Partout dans le monde, et pas seulement en France, le secteur du BTP ne fait plus recette auprès des jeunes. Ceux qui s’orientent vers des études longues sont davantage fascinés par les startups que par
les grands chantiers et les bureaux d’études. Les moins diplômés redoutent quant à eux des conditions de travail pénibles, sujettes aux risques et aux intempéries. Et tous ont une piètre image du secteur, qui
leur apparaît rétrograde dans sa culture comme dans ses pratiques. Même la multiplication actuelle de chantiers majeurs et de très grande technicité, comme ceux du Grand Paris ou des Jeux Olympiques,
ne suffit pas à contrebalancer ces préjugés négatifs qui, il faut bien l’admettre, sont assez justifiés. Bref, en dépit de salaires et de perspectives d’emploi enviables, les vocations se font rares.
PUBLICITÉ
Tant pour apprécier les situations qu’en termes de management, la présence régulière des cadres sur les chantiers reste indispensable, et il leur sera quoi qu’il arrive impossible de passer tout leur temps dans un bureau agréable ou en télétravail. En revanche, la désorganisation et la paperasserie endémiques du secteur les obligent à quantités d’allées et venues superflues, de réunions interminables, de rapports fastidieux… Tout cela nuit considérablement à leur productivité, à leur qualité de vie, et joue très défavorablement contre l’image du secteur. Or, ceci est loin d’être une fatalité. Il existe désormais de nombreux outils digitaux conçus spécifiquement pour le secteur qui permettent de mieux organiser les projets, les chantiers, les emplois du temps, et de partager de façon
sécurisée des informations numérisées, fiables et à jour. L’ingénieur en bâtiment, que l’on représentait jadis avec une liasse de plans et une règle à calcul sous le bras, n’a désormais plus besoin que de sa tablette.
Et ce ne sont ni les finances, ni le juridique, ni la sécurité qui s’en plaindront car, en définitive, ce sont eux qui récoltent les fruits de travaux mieux maîtrisés de bout en bout. En ce qui concerne les ouvriers, un smartphone ne saurait évidemment remplacer la truelle du maçon
ou le maillet du carreleur, mais eux aussi souffrent, à leur niveau, du manque d’organisation et de communication. Ils en sont même les première victimes quand ils doivent se déplacer pour aller
chercher un outil ou demander une précision, interrompre leur travail parce que des tâches ont mal été synchronisées ou que des matériaux n’ont pas été livrés, ou encore défaire et recommencer leur
ouvrage parce qu’on ne leur avait pas transmis des instructions assez claires et précises. Là encore, le numérique peut rendre leur travail moins pénible, moins risqué et moins frustrant en faisant en sorte qu’ils disposent toujours de l’équipement et des informations nécessaires. Si le compagnon de demain sera toujours exposé aux impondérables d’un métier physique et de plein air, il sera, grâce au numérique, mieux formé, mieux connecté à sa hiérarchie et à ses collègues, et toujours placé dans les meilleures conditions pour accomplir sa tâche.
À terme, d’autres innovations technologiques s’insèreront dans les pratiques du BTP et contribueront par leur modernité à son attractivité : la réalité augmentée et la réalité virtuelle, les exosquelettes et les
robots, les capteurs et les objets connectés… Toutes sont déjà expérimentées, souvent avec des résultats très prometteurs. Mais aujourd’hui, au moment où les entreprises du secteur de la construction sont confrontées au double défi de la productivité et de l’attractivité dans un contexte de crise économique, de complexité réglementaire et de tension sur les approvisionnements, leur priorité est de mettre fin à des pratiques archaïques qui usent les hommes, découragent les vocations et
écrasent les marges. Les outils sont là et, plus que jamais, c’est à leur utilisation que l’on reconnaîtra les bons ouvriers.