Président de la Fondation Nicolas Hulot, membre du Haut Conseil pour le Climat et associé fondateur de Carbone 4, Alain Grandjean, invité du conseil fédéral de la Fédération nationale des Offices Publics de l’Habitat mercredi 3 mars 2021, s’est exprimé sur les enjeux de la rénovation énergétique des logements sociaux et privés en vue de leur neutralité carbone d’ici 2050.
En introduction, il a rappelé que le secteur du bâtiment et du logement en France est le deuxième plus important émetteur de gaz à effet de serre (avec 28 % des émissions) après celui des transports. S’il a évoqué un défi commun à tous les acteurs du secteur du logement en matière de rénovations, Alain Grandjean a mis en avant la position favorable occupée par les organismes d’HLM dans la poursuite de cet objectif, les bailleurs sociaux devant doubler le nombre d’opérations de rénovations quand les bailleurs privés doivent le multiplier par au moins cinq : « Vous, bailleurssociaux, êtes les meilleurs, capables d’agir à la fois sur la baisse des émissions de gaz à effet de serreet sur le social, avec l’accessibilité à des logements dignes, confortables, financièrement abordables.Vous intéressez les maîtres d’oeuvre et les entreprises de construction, davantage motivés par desopérations significatives comme celles que vos offices portent. Vous représentez 330 millions de m² soit 10 % de la surface bâtie (logement et bâti tertiaire), soit autant que l’ensemble des bâtiments publics. De plus, l’enjeu économique est mieux identifié et professionnalisé chez vous que chez d’autres acteurs du logement ».
Doubler le nombre de rénovations
Alain Grandjean a rappelé que pour la période 2015-2030, l’objectif était d’atteindre 4,5 millions de rénovations, mais qu’au vu des mesures en cours, il estimait malheureusement plus réaliste de tabler sur un chiffre de 2,7 millions. Il a pointé la nécessité, pour pouvoir espérer doubler le nombre de rénovations, de bénéficier de davantage de financements : «Malgré les apparences, le contextemacroéconomique me semble plutôt favorable, car l’État a intérêt, dans une période de crisesanitaire comme celle que nous vivons, à poursuivre la réalisation d’investissements productifs quiauront des répercussions sociales positives dans la durée, avec notamment une baisse des chargesdes locataires ». Enfin, il a appelé de ses voeux une parfaite transparence quant à l’usage des fonds du plan de relance : « Nous demandons au Gouvernement une grande transparence du décaissement réel du plan de relance. Nous devons exercer sur les pouvoirs publics une pression en ce sens ». Une position partagée par Marcel Rogemont, président de la Fédération nationale des Offices Publics de l’Habitat, qui a plaidé pour une décentralisation des mécaniques d’attribution des financements dans le cadre des 450 millions du plan de relance : « Les décisions doivent pouvoir se prendre à l’échelle des collectivités », a-t-il affirmé, « laissons aux CRHH le soin d’accorder les subventions aux logements les plus énergivores. Enfin, rappelons à nouveau, que l’effort financier de l’État et de l’Europe n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, objectifs fixés par le Gouvernement ».