Les opérations de cessions et fusions dans le domaine de l’ingénierie de la construction se multiplient. Et les avantages sont nombreux pour les cédants croit Henri-Jacques van Tichelen, expert des services à l’industrie et ingénierie, et biens d’équipement chez Auris Finance.
En novembre dernier, HBI, un bureau de conseil en ingénierie des infrastructures VRD, projets routiers, aménagement d’espaces publics, réseau d’assainissement eau et environnement a été cédé au groupe lyonnais ATGT, spécialisé dans les activités de géomètre expert. Pour les dirigeants de HBI, qui avaient fondé la société en 2006, ce choix vise à "assurer la pérennité de l’entreprise et son développement et s’adosser à une PME plus structurée sur un marché concurrentiel".
"Cette décision stratégique pourrait faire des émules dans les prochains mois", explique Henri-Jacques van Tichelen. En effet, les perspectives d’activité sont plutôt moroses : lors de l’enquête d’opinion annuelle de l’Association française des industries des produits de construction (AIMCC) dévoilée le 16 janvier dernier, seule la moitié des dirigeants interrogés anticipaient une croissance de leur chiffre d’affaires en 2019. La Fédération française du Bâtiment table de son côté sur une baisse d’activité de 0,5% cette année. Certains professionnels redoutent un retournement du marché, trois ans seulement après la fin de la crise.
Valoriser ses actifs
"S’allier renforce l’entreprise dans un contexte d’incertitude. Mais les dirigeants y rechignent parfois par crainte d’être écarté brutalement du développement de l’activité. Or, il existe des solutions pour poursuivre cette mission, en tant que salarié de l’acquéreur, poursuit l’expert. Par exemple, après avoir vendu son entreprise de diagnostic immobilier au groupe roannais AC Environnement fin décembre, le dirigeant fondateur d’Alliance Sud Expertise a intégré le groupe acquéreur pour continuer de piloter le centre de formation qu’il avait créé".
Peu connue, la cession-acquisition avec maintien du dirigeant nécessite une vision partagée entre le cédant et l’acquéreur. Elle prévoit souvent une prime pour le dirigeant cédant, dont le montant varie en fonction de la performance réalisée par la division qu’il gère au sein du nouveau groupe, après un ou deux ans d’intégration. Ce type d’accord a l’avantage d’opérer une transition de management progressive qui réduit les frictions dues au changement et les éventuelles baisses de revenus liées, tout en minimisant le risque de départs des salariés de la société reprise…en d’autres termes : une meilleure intégration.
"Compte-tenu des difficultés actuelles que connaît le secteur du conseil en ingénierie de la construction pour recruter une main d’œuvre qualifiée, ce type d’accord s’avère sécurisant pour le repreneur comme pour le cédant", rappelle Henri-Jacques van Tichelen. A ce titre, posséder pour le cédant parmi ses actifs un centre de formation reconnu au Répertoire national de la certification professionnelle (RNCP) facilite la mise en conformité de l’acquéreur avec la réglementation SS4 (qui exige la formation et la protection des opérateurs exposés au risque amiante) et constitue pour le cédant un atout certain dans la valorisation de son entreprise.
Des gains de visibilité
Dans le secteur du conseil en ingénierie de la construction, le besoin en compétences nouvelles et en innovation est renforcé par la transformation numérique BIM et l’essor du logement durable. "Les opérations de fusions et cessions-acquisitions sont un outil des plus efficaces pour s’adapter aux nouvelles exigences de marché, rapidement et à moindre coût", résume l’expert.
Ainsi, début janvier, les organismes certificateurs Céquami et Cerqual Qualitel Certification ont fusionné, mutualisant ainsi leurs actifs : normes NF Habitat - NF Habitat HQE et Pro Perméa, labels énergétiques et environnementaux, outils de mesure de la satisfaction client. Désormais réunis sous une marque unique à destination de l’ensemble des professionnels du résidentiel (collectif, groupé et diffus), leurs services bénéficient d’une visibilité accrue sur le marché, permettant d’accéder aux appels d’offres / marchés plus importants.
Les récentes opérations de cessions témoignent également de la diversité des acquéreurs potentiels. Désireux de se recentrer sur son cœur de métier, l’entreprise de conseil en innovation et prototypage industriel Bertin Technologies a ainsi cédé ses activités de conseil en modélisation multi-physique et informatique scientifique au groupe espagnol CT Engineering en décembre, six mois après avoir vendu Bertin Ergonomie à une PME française.
Tout le monde est concerné
Une entreprise peut également être rachetée par son management. Ces opérations de MBO (management buy-out) peuvent s’accompagner d’un effet de levier par endettement (LMBO). "Cette option a été retenue par la fondatrice de Trialog, une société de conseil en innovation spécialiste de la Smart City : mi-janvier, elle a cédé sa société aux salariés cadres de l’entreprise, en prévision de son départ à la retraite. D’ici là, elle présidera un comité de suivi pour organiser une transition en douceur", rapporte l’expert.
Henri-Jacques van Tichelen, expert des services à l’industrie et ingénierie, et biens d’équipement chez Auris Finance
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