Le contraste entre les titres publiés dans la lettre mensuelle de conjoncture des matériaux de l’Unicem dit tout : “2017 consolide la sortie de crise des matériaux” en janvier 2018, et, bulletin suivant, “un mois de janvier difficile...à interpréter” en février 2018. “Après le froid en janvier 2017, la pluie en janvier 2018”, résume sobrement et presque dépitée l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction. Un changement d’humeur à mettre sur le compte de la météo qui aura été particulièrement capricieuse depuis le début de l’année, alors que l’organisme professionnel parlait de 2018 comme d’une année de consolidation de la reprise. Toutefois, l’Unicem, assez visionnaire, mettait un bémol à un optimisme trop béat en pointant en janvier “les aléas climatiques pouvant peser ponctuellement sur l’activité”. Un avertissement opportun puisque la météo aura pour les deux mois de janvier passés pesé sur les chiffres. D’où la perplexité ambiante. “Après une fin d’année 2017 plutôt dynamique, les premières données du mois de janvier délivrent des signaux assez difficiles à interpréter du point de vue conjoncturel, notent les services statistiques de l’Unicem. La première raison tient au contexte climatique et aux crues et inondations qui ont fortement perturbé l’activité. La seconde difficulté vient du fait que l’activité du mois de janvier 2017 avait déjà été très sensiblement ralentie par une offensive hivernale, rendant ainsi la comparaison sur un an délicate”.
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Avec des cumuls de précipitation ayant atteint des niveaux historiquement élevés avec plus d’une fois et demi les volumes attendus pour un mois de janvier, c’est peu de dire que le secteur des matériaux de construction n’a pas été à la fête. Sur décembre et janvier 2018, la pluviométrie cumulée a ainsi été la plus forte enregistrée depuis 1959, avec un excédent supérieur à 60%. Résultat : de nombreuses exploitations ont été inondées sur une bonne partie du territoire national. Dans le même temps, en région parisienne, la crue de la Seine induite par les fortes pluies a stoppé le transport fluvial de granulats qui alimentent les centrales à béton, lesquelles ont du temporairement être mises à l’arrêt faute de matière première à traiter. L’Unicem rappelle à propos qu’en Ile-de-France, environ 30% des granulats consommés sont acheminés par voie d’eau.
Baisse de 7,8% de l’activité granulats en janvier 2018
Conséquence sur l’activité granulats : une baisse de 7,8% par rapport au mois de décembre. Un mauvais chiffre à relativiser et à mettre en perspective puisque la hausse est de +1,6% par rapport au mois de janvier 2017, lequel avait été particulièrement bas en raison déjà du froid. Sur les trois derniers mois étudiés par l’Unicem, à savoir novembre, décembre et janvier, l’activité se stabilise par rapport aux trois mois précédents (-0,4%). Bonne nouvelle toutefois : elle est en hausse de +2,6% par rapport au même trimestre d’il y a un an. Autre signe que la demande reste au vert, les livraisons de BPE sont en hausse en janvier de +1,2% par rapport à décembre et de +13,5% par rapport à janvier 2017. Sur les trois derniers mois étudiés, les livraisons de BPE restent en hausse de +2,4% par rapport aux trois mois précédents et de +9,8% sur un an. L’Unicem note que “l’indicateur du climat des affaires faiblit un peu et les professionnels jugent leurs carnets de commandes un peu moins garnis même s’ils estiment que compte tenu de leurs effectifs ces derniers leurs assurent 7,4 mois de travail, soit un niveau plus élevé qu’en janvier et surtout nettement supérieur à la moyenne de long terme qui est de 5,5 mois”. Le bulletin de l’Unicem poursuit en notant que, “en dépit de ce tassement général, l’activité demeure très bien orientée, notamment dans le segment du logement et du gros œuvre, où les carnets de commandes affichent deux mois e plus que leur niveau moyen, à 8,2 mois”.
Tassement dans le bâtiment résidentiel
L’organisme professionnel émet malgré tout quelques réserves et relate des signes de tassement dans le secteur du bâtiment résidentiel, précisant un recul tant dans le collectif (-2,9%) que dans l’individuel (-12,9 %). L’Unicem termine son bulletin mensuel sur une note optimiste en rappelant que l’enquête de la FNTP conduite en décembre dernier est venue confirmer la sortie de crise du secteur en 2017. “Avec une hausse de l’activité de +1,1 % en 2017 et des prises de commandes en progression de +4,4%, la reprise s’est accompagnée d’une légère amélioration sur le front de l’emploi”, écrit l’Union nationale. Laquelle reste comme toujours prudente, rappelant que les intempéries de janvier-février perturbent pour l’heure la lisibilité conjoncturelle de ce début d’année. Il faudra donc attendre les prochains bulletins pour y voir plus clair.
