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Armel Le Compagnon : « avec la crise sanitaire, le rôle de Worldskills France est d’autant plus pertinent »

Par Charlotte Divet. Publié le 20 mai 2020.
Armel Le Compagnon : « avec la crise sanitaire, le rôle de Worldskills France est d’autant plus pertinent »
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Encore président national de la Formation à la FFB juqu’au 12 juin, Armel Le Compagnon vient d’être désigné, le 12 mai dernier, président de Worldskills France, le plus grand concours des métiers au monde. Pour Constructioncayola, il revient sur le contexte actuel de  crise sanitaire qui frappe notamment la France et sur la pertinence encore plus renforcée de Worldskills pour valoriser les métiers, des savoir-faire locaux.  

Constructioncayola : Selon vous, est-ce que le secteur du BTP a su, dans l’ensemble, bien s’adapter pour faire face à la crise sanitaire ?
Armel Le Compagnon : Cette crise sanitaire est inédite et a surpris un peu tout le monde y compris les membres du gouvernement. Globalement, pour arrêter les chantiers, il n’y a pas eu de grandes difficultés, en deux jours les travaux ont pu cesser. Le problème c’est le redémarrage. Il y a aussi plusieurs entreprises qui ont pu continuer à travailler. Mais la majeure partie des chantiers ont fermé après une demande des maîtrises d’ouvrage et maîtrises d’œuvre créant un gros choc au niveau des entreprises. A présent, reprendre les chantiers n’est pas aussi simple que ce que peut croire le gouvernement car il y a plusieurs cas de figures et des risques avérés. Les chefs d’entreprise sont quand même responsables de l’ensemble de leur personnel et de la sécurité sanitaire dans l’exercice de leurs activités. Le 12 mai dernier, 72 % des chantiers avaient repris mais cela ne veut pas dire qu’il y a eu 72 % de reprise financière. En plus, un autre problème se pose, celui de la gestion des surcoûts. Qui va payer les surcoûts ? Il semblerait que l’Etat envisagerait la mise en place d’un moratoire prévoyant que les maîtres d’ouvrage publics financent à hauteur au moins de 50 % des surcoûts. En revanche, dans le secteur privé, c’est beaucoup plus compliqué parce que les intérêts des uns ne sont pas forcément les intérêts des autres et puis aussi parce que c’est au cas par cas, chaque chantier étant différent. D’ailleurs, la FFB a édité des chartes pour accompagner ces discussions et négociations. J’espère que l’ensemble des acteurs va trouver un consensus sur le partage des surcoûts qui peuvent aller de 5 à 15 % du montant des travaux qui restent à faire, ce que les entreprises ne peuvent pas assumer à elles seules. Au sujet de l’adaptabilité, je pense que, dès la publication du guide par l’OPPBTP, les entreprises se sont misent à acquérir les matériels nécessaires à une reprise d’activité. Elles font face et je crois que dans le secteur, même s’il n’est pas évident de s’adapter selon les chantiers, les entreprises savent que c’est dans leur intérêt de le faire.

Pensez-vous que l’Etat a un rôle à jouer dans la reprise d’activité des entreprises du BTP ?
Armel Le Compagnon : Il faut qu’au niveau du gouvernement, il y ait un accompagnement quand même pour aider le secteur. Quand on entend la ministre du Travail envisager d’arrêter le chômage partiel début juin ou dire qu’il y aura une dégression, ce n’est pas très réconfortant. Ce n’est pas le moment car c’est au moment où les entreprises redémarrent qu’elles ont besoin le plus possible de trésorerie. Par rapport à cela, je pense qu’il faut mettre en place un vrai plan de redémarrage avec des chantiers qui vont être lancés. En plus ce qu’il faut aussi comprendre, c’est qu’il y a des conseils municipaux qui ne sont pas encore installés actuellement donc cela veut dire que les projets au lieu d’être décidés au mois de mars-avril et lancés pour cet automne, devront attendre le printemps prochain. Que vont faire les entreprises pendant six mois ? Sans compter que dans certaines grandes agglomérations les élections ne sont pas terminées. C’est un cumul de phénomènes qui est perturbant. Il va falloir que le gouvernement lâche un peu de lest, du moins, qu’il continue à accompagner les entreprises avec le chômage partiel et un plan de relance sur le logement ne ferait pas non plus de mal.

