Sur le territoire français, la filière professionnelle compte 40 000 entreprises d’ingénierie soit, environ 100 000 emplois. Comme d’autres domaines du BTP, les ingénieristes sont fortement impactés par les conséquences du Covid-19 sur leurs activités et, par extension, les surcoûts liés aux mesures de sécurité sanitaire qui en résultent. Interpellé par les fédérations professionnelles du BTP, le gouvernement a donc décidé de mettre en place un plan de soutien au secteur et a, ainsi, diffusé une circulaire portant sur la prise en charge des surcoûts sanitaires.
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Par l’intermédiaire de leur fédération professionnelle Syntec-Ingénierie, les entreprises d’ingénierie ont fait savoir leur déception concernant la circulaire manquant, selon eux, « d’ambition ». Ils regrettent, en effet, que celle-ci ne pose aucune obligation absolue, ce qui revient à laisser les acteurs s’entendre projet par projet. Cette absence de démarche coordonnée leur fait craindre de nouveaux surcoûts, cette fois-ci, sur l’ingénierie même, c’est-à-dire, liés au temps passés en études, aux analyses et négociations. Ils craignent même des risques de contentieux et une rupture d’égalité territoriale, avec l’apparition de situations hétérogènes voire, dans le pire des cas une remise en question de la pérennité des emplois en France.
« Alors que le secteur de la construction connaît une crise sans précédent et se mobilise pour la relance, la question des surcoûts liés aux mesures de sécurité sanitaire va nous ralentir inutilement. Qui prend en charge ? Quels types de surcoûts ? Dans quelle proportion ? Les acteurs de la construction attendaient un geste fort et des dispositions claires de la part de l’État pour aller vite. La circulaire du 9 juin est malheureusement très en retrait. En refusant de trancher, elle nous confie plus de responsabilités pour lesquelles nous devons être rémunérés », résume Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie.
Des professionnels inquiets
Achats de masques, pertes d’exploitation, pertes de rendement, étalement des frais généraux, etc. A l’instar des autres acteurs, l’ingénierie est fortement impactée par la crise et souffre déjà de nombreux surcoûts. Près de 60% des entreprises estiment, d’ailleurs, que leur activité sera en baisse au second semestre 2020* et les plus petites structures craignent même pour leur survie.
Il faut savoir qu’en raison du Covid-19, les ingénieristes ont également dû mener à bien des études, non prévues initialement, au sujet des conditions de fermeture puis de réouverture des chantiers. Malheureusement pour eux, la circulaire prévoit « une renonciation à toute indemnité pour les coûts d’études et de conduite d’opération en vue de la préparation de la reprise du chantier. ».
*Baromètre réalisé par Syntec-Ingénierie auprès de ses adhérents au cours de la semaine du 11 mail. Les répondants sont des entreprises de toutes tailles, qui interviennent dans l’industrie et la construction et dans tous les secteurs d’activité d’ingénierie.