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[Scoop] SNCF Réseau : « En cas de coup dur, la filière sait réagir ! »

PUBLIÉ LE 9 JUIN 2020
CB
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[Scoop] SNCF Réseau : « En cas de coup dur, la filière sait réagir ! »
Interviewé le 20 mai dernier par BTP Rail, soit en pleine période de reprise des chantiers ferroviaires, Christophe Huau, directeur territorial SNCF Réseau pour la Bretagne et les Pays de la Loire, détaille les rouages de l’organisation qui a permis la reprise des chantiers sur son territoire. Instructif.

BTP Rail : Monsieur Huau, avant d’attaquer le vif du sujet, pouvez-vous revenir sur les missions assurées par les directions territoriales (DT) ?
Christophe Huau : Les DT ont en charge trois missions. La première concerne notre fonction de représentant local de SNCF Réseau auprès des élus, des collectivités et plus largement de l’ensemble des partenaires de l’entreprise. La deuxième touche à notre rôle de grands comptes clients (TER, autorité organisatrices, opérateurs et entreprises ferroviaires…). Et enfin, la troisième porte sur nos missions de maîtrise d’ouvrage pour les opérations cofinancées. Rentrent donc dans ce cadre les opérations relevant des contrats de plan Etat Région portant sur les 2 820 km de lignes ferroviaires que comptent nos deux régions administratives, dont notamment 1 160 km de lignes de desserte fine.

BTP Rail : Le périmètre de vos actions s’est-il élargi depuis la mise en œuvre de Nouvel’R ?
C.H :  Oui c’est le cas. Je dirais également que le plan stratégique d’entreprise dont vous faites mention, mis en place par Patrick Jeantet, a également permis de préciser notre périmètre de missions. Il a ainsi renforcé notre département Clients & Services dans sa déclinaison régionale, consolidé notre rôle de maître d’ouvrage et surtout a acté une nouvelle organisation décentralisée orientée vers le bénéfice aux clients ferroviaires et aux voyageurs. Je m’explique. Nous sommes aujourd’hui amenés à travailler en plus étroite collaboration avec les directions de zones de production (ndlr : façade Atlantique de Brest à Toulouse). La raison derrière ce choix est de gérer le réseau dans une logique de grands  axes à l’instar de la liaison Paris Brest/Quimper qui traverse plusieurs régions administratives, et de partager, par ce rapprochement, les objectifs d’une exploitation ferroviaire de bout en bout plus robuste, des trains plus ponctuels et une maintenance efficace, mieux articulée avec le service aux voyageurs.

BTP Rail : Ce cadre étant établi, pouvez-vous décrire de quelle façon vous avez traversé cette crise ?
C.H : Cette situation inédite a eu des gros impacts sur l’entreprise, cela va de soi. Tout d’abord en termes d’organisation pour l’ensemble du personnel, dont celui de la DT, qui a largement recouru au télétravail. Mais surtout en termes de gestion de la sécurité de nos collaborateurs amenés à être sur le terrain pour assurer les missions de maintien en conditions opérationnelles, de maintenance courante et de relève d’incidents. Des travaux qui ne pouvaient évidemment pas être déportés à la différence des chantiers ferroviaires de modernisation et de développement qui ont progressivement été suspendus à l’initiative des entreprises à partir du 17 mars dernier.

BTP Rail : Pourtant très vite, la ministre du travail a exhorté les entreprises du BTP à reprendre leurs activités. Comment se sont passées ces journées charnières durant lesquelles vous étiez pris entre deux injonctions contradictoires, à savoir la reprise de l’activité et le maintien de la sécurité ?
C.H : Il s’agissait en effet d’être en mesure de s’inscrire dans la dynamique insufflée par le gouvernement sans pour autant déroger d’un iota à notre impératif de sécurité. D’autant qu’en tant que maître d’ouvrage nous sommes responsables de la sécurité de nos collaborateurs, mais également de l’ensemble du personnel des entreprises partenaires qui interviennent pour notre compte. Nous nous sommes donc très vite investis dans les différentes concertations menées par les instances représentatives de notre branche professionnelle afin de définir les conditions de reprise des activités dans le contexte de crise sanitaire. C’est la raison d’être du guide élaboré par les partenaires sociaux, l’OPPBTP et l’Etat et publié le 2 avril après avoir reçu l’approbation des fédérations d’employeurs du secteur du BTP. Mais également des 32 fiches de prévention sanitaire élaborées par les services de SNCF Réseau et le SETVF et qui sont la déclinaison ferroviaire du guide de préconisations de l’OPPBTP. A notre niveau local, un gros travail a été effectué en concertation avec les entreprises de travaux. Il s’est matérialisé dès la fin mars par des procédures métiers et des fiches de prévention sanitaire à l’usage des équipes opérationnelles. Pour nous, l’enjeu a été d’assurer la protection de la santé dans toutes les interventions sans baisser le moins du monde la garde sur tous les autres risques ferroviaires car il était hors de question de substituer un danger par un autre.

