Plus qu’un équipement, ce bâtiment-paysage, incarne une réflexion manifeste : comment bâtir l’école du XXIe siècle, à la fois protectrice, ouverte et durable, au service des enfants et de la ville. Avec sa volonté de « faire vie avant de faire ville », l’agence place l’école comme fédérateur social. “L’école des Fabriques s’inscrit dans un quartier en devenir, comme un ensemble scolaire que nous avons conçu pour accompagner la vie du lieu et ses habitants. Pour nous, l’architecture ne se réduit pas aux matériaux ou à la vertu qu’on leur attribue : c’est une manière d’appréhender un programme, de le traduire spatialement et d’émouvoir. Concevoir une école, c’est offrir aux enfants un cadre protecteur mais aussi la surprise d’un déplacement, la beauté d’un espace, l’inventivité qu’ils découvrent au fil de leur parcours. Ce qui caractérise notre approche, c’est cette joie à concevoir, qui doit se ressentir dans la façon dont les enfants habitent et s’approprient les lieux ”, souligne Jean-Pierre Lévêque, Architecte associé - Directeur d’agence.
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								La proposition des architectes repose sur une métaphore forte : un bâtiment-paysage, pensé comme une calanque urbaine. Le projet s’articule autour de trois éléments constitutifs de l’identité méditerranéenne : la roche, le végétal et la lumière, dans une composition apaisée. La pierre massive, extraite de la carrière de Beaulieu à Aix-en-Provence, constitue le socle du projet. Assemblée en blocs cyclopéens, cette ressource locale à faible empreinte carbone ancre l’édifice dans son territoire et lui confère un caractère intemporel. Bien plus qu’un élément structurel, elle régule la lumière méditerranéenne, filtre les apports solaires, génère des zones d’ombre protectrices et participe au confort bioclimatique des espaces. Sur ce socle minéral se déploient des volumes blancs, qui accueillent les salles de classe perchées dans le ciel de la ville. L’ensemble s’ouvre et se fractionne au sud, tandis que les circulations verticales dessinent des articulations volumétriques au nord et à l’est. Dans chaque interstice, sur les toitures et les coursives, le végétal prend place et prolonge la présence des jardins pédagogiques, lesquels s’étagent dans la hauteur. La toiture devient un plateau sportif suspendu et chaque circulation, baignée de lumière naturelle, se transforme en lieu de rencontre. Chaque surface est ainsi mise au service de la vie scolaire et de l’appropriation des espaces par les enfants.
Le projet traduit une démarche d’éco-conception labellisée E+C- (E3C1) et BDM (Bâtiments Durables Méditerranéens), intégrant de manière passive et durable les contraintes climatiques locales. Conformément aux prescriptions, le bâtiment s’implante sur les limites de sa parcelle, s’élève au nord pour se protéger du Mistral et s’abaisse au sud, côté Rue Jardin, dans un épannelage subtil qui filtre la lumière et favorise le confort intérieur. La pierre, par ses débords et ses reliefs, tempère les apports solaires et module l’ensoleillement, canalisant ou diffusant la lumière selon les besoins des espaces. Les circulations intérieures, largement vitrées et généreusement dimensionnées, encouragent la ventilation naturelle et l’éclairage traversant. Au-delà de cette qualité architecturale et environnementale, le groupe scolaire des Fabriques incarne le rôle de l’école comme lieu de transmission et de protection. Les espaces hiérarchisés, lisibles et sécurisés assurent la fluidité des circulations et une surveillance efficace, tandis que les salles de classe et les espaces collectifs offrent un cadre apaisé, propice au développement des enfants. Inscrite dans son territoire, cette école méditerranéenne incarne la juste place de l’institution publique dans la ville : un lieu accueillant et ouvert sur la collectivité, métaphore de la pierre polie qui exprime l’idée d’un esprit que l’on éduque et qui devient « brillant ».