Avec 7406 procédures collectives ouvertes, soit une baisse de 32,1 % par rapport au 1er trimestre 2020, le niveau général des défaillances reste exceptionnellement bas. Le bâtiment est aligné sur la tendance globale avec un retrait de 32 % des procédures.
Dans le gros œuvre, on note une baisse remarquable en construction de maisons individuelles (- 36 %), dans le second œuvre, les travaux de peinture et vitrerie se démarquent également (-38 %). La situation est en revanche tendue dans l’immobilier, en particulier en promotion immobilière (+85 %) ou autres activités immobilières telles que les marchands de biens ou la location (+15 %).
Un niveau exceptionnellement bas
« Après avoir atteint leur plus bas niveau en 30 ans fin 2020, le nombre de procédures continue de reculer fortement au premier trimestre 2021(-32,1 %). Le mois de mars pourrait cependant constituer un point de bascule. D’abord sur le changement de rythme des ouvertures de procédures, attendu mais impressionnant. Sur les deux premières semaines de mars, les défaillances d’entreprises sont en très fort recul (-48 %), mais sur les deux suivantes elles explosent de 155 % comparées à la même période de 2020, qui marquait le début du confinement, le gel des cessations de paiement, la fermeture des juridictions et donc la suspension temporaire des audiences. C’est aussi en mars qu’émergent des chiffres concrets sur la détresse de centaines d’entreprises qui se trouvent en cessation de paiement, en dépit des dispositifs de soutien publics. Car désormais, 8 entreprises sur 10 qui se présentent devant les tribunaux sont directement liquidées, un taux jamais atteint depuis 20 ans », commente Thierry Millon, directeur des études Altares.
7 406 entreprises sont tombées en défaillance en France au cours des trois premiers mois de l’année 2021, c’est 32,1 % de moins qu’à la même période 2020, qui n’avait été perturbée par la crise sanitaire qu’en toute fin de trimestre.
Seulement 170 procédures de sauvegardes (-26,7 %) ont été ouvertes, pour 1 493 entreprises placées en redressement judiciaire. Un nombre en très fort retrait (-51,2 %), deux fois plus rapide que celui des liquidations judiciaires directes (5 743 ; -24,5 %).
Les TPE fragilisées ; les PME d’au moins 100 salariés sous tension
Les TPE de moins de trois salariés concentrent les trois quarts des procédures mais leur nombre (5609) est en recul de 31 %. Ces entreprises se présentent toutefois devant le tribunal en situation financière tellement compromise que 80% d’entre elles sont placées directement en liquidation judiciaire.
La situation des TPE de 3 à 5 salariés est à peine meilleure. Elles sont 939 à avoir défailli au 1er trimestre 2021(-31%) et 77 % d’entre elles ont été immédiatement liquidées. Les ouvertures de procédures collectives reculent de 40 % chez les entreprises de 6 à 49 salariés et de 35 % chez les PME de 50 à 99 salariés.
Pour les PME d’au moins 100 salariés, la situation reste tendue : les liquidations directes sont minoritaires mais le nombre de défaillances augmente sur un an. 23 ont en effet défailli au 1er trimestre 2021, soit 6 de plus qu’il y a un an. Cependant, seules 4 d’entre elles ont été liquidées.
La perfusion ne durera pas
Toujours sous perfusion publique, les entreprises tiennent mais tout l’enjeu est désormais d’anticiper sur l’avenir, lorsque les dispositifs d’aides s’arrêteront. La stratégie de soutien à l’économie réelle déployée par l’Etat s’est avérée efficace au regard du faible niveau des défaillances d’entreprises enregistrées : moins de 29 000 procédures ouvertes sur les douze derniers mois contre plus de 52 000 en 2019.
Si indispensables qu’elles soient pour faire face à l’exceptionnelle crise, ces aides sont destinées à être allégées voire stoppéeslorsque l’activité aura suffisamment redémarré pour espérer tenir sans elles. Les entreprises ne passeront alors pas ce cap sans difficulté.
La question se pose notamment pour les entreprises ayant bénéficié d’un PGE. Les premières observations communiquées par la Fédération Bancaire Française début avril révèlent que les trois quarts des bénéficiaires choisissent de rembourser le plus tard possible. La Banque de France estimait en début d’année que 4,5 à 6 % des PGE auraient du mal à être remboursés. Fin mars, ces prêts ont été distribués à 664 000 entreprises pour un montant global de 135 milliards d’euros.
Les « zombies », ces structures qui survivent grâce au soutien de l’Etat et à des taux d’intérêt bas, résisteront également difficilement à l’arrêt des aides. Altares en répertorie 63 000 en France, soit 5,3% des sociétés commerciales. Ces entreprises présentent hors contexte Covid un risque de défaillances 2,3 fois supérieur aux autres sociétés commerciales. Un risque qui grimpera encore à l’extinction des aides.
"Les entreprises qui ressortiront de cette crise dans les meilleures conditions sont celles qui, au-delà de leur propre situation financière, pourront compter sur des fournisseurs et des clients fiables et solides. L’impayé client ou la faillite du client sont des situations dont beaucoup d’entreprises ne se remettront pas après le Covid. Gare à l’effet domino au moment de la reprise, le risque de défaut des clients est en effet très élevé", prévient Thierry Millon.
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