Vous avez eu l’occasion d’échanger avec Muriel Pénicaud sur l’apprentissage. Que vous êtes-vous dit ?
Armel Le Compagnon : Lors de l’assemblée générale du 12 mai dernier de Worldskills France, j’ai effectivement échangé avec Muriel Pénicaud sur le sujet de la formation professionnelle pas seulement dans le BTP mais dans l’ensemble des métiers. Nous avons parlé, notamment, de l’alternance avec les chiffres de l’apprentissage 2019 encourageants, dévoilés en février. Si les entreprises prennent des apprentis, c’est qu’il y a du boulot et que la formation se porte bien. D’où la pertinence de Worldskills France qui se positionne en quelque sorte comme vitrine des métiers pour justement montrer aux jeunes le choix dans l’orientation et  leur montrer aussi ce qu’il y a de meilleur dans les métiers. Nous étions dans une bonne courbe ascendante de l’alternance avant cette crise sanitaire et nous réalisons depuis, le rôle d’autant plus important de Worldskills. Il faut absolument que nous soyons présents dans le cadre de cette reprise pour faire état de l’attractivité des métiers. De plus, cette crise a repensé quelques valeurs fondamentales de la société comme le fait de se recentrer sur l’humain et aussi de conserver des savoir-faire locaux face à la mondialisation. La ministre du Travail a bien senti que l’intérêt pour les branches professionnelles est d’avoir des organisations comme la nôtre qui valorisent les métiers en permanence. Nous devons d’ailleurs travailler avec les organisations professionnelles à cette valorisation des métiers auprès des jeunes. De son côté, la FFB comprend aussi très bien que l’Excellence est une dynamique pour tirer vers le haut tous les métiers du BTP. Il y a toute une structuration à la FFB qui est faite justement pour qu’à la fois Worldskills et les fédérations régionales et départementales puissent travailler ensemble et commencer à faire du sourcing pour évaluer les jeunes afin de faire en sorte de créer une vraie dynamique dans les centres de formation. La FFB nous accompagne d’ailleurs fortement dans certains projets. En ce moment, par exemple, nous sommes en train de répondre sur des gros appels à projets de création de classes spécifiques Worldskills, masterclass dans les centres de formation, dès la rentrée de septembre, pour permettre un apprentissage avec les référentiels internationaux.

Quelles missions vous êtes-vous fixé en tant que président de Worldskills France ?
Armel Le Compagnon : Nous envisageons de développer trois axes principaux dans un premier temps. Nous souhaitons déjà promouvoir les métiers, c’est une priorité. Il faut que l’on revienne sur des schémas fondamentaux pour valoriser l’économie productive, celle qui est à proximité. Nous avons bien senti pendant cette crise qu’avec la mondialisation des grands groupes, des grandes industries, à vrai dire, parfois il y a des ratés. En plus, on parle souvent dans le BTP d’ascenseur social et c’est une réalité, l’insertion dans les métiers passe aussi par l’épanouissement professionnel de l’ensemble des jeunes. Au moment où il existe un risque de licenciement dans certaines entreprises, il  faut quand même considérer que les entreprises quand elles vont redémarrer pleinement, vont avoir besoin de main-d’œuvre, de personnel. Le deuxième axe, sur lequel nous travaillons c’est la performance. Quand on se retrouve en compétition au niveau mondial, on se rend compte qu’il y a un gap à franchir pour arriver à l’ultime médaille d’or et que ce gap, au fil des ans, devient de plus en plus important. La performance c’est quelque chose qui doit être sans cesse renouvelée, c’est vraiment un challenge important. Pour vous expliquer plus clairement, en compétition, les Français sont toujours aussi bons mais les autres pays progressent et si l’on ne monte pas le niveau, nous ne pourrons pas obtenir des médailles et nous risquons de régresser. Nous nous sommes donné comme objectif pour 2023 d’être dans le top 5 et nous comptons bien y arriver. Le troisième axe, c’est Lyon 2023. Notre candidature a été acceptée pour organiser cette compétition internationale. Ce sera l’occasion pour l’ensemble des branches, des entreprises, des entourages et des politiciens, de voir ce qu’est vraiment une compétition internationale et de se rendre compte ainsi que la formation professionnelle, c’est vraiment extraordinaire.

Comment envisagez-vous les finales nationales dans le contexte actuel ?
Armel Le Compagnon : L’équipe de Worldskills France travaille d’arrache-pied avec tous les experts, les jurés, les bénévoles, les conseils régionaux. Nous devons, d’abord, finaliser nos sélections régionales et actuellement, l’équipe s’attèle à préparer et faire en sorte que pour fin juillet voire maximum pour le 15 septembre, les finales régionales soient terminées. Cela permettra de laisser le temps nécessaire aux candidats pour s’entraîner pour les finales nationales qui se tiendront du 15 au 17 décembre. Mais, nous sommes confiants sur la bonne tenue de l’évènement.
 
Armel Le Compagnon, président de Worldskills France. DR.
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