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Agence de l'eau RMC : quels outils pour préserver l'eau ?

PUBLIÉ LE 5 JUIN 2020
S. B.
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Agence de l'eau RMC : quels outils pour préserver l'eau ?
Le partage de la ressource en eau et la diminution de la pression sur la demande du précieux liquide sont des sujets d’inquiétude et de réflexion. Nous sommes allés à la rencontre de Thomas Pelte, expert en gestion quantitative et changement climatique de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse pour connaître la position de l’Agence, ses actions, ses aides.
 

Construction Cayola.com : Commence-t-on déjà à être en stress hydrique ?
Thomas Pelte : Les premiers signes sont là du fait d’un printemps particulièrement sec, malgré des indicateurs sur la recharge des nappes plutôt bon à l’automne. Si les nappes ont une certaine inertie qui permet de pallier les situations de tension, cet été devrait être difficile. Avec un territoire très contrasté, nous avons une problématique de prévention structurelle pour anticiper cette tension sur la ressource.
 
CC.com : A quoi vous servent les PGRE ?
T. P. : Ces plans de gestions de la ressource en eau permettent de partager l’eau en mettant tous les acteurs autour de la table. Nous ne sommes plus dans une gestion de la ressource sectorielle, mais territoriale. Cela vient appuyer les outils réglementaires déjà existants. Le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Rhône-Méditerranée a classé 70 territoires en tension, soit 40 % des territoires du bassin. Avec les services de l’Etat, nous avons entrepris un travail au long cours, depuis 2010, pour animer le partage de l’eau et trouver des solutions pour prélever moins en période de tension. Et ça fonctionne !
 
CC.com : Accompagnez-vous aussi le secteur agricole ?
T. P. : Oui, bien sûr. Par exemple, les prélèvements d’eau sont très importants pour alimenter une irrigation gravitaire. C’est un système parfois très vieux qui peut consommer beaucoup d’eau. Certains canaux utilisés pour ce type d’irrigation font partie du patrimoine local et ils côtoient des éléments plus modernes. L’enjeu est de colmater les fuites, mettre des régulateurs ou de changer carrément de système pour basculer en goutte à goutte sous pression et économiser l’eau. D’ailleurs sur le canal de la Robine, nous avons aidé à financer à hauteur de 1,3 M€ tout un système d’irrigation de 27 km de réseaux avec une station de pompage de 1 500 m3/h afin d’alimenter sous pression 900 hectares de vignobles et de grandes cultures maraîchères. A la clé, ce sont 3 millions de m3 économisés par an !
 
CC.com : Dans quel état sont les réseaux d’eau potable ?
T. P. : Notre territoire est vaste mais en moyenne, nous sommes à 80 % de rendement. Cela cache des endroits à 90 % et d’autres à 50 % ! Nous aidons à lutter contre les fuites. Mais je pense qu’il y a encore beaucoup à faire.

CC.com : Avancez-vous sur l’état du patrimoine ?
T. P. : Oui, et c’est un enjeu fort de la lutte contre les fuites. Pour savoir où intervenir, il faut connaître son patrimoine afin de mettre en place une stratégie de gestion. C’est d’ailleurs une condition pour que nous intervenions. Pour les petites communes, la solidarité urbain/rural aide à la mise à niveau de tous. Nous avons une ligne d’aide destinée aux communes les plus en difficultés.
 
CC.com : Connaissez-vous précisément ce qui est prélevé sur la ressource ?
T. P. : C’est difficile car il y a beaucoup de prélèvements qui sont mal connus. Il y a un enjeu fort d’inventaire et de suivi de ce critère. C’est un domaine qui progresse avec la généralisation des compteurs par exemple, le recours à la télérelève, etc. Un autre problème est la saisonnalité des prélèvements : cela peut représenter un faible volume sur l’année mais cacher un très fort prélèvement sur une période précise.
 
CC.com : Où en est la numérisation de vos données ?
T. P. : C’est un travail en cours. Nous cherchons à bien partager le même référentiel de données et les outils entre les acteurs et petit à petit, nous diffusons le matériel dédié pour créer de la donnée.
 
CC.com : En cas de trop forte pression, y a-t-il des secteurs qui peuvent volontairement se passer d’eau temporairement ?
T. P. : La gestion de l’eau en période de stress hydrique peut se faire par exemple au sein d’un organisme de gestion unique qui ensuite distribue l’eau à un ensemble d’agriculteurs. Là, ils s’organisent entre eux pour mettre en place des tours d’eau si nécessaire. La réglementation est aussi présente avec les arrêtés de sécheresse et leurs niveaux de seuils, de contraintes, qui limitent les prélèvements.
 
CC.com : Comment l’agence de l’eau RMC se positionne-t-elle par rapport à la perméabilité des sols ?
T. P. : Nous y sommes favorables et nous accompagnons ces transformations, comme les fossés en ville qui vont permettre d’infiltrer les eaux pluviales et de ne plus collecter systématiquement. L’eau de pluie apporte des bienfaits aux sols et permet d’intégrer de la verdure en ville et de lutter contre les ilots de chaleur. Il y a plusieurs techniques que nous finançons à 50 % pour appuyer ce changement dans la gestion pluviale des zones urbaines.
 
CC.com : Le développement de l’infiltration ne risque-t-elle pas de créer des problèmes de pollution du fait des eaux de lessivage ?
T. P. : A priori non. Nous avons accompagné plusieurs études scientifiques sur le sujet. Nous restons très vigilants. La première couche de terrain et les plantes sélectionnées font office de filtre. Au niveau de la nappe, l’impact est négligeable. De plus, il est toujours possible d’installer des filtres en amont.
 
CC.com : L’Agence de l’eau a subventionné des retenues collinaires sur le bassin versant du lac du Bourget. Ce type de retenue ne fait plus polémique ?
T. P. : C’est potentiellement un sujet polémique. D’abord car ce type de retenue a un impact sur le site qui est parfois une zone humide. De plus, retenir l’eau l’hiver pour en avoir l’été, c’est une perturbation du cycle naturel et peut avoir un impact sur les cours d’eau. Enfin, c’est un prélèvement en eau supplémentaire pour l’irrigation et le financement par des subventions publiques pour des usages privés fait débat. Malgré tout, cela permet de réguler les prélèvements, de partager l’eau. On a pu faire des retenues grâce aux PGRE ce qui a permis de débattre avec tous les acteurs et de se mettre d’accord sur l’intérêt de cette technique dans le cas présent. Il y a une concertation très en amont qui permet de parvenir à un accord. Je tiens aussi à souligner que nous n’avons subventionné ces retenues qu’avec l’assurance que les efforts nécessaires à l’amélioration du rendement des réseaux étaient faits.
 
CC.com : Conditionnez-vous vos aides à des actions de lutte contre les fuites, contre le gaspillage ?
T. P. : Oui, c’est un principe que nous généralisons aux projets que l’on nous soumet.
 
CC.com : Il y aura donc de l’eau cet été ?
T. P. : On y travaille mais le changement climatique va quand même créer des tensions.
 
CC.com : Encouragez-vous la réutilisation des eaux non conventionnelles ?
T. P. : Oui, nous l’encourageons mais en respectant 2 limites. La première est le cadrage sanitaire au niveau national et européen. La deuxième est que nous aidons les projets de ce type seulement pour soulager les prélèvements déjà existants et autorisés, pas pour en créer de nouveaux.
 
Propos recueillis par Sébastien Battaglini
 
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