Ouf ! Maintenant que les élections municipales ont pu se dérouler avant le long tunnel des vacances d’été, les nouveaux maires vont pouvoir lancer des commandes publiques dans les prochains mois et ainsi soutenir l’activité de milliers d’entreprises du BTP. Voilà donc une source d’inquiétude en moins pour les professionnels de l’extraction de granulats, des travaux publics, de la construction, du recyclage, ainsi que les constructeurs de matériels, qui doivent déjà composer avec les conséquences économiques découlant des deux mois de confinement imposés à la population française dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
En effet, alors que de nombreux chantiers ont dû s’arrêter le 17 mars suite aux annonces du président de la République, seuls 95 % d’entre eux avaient repris fin juin, pour un taux d’activité normale de 78 %. De nombreuses entreprises doivent encore faire face à des problèmes d’approvisionnement, mais aussi à des soucis d’organisation sur chantier entre les différents intervenants et corps de métier, sans parler de la perte de productivité liée aux protocoles sanitaires.
PUBLICITÉ
Ainsi, selon le Point de conjoncture publié par l’Insee, le secteur de la construction accusait une perte d’activité de 38 % à fin mai – et jusqu’à – 75 % pendant le confinement – tandis que la société d’analyse de données GlobalData prédit une contraction de 9,4 % de l’activité du secteur sur l’ensemble de l’année 2020.
De même, des statistiques dévoilées par le ministère de la Cohésion des territoires montrent qu’il n’y a eu que 53 900 mises en chantier en matière de construction de logements entre mars et mai, soit une chute de 44 % par rapport à 2019, tandis que les permis de construire ont chuté de 40 % à 65 700 unités. La fédération des promoteurs immobiliers (FPI) estime quant à elle que le nombre de logements collectifs autorisés pourrait ainsi reculer de 100 000 cette année !
Les constructeurs de matériels de terrassement impactés
Logiquement, les constructeurs de matériels de terrassement se retrouvent largement impactés par ces mauvais chiffres, eux qui dépendent des commandes émanant des entreprises du bâtiment et des travaux publics. Sur les cinq premiers mois de l’année, les ventes de matériels de terrassement se sont ainsi contractées de 27,5 % avec 8 356 unités. Les chargeuses compactes sont particulièrement impactés avec des volumes à respectivement – 39,1 % et – 36,7 % à fin mai.
A contrario, les tracteurs sur chenilles (- 4,6 %), pelles sur chenilles (- 24,5 %), mini-pelles (- 24,5 %) et chargeuses sur pneus (- 29,5 %) ont mieux résisté. Les seuls engins dans le vert restent les niveleuses (+ 21,4 %) avec toutefois des chiffres de vente, comme d’habitude, confidentiels. Si l’on en croit les chiffres de mai, la reprise des livraisons est déjà palpable, surtout pour les tracteurs sur chenilles (+ 66,7), les niveleuses (+ 50 %), les chargeuses compactes (- 3,4 %), et dans une moindre mesure les mini-pelles (- 16,8 %), les deux premières catégories de niches intervenant sur des volumes restreints.
Des craintes pour 2021
Selon les prévisions réalisées par le syndicat de constructeurs Evolis, les volumes de ventes de matériels de terrassement devraient chuter de 15 à 20 % sur l’ensemble de l’année, alors que de nombreux records avaient été battus en 2019. En effet, un rattrapage complet des pertes dues au confinement semble impossible à envisager, notamment parce que les nouvelles commandes se font encore rares.
Toutefois, le carnet de commandes des industriels ayant été bien garni avant la vague épidémique, ils devraient pouvoir « sauver » leur année 2020. En revanche, si les nouveaux projets ne se concrétisent pas d’ici l’automne, le syndicat craint un début d’année 2021 « très dur » pour les constructeurs. Gageons que les nouvelles équipes municipales pourront inverser la tendance !