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ENVIRONNEMENT

« L’approche biomimétique est basée sur le conseil »

PROPOS RECUEILLIS PAR JULIA TORTORICI, LE 5 NOVEMBRE 2019
\ PUBLIÉ DANS BTP MAGAZINE N° 324
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« L’approche biomimétique est basée sur le conseil »
Identifié en 2007 en France comme une révolution dans la manière de concevoir la ville, le biomimétisme mêle innovation et responsabilité sociétale. Elan, filiale spécialisée dans le conseil en immobilier de Bouygues Bâtiment France Europe, s’est emparé du concept dès 2015 afin de lui donner toute sa place dans l’industrie constructive, et d’en tirer « une valeur responsable ». Un « changement de paradigme » pour Pauline Philippe, consultante senior en immobilier durable et biomimétisme.

BTP MAG : Le biomimétisme, qu’est ce que c’est ?

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Pauline Philippe : Le biomimétisme consiste à comprendre le fonctionnement de la nature, afin de s’en inspirer pour concevoir de façon plus durable des solutions efficientes. Le meilleur exemple qui me vient à l’esprit est un bâtiment de l’architecte Mick Pierce construit au Zimbabwe, en Afrique, dans les années 1990, ayant la particularité de reproduire le système de ventilation d’une termitière. L’atrium est le point central du tirage thermique : il introduit l’air en partie basse et le fait constamment circuler dans l’édifice. Les gains énergétiques grâce à cette climatisation naturelle sont de l’ordre de +90 %. 

BTP MAG : Pourquoi ce concept s’insère-t-il dans la tendance durable de la construction ?

P.P. : Parce qu’il constitue un véritable changement de paradigme. L’économie, le social et l’environnement, au lieu d’être séparés, appartiennent en fait à une seule biosphère dont l’humain n’est qu’une espèce parmi d’autres. Alors que la nature utilise l’information et la structure pour communiquer, l’Homme n’exploite pour sa part que l’énergie et la matière. Deux approches trop différentes. En s’inspirant de la nature, il est possible de trouver des réponses à des problématiques de développement durable comme la perte de biodiversité ou le réchauffement climatique. 

BTP MAG : Quel intérêt a Bouygues Construction de s’intéresser à ce concept et d’y allouer des moyens ?

P.P. : Le biomimétisme est l’une des offres du panel d’Elan, un cabinet de conseil immobilier qui se veut créateur de valeur responsable. Nous travaillons étroitement avec les concepteurs en appel d’offres et en concours publics et privés. Récemment, nous avons été désignés lauréats du concours « Inventons la métropole » du Grand Paris pour le projet « Ecotone », porté par la Compagnie de Phalsbourg, qui sera développé sur le site Le Coteau - Arcueil d’ici 2023. Elan est également adhérent depuis 2016 du Ceebios, le Centre européen d’excellence en biomimétisme de Senlis, qui a pour but de relier le monde professionnel avec les chercheurs, les universités et les étudiants et porte la dynamique à l’échelle nationale. 

BTP MAG : Comment s’y prend-t-on pour calquer des phénomènes naturels à la construction ?

P.P. : L’objectif est de créer un immobilier régénératif à impacts positifs sur son territoire. En observant un écosystème naturel, on identifie les services rendus entre les différents éléments. L’idée est de penser « bâtiment, quartier, ville » sur le concept de services. A Biarritz, Elan, en partenariat avec l’agence d’architecture Bechu & Associés, a répondu à un appel d’offres portant sur la réalisation du Pôle du biomimétisme marin. Dans ce cadre, nous avons développé une méthode d’évaluation biomimétique inédite. Elle recense ce qui existait avant, s’interroge sur ce que va apporter le projet sur la durée et à l’instant T, et analyse comment le projet rend ce qu’il emprunte. 

BTP MAG : Cette méthode est-elle unique ?

P.P. : Elle est adaptable à chaque projet, et se décline selon trois grandes familles de services écosystémiques : l’approvisionnement, la régulation et les services culturels. A Biarritz, nous avons identifié quatre axes pertinents : le cycle de l’eau, l’énergie, l’approvisionnement en matériaux et l’amélioration de la biodiversité. Les matériaux étaient donc 100 % issus de Nouvelle Aquitaine et nous avons développé sur place un béton à base de terres excavées du site. La toiture était à la fois dotée d’un système de phytoépuration et d’une promenade pédagogique. Bien sûr, cette méthode ira en s’améliorant en fonction des différentes problématiques rencontrées sur les projets de construction. 

BTP MAG : Cela implique-t-il le recrutement de nouveaux profils en conception ?

P.P. : En réalité, il suffit de donner toute son importance au travail pluridisciplinaire, en intégrant les scientifiques suffisamment en amont des projets. Pour « Ecotone », nous avons créé un comité scientifique sur le biomimétisme et la biodiversité en partenariat avec le Muséum d’Histoire Naturelle. Dans le cadre du pôle du biomimétisme marin de Biarritz, nous avions collaboré avec deux scientifiques : une experte des océans, Françoise Gaill, et un spécialiste du climat, Yves Tourre. 

BTP MAG : La règlementation française est-elle un frein à l’industrialisation du biomimétisme ?

P.P. : D’abord, le biomimétisme c’est avant tout du conseil et n’a finalement que peu à voir avec l’industrialisation. La règlementation est souvent un frein, il faut le reconnaître. Des solutions existent néanmoins. L’ATEX est par exemple un moyen de tester les systèmes. Sur le projet de Biarritz, nous avions engagé une réflexion sur la potabilisation de l’eau. A ce jour en France, on ne peut se couper du réseau d’eau potable. 

BTP MAG : Les technologies numériques vont-elles à l’encontre des fondements du biomimétisme ?

P.P. : A mon sens, numérique et biomimétisme ne sont pas contradictoires. Le premier peut par exemple être un outil dans le domaine de la régulation de la matière et des approvisionnements. Dès la conception, le bâtiment est conçu comme une banque de matériaux. On peut le construire, le déconstruire, et le déchet devient ressource. 



Pauline Philippe, consultante senior en immobilier durable et biomimétisme chez Elan. Crédit photo : Elan
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