjeux environnementaux dans les modes de construction, c’est à la fois répondre à une urgence sociétale et aligner le secteur avec les valeurs d’une nouvelle génération. Cela peut vraiment faire basculer l’image du secteur du bâtiment dans le bon sens.
Un travail de sensibilisation est également à mener à travers la formation, notamment, en renforçant et professionnalisant les transmissions de compétences, en accompagnant les formateurs dans leur transition vers des rôles de coachs et facilitateurs, adaptés aux nouvelles méthodes pédagogiques, en proposant des formations flexibles, modulables, personnalisées et adaptées aux attentes des jeunes, ou encore en formant les organismes de formation à l’ingénierie financière pour identifier et sécuriser de nouvelles sources de financement.
Enfin, le dernier levier à activer est celui de l’inclusion et de la diversité, en particulier en développant des campagnes mettant en valeur la diversité des métiers et des profils (femmes et personnes en reconversion), en proposant des modules de sensibilisation et des outils pratiques aux employeurs pour favoriser une meilleure acculturation des entreprises aux enjeux de diversité, en mettant en place des programmes spécifiques d’intégration des mineurs non accompagnés, etc.
L’un des grands objectifs de cette étude est de ne pas en rester au stade du constat ou de la projection théorique, mais d’engager une dynamique concrète sur le terrain. Dans cette perspective, le CCCA-BTP va organiser des ateliers sur les territoires, qui seront des temps d’échanges et de réflexion sur la base des scénarios imaginés. L’idée est de donner aux acteurs du bâtiment et de la formation les moyens de se projeter, de réfléchir aux leviers qu’ils peuvent activer dès aujourd’hui pour favoriser les trajectoires les plus souhaitables et provoquer une véritable prise de conscience collective autour d’une vision partagée du futur pour transformer durablement le secteur.