BTP Rail : Nous avions donc d’un côté un étage national avec un Etat soucieux de la reprise de l’activité et qui la favorise avec la publication d’un guide des bonnes pratiques, et de l’autre un étage local où le maître d’ouvrage devait décider de la reprise ou non d’un chantier. C’est cela ?
C.H : Pas exactement, car il ne faut pas perdre de vue que ces réflexions dépassent largement le cadre strict du territoire administratif. Nous travaillons en effet avec des entreprises qui ont des plans de charge nationaux et des industriels qui ont des capacités de production  qui ne sont pas extensibles. La reprise des chantiers a été très complexe à organiser car elle englobe des problématiques d’ordre à la fois local et national. Les entreprises de travaux ferroviaires ne travaillent pas de façon isolée mais tirent avec elles toute une chaîne industrielle et logistique qui doit être en mesure d’avancer de concert. Or celle-ci, fortement impactée par la crise, a dû redémarrer après une longue période d’arrêt, générant des ruptures d’approvisionnement de certains matériaux. La reprise des chantiers de régénération et de développement a donc été envisagée de façon progressive, chantier par chantier, dans le respect des règles sanitaires, en fonction de la disponibilité des entreprises partenaires et sous réserve de la disponibilité des approvisionnements, des moyens logistiques et de la disponibilité des fenêtres horaires pour réaliser des travaux sans pénaliser les voyageurs et les entreprises ferroviaires.

BTP Rail : Quand ont pu reprendre les premiers chantiers dans votre région ?
C.H : Notre première reprise opérationnelle sur le terrain de l’activité a débuté mi-avril. Elle a concerné la réouverture des bases arrière, la préparation des trains de travaux et le lancement de chantiers tests afin de valider la bonne maîtrise des nouveaux gestes barrières. Trois grosses opérations de production (GOP) ont ensuite été relancées début mai à l’issue d’un travail très fin mené en amont. Il s’agit des deux chantiers RVB du groupement Enorail sur les lignes Angers-La Suze-sur-Sarthe et Angers-Saumur et du chantier du groupement Transalp entre Chevaigné et Dingé en Ille-et-Vilaine. La reprise rapide de ces opérations structurantes étant le fruit du partenariat et de la collaboration étroite nouée depuis de nombreuses années entre nos services, les Infralog nationaux et les entreprises. Aujourd’hui, à date du 20 mai, 100 % de nos chantiers dont 15 opérations d’envergure ont repris, ce qui est une véritable prouesse compte tenu des contraintes évoquées plus haut. Je citerai comme exemple le chantier de Nantes Blottereau, celui concernant la modernisation de la ligne Nantes-Bordeaux sur la section La Roche-sur-Yon – La Rochelle ou encore la ligne Clisson-Cholet…

BTP Rail : Pour conclure cet entretien, quels enseignements tirez-vous de cette période agitée ?
C.H : Ce qui m’a frappé durant cet épisode très complexe où nous avons été confrontés de façon inédite à de nombreux bouleversements, c’est la rapidité à laquelle l’ensemble de la filière s’est mobilisée comme un seul homme pour surmonter cette crise. Chacun dépassant alors ses intérêts individuels pour aller dans le même sens, pour tendre vers un but commun. J’adresse également mes remerciements  aux préfets et aux services de l’Etat auprès de qui nous avons trouvé appui, écoute et réactivité pour trouver des solutions par rapport à certaines difficultés, par exemple celles du rassemblement de plus de 100 personnes sur un chantier, de l’hébergement des personnels ou du retour sur le territoire national de certains salariés étrangers des entreprises. Ce que je retiens, en définitive, c’est que dans une telle situation de crise sans précédent, les différents acteurs savent coopérer efficacement dans l’objectif de l’intérêt général, ce qui est de bon augure pour l’avenir !
 
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