Pour ConstructionCayola.com, François Wintergerst, directeur ventes et services France de Metso, dresse un premier bilan de l’impact économique des mesures de confinement sur les activités de l'industriel finlandais dans l'Hexagone, tout en se montrant optimiste quant à une reprise rapide.
Quelles mesures avez-vous été contraint de prendre pendant le confinement ?
Metso France SAS emploie environ 500 personnes, rassemblant une usine de production, les services commerciaux et l’atelier de réparation France, la direction granulats Afrique ainsi que plusieurs directions produits. En tant que directeur ventes et services France, je dirige toute l’activité commerciale, qui compte environ 75 personnes. Les équipes commerciales ont été mises en télétravail associé à un certain pourcentage de chômage partiel variable en fonction de la charge, mais la hotline est toujours restée disponible pour nos clients. Les techniciens, dont le métier consiste à être en mission sur le terrain, ont vu leur carnet de missions se vider du jour au lendemain, sans possibilité de télétravail. Ils se sont donc retrouvés en chômage partiel quasiment à plein temps pendant quelques semaines, à quelques exceptions près car certaines missions d’une journée ont pu être maintenues. Sur 15 techniciens, seuls 2 ont continué leurs missions. Pour les autres entités du groupe hébergées par la filiale française, le télétravail a également été mis en place pour les bureaux d’études comme pour les services généraux. Concernant les activités d’installations à l’export, les techniciens ont tous été rapatriés en France et mis au chômage partiel pendant le confinement. L’activité de l’usine ne s’est quant à elle jamais arrêtée, elle a continué de satisfaire les commandes des clients nationaux et internationaux avec un effectif réduit, la mise en place de procédures de travail spécifiques et l’application des gestes barrière.
Comment avez-vous gardé le contact avec vos clients ?
Grâce au télétravail, nous avons inventé un nouveau mode de fonctionnement pour conserver nos relations avec les clients, notamment grâce à des réunions en visioconférence. Cela nous a permis de continuer une bonne partie des projets en cours. Notre activité « avant-projet » a été assez dense, notamment parce que nos clients, eux aussi confinés, ont eu du temps pour réfléchir à leurs projets. Notre avons également mis en place une organisation permettant de suivre tout nos clients ayant décidé de ne pas arrêter leur activité, notamment pour les approvisionner en pièces de rechange et en pièces d’usure.
Quels sont les conséquences économiques de la crise sanitaire et du confinement sur l'activité de votre entreprise ?
La crise a un impact différent sur les activités de services et celles d’investissement. Les premières ont pu se poursuivre, avec un rythme certes plus faible. Les équipes sont restées mobilisées à disposition des clients. Mais l’impact sur l’activité va être très important car les investissements se sont effondrés et cela va se poursuivre. Alors que nous étions partis sur une belle trajectoire en début d’année, dans la continuité de 2019, notre activité liée aux investissements chez nos clients a été réduite à quasiment 0. Il est trop tôt pour dire dans quelles proportions l’année 2020 sera impactée mais on entrevoit une reprise de l’activité services à partir du troisième trimestre et de l’activité investissements dans les machines et les installations à partir de septembre.
Y a-t-il eu des annulations de commandes ?
Nous n’avons pas eu d’annulation de commandes au niveau de la France, contrairement à certaines commandes à l’export au niveau de l’usine. Mais l’activité de l’usine ayant continué, cela nous a permis d’honorer les commandes passées avant le confinement. En revanche, nous avons constaté un arrêt des nouvelles commandes.
Comment la reprise de l'activité se déroule-t-elle après les mesures de confinement ?
Depuis deux semaines, nous avons une reprise d’activité progressive dans nos locaux, qui ont été adaptés en conséquence. La dernière semaine de mai, environ 15 % des effectifs étaient de retour au bureau et cela va monter en puissance dans les semaines qui suivent. Nous avons également constaté de nouveau une légère hausse hebdomadaire des commandes, qui correspond à la fin du confinement chez nos clients aussi. De nombreux clients sont en train de se réorganiser pour rattraper une partie des retards sur les chantiers pendant l’été. Cela signifie donc que les installations de carrière vont tourner. Nous sommes dans leur sillage. S’ils augmentent leur consommation d’agrégats, ils vont également augmenter leur consommation de services. On s’organise en conséquence, on a provoqué des avances de congés pour libérer de la ressource cet été, l’usine a également décalé ses congés pour libérer le mois d’août qui est normalement un mois calme en France mais très actif à l’international.
Selon vous, combien de temps sera nécessaire pour un retour à la normale de l'activité, voire pour retrouver le niveau de 2019 ?
La volonté des clients de vouloir reprendre les grands chantiers cet été constitue un signe positif. On anticipe une reprise à partir de la fin de l’été. Du côté des investissements, il ne se passera rien jusqu’à l’automne mais il pourrait y avoir une bonne surprise pour le dernier trimestre 2020. Nous devrions retrouver un rythme normal en France en 2021.
Personnellement, comment avez-vous vécu cette période ? Vous a-t-elle permis une réflexion sur d’éventuelles réorganisations ? Des changements de méthodes ?
La découverte du télétravail par toutes les équipes a été positive, c’est une nouvelle approche du travail en commun qui s’est développé en quelques semaines avec des conséquences de long terme sur l’organisation du travail. Cette période a été une opportunité pour réfléchir et améliorer la protection de nos personnels se rendant sur les sites, mais aussi l’opportunité d’améliorer nos processus internes pour en augmenter la réactivité et la flexibilité et ainsi être prêt à mieux satisfaire nos clients dans les prochains mois.