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Eole : Démontage en cours de l’impressionnante conduite de marinage

Eviter 250 camions par jour
Dans le cadre du chantier de prolongement du RER E Eole à l’ouest de Paris, un tunnel monotube de 6,1 km est en cours de creusement par un tunnelier entre la gare Saint-Lazare et La Défense. Pour évacuer 1,3 million de tonnes de déblais en deux ans, soit 2 000 m³ de boues par jour, et ainsi éviter le trafic quotidien de 250 camions dans le centre-ville de Courbevoie (92), une immense conduite aérienne de marinage a été construite le long des balcons. Maintenant que le tunnelier a terminé de creuser le sous-sol de Courbevoie pour attaquer celui de Neuilly-sur-Seine (92), cette impressionnante conduite de marinage est en cours de démontage depuis quelques jours !
Parfois à moins de 2 m des balcons
Mesurant 1 km de long sur 3 m de large, et aménagée à une hauteur comprise entre 6 et 10 m sur l’une des artères principales de Courbevoie, cette conduite de marinage permet de relier le tunnelier à la Base Seine, une immense usine provisoire construite le long des quais de Seine dans le but de traiter les déblais. À certains endroits, elle a approche à moins de 2 m des fenêtres des habitants. Toutefois, nous avions pu constater en juin 2019, en marchant sur cette conduite alors que le tunnelier était en activité, que la circulation de la boue et des déblais dans les deux tuyaux ne faisait aucun bruit !
Une autoroute pour déblais
Pour envoyer chaque jour 2 000 m³ de déblais excavés du tunnelier vers l’usine de traitement de la Base Seine, la conduite de marinage dispose de deux conduites DN 450. L’une achemine la bentonite nécessaire au fonctionnement du tunnelier Herrenknecht à pression de boue, l’autre évacue les déblais de creusement. Deux autres tuyaux DN 150 permettent d’alimenter la Base Seine en eau, mais aussi à évacuer l’eau pompée par le tunnelier lors du creusement. Au-dessus de ces conduites a été installé un dispositif anti-bruit par capotage afin d’assurer la tranquillité des riverains malgré un fonctionnement 24h/24. Enfin, signalons la présence d’un dispositif de récupération des boues en cas de fuite et d’un espace permettant le circulation piétonne.
Pas totalement détruite
Maintenant que le tunnel sous Courbevoie est creusé, le tunnelier a rallié le sous-sol de Neuilly, en passant sous la Seine, pour continuer à creuser jusqu’à la gare Saint-Lazare, à une profondeur comprise entre 30 et 40 m. Comme les déblais continueront à être évacués vers la Base Seine, via le puits d’évacuation « Abreuvoir », proche des quais de Seine, une petite partie de la conduite aérienne de marinage (peinte en vert) ne sera démontée qu’à la fin du chantier, qui s’étale sur 60 mois au total, dont 24 mois de creusement, dans le cadre du lot GC TUN. Ce dernier, qui inclut le génie civil du tunnel de 6,1 km ainsi que la gare de la Porte Maillot, est réalisé par le groupe d’entreprises Bouygues TP, Eiffage et Razel-Bec, sous la maîtrise d’œuvre du Groupe SED (Setec, Egis, Duthilleul) et sous la maîtrise d’ouvrage de SNCF Réseau.
La Base Seine, une immense usine provisoire
La Base Seine, une usine provisoire qui a nécessité 16 mois de travaux avant de devenir opérationnelle en janvier 2019, occupe une surface de 4 200 m² en bordure des quais de Seine, à l’ombre des tours de la Défense. Installée par l’entreprise MS et mesurant 180 m de long par 24,5 m de large, elle repose sur 54 pieux enfoncés dans la Seine. Chargée de fabriquer la boue mère destinée au tunnelier, mais aussi le dessablage des déblais, leur pressage et leur stockage, elle abrite des silos de bentonite, de boue chaulée et de chaux, mais aussi une base vie, un local commande, un local pompes, une tour de cavitation, différentes cuves pour la gestion des boues et de l’eau, un bâtiment de séparation et filtre presse, une station de traitement des eaux, ou encore une trémie associée à un convoyeur à déblais pour envoyer ceux-ci vers les barges pour les évacuer par la Seine.
Un tunnelier à pression de boue
Toutes ces installations sont destinées à assurer le bon fonctionnement du tunnelier Herrenknecht à pression de boue. Mesurant 87 m de long, il creuse à une vitesse comprise entre 8 et 16 m par jour. Commencé au printemps 2019, le creusement du tunnel de 6,1 km entre la gare Saint-Lazare et La Défense devrait durer au total environ 24 mois.
3,8 milliards d’euros pour une extension de 55 km
Alors que le lot GC TUN, qui inclut le génie civil du tunnel et de la gare de la Porte Maillot, représente un budget de 460 millions d’euros HT, l’immense chantier de prolongement du RER E Eole à l’ouest de Paris, jusqu’à Mantes-la-Jolie, représente un investissement total de 3,8 milliards d’euros. Il nécessite notamment la construction de trois nouvelles gares, à la Porte Maillot, sous le CNIT à La Défense, ou encore à Nanterre-La Folie (photo), juste à côté du futur siège de Vinci, mais aussi la modernisation de 11 autres gares, ainsi que l’adaptation ou la création de 55 km de voies. Alors que les travaux ont commencé en 2016, le premier tronçon entre Saint-Lazare et Nanterre-La Folie sera mis en service en 2022, le second jusqu’à Mantes-la-Jolie en 2024. Sur le tronçon central, 22 trains par heure pourront circuler à une vitesse allant jusqu’à 120 km/h afin d’accueillir 2 millions de voyageurs.

Franck Boittiaux - 12/06/2020
Textes, photos et vidéos : tous crédits Groupe Cayola (sauf mentions contraires)