Eiffage conclut 2022 avec un chiffre d’affaires de plus de 20,3 milliards d’euros, en hausse de +8,5 % sur un an. L’activité est en hausse sensible de 9,5 % sur le 4e trimestre augurant une année 2023 plutôt dynamique, notamment dans les branches Infrastructure et Energie et Systèmes où les projets porteurs ne manquent pas et se révèlent particulièrement profitables. 

Dans les Travaux, « l’activité est relativement forte » : le chiffre d’affaires d’Eiffage est en hausse de 8,2 % à près de 17 milliards d’euros, tiré par les entités à l’international (+ 23,3 % de croissance en Europe hors de France). La hausse d’activité, s’accompagne d’un carnet de commandes Travaux en hausse de +14% à 18,5 milliards d’euros, en augmentation de plus de 2 milliards d’euros sur un an et représente 13,1 mois d’activité. « La rentabilité des travaux s’est améliorée dans un contexte inflationniste encore important, avec un positionnement reconnu sur les énergies renouvelables », commente Benoît de Ruffray, PDG du Groupe. Dans la branche Infrastructures, le chiffre d’affaires croît de 6,6 % à 7,29 milliards d’euros. En France, il baisse légèrement de 0,8 %, dont + 5,9 % dans la Route, - 7,1 % dans le Génie Civil et - 4,4 % dans le Métal. La branche enregistre, par ailleurs, une hausse de +19,6 % à l’international, grâce à la montée en puissance de la ligne à grande vitesse HS2 au Royaume-Uni et de l’autoroute E18 en Norvège, ainsi qu’au dynamisme du marché des infrastructures de transport en Allemagne. 
 
Les infrastructures, un driver 

L’activité Infrastructure, très dynamique (le carnet de commandes est en progression de +17%), se traduit par l’obtention de beaux marchés – 2 lots du métro de Toulouse, l’interconnexion ferroviaire de Saint-Jean-de-Maurienne qui permettront de redéployer machines et équipes – et de l’activité sur des projets stratégiques comme les études liées aux futurs EPR. Autant de sujets qui occuperont Eiffage alors que les travaux de génie civil sont à l’évidence en nette baisse sur le Grand Paris Express. « Mais il a toujours existé une cyclicité des grands chantiers, tempère Benoît de Ruffrey. Nous sommes positionnés sur les 4 nouveaux lots de génie civil du GPE pour lesquels nous pouvons espérer un redémarrage en 2025 ». L’échéance des JOP de Paris 2024, autre grand projet qui implique une mise à disposition du Village des Athlètes (pour lequel Eiffage réalise le secteur E et les aménagements routiers associés) en temps et en heure, ne préoccupe pas outre mesure Eiffage, alors que les instances s’inquiètent du potentiel retard que pourraient prendre certains équipements olympiques. « Les creusements sont finis sur la ligne 14, et la gare Saint-Denis-Pleyel, qui sont concernés par ce grand évènement. Les lots suivants ont pris le relais et sont en pleine activité », affirme le PDG. 

« Excessivement dynamique »

Dans la branche Énergie Systèmes, l’activité est en hausse de 12,0 % à 5,32 milliards d’euros, dont + 6,8 % en France et + 22,4 % à l’international, avec une majorité de projets de 10 à 50 millions d’euros. « Il s’agit du métier où la croissance est la plus forte en raison de la tendance de fond qui s’amplifie sur la transition écologique et numérique, souligne Benoît de Ruffray. Nous complétons cette croissance organique avec de la croissance externe qui contribue à 4,1 % de hausse d’activité. Nous en sommes à onze acquisitions conclues en 2022, de quoi renforcer notre maillage territorial ». A noter les fortes expositions d’Eiffage dans l’éolien offshore et le photovoltaïque. Dans ce dernier secteur, le Groupe est passé premier installateur européen avec 1 GW installé en 2022. Pour le prestige, on citera également l’obtention par Eiffage Energie Systèmes du lot électricité sur le chantier de Notre-Dame de Paris. 

Les concessions maintiennent le cap
 
Un nouveau plan d’investissement d’APRR de près de 410 millions d’euros d’investissement est entré en vigueur le 31 janvier 2023. Il permettra notamment d’accélérer la transition écologique des autoroutes avec, entre autres, des aménagements favorisant le covoiturage et les transports collectifs, le passage en flux libre des entrées d’une grande partie du réseau AREA et l’adossement au réseau APRR d’une section de 17 kilomètres de l’autoroute A6 au sud de Paris. Les investissements de ce plan, qui répond aux vœux du gouvernement, s’étaleront jusqu’à 2029. Toujours dans le domaine des Concessions, le « gros contrat » lié aux logements du ministère des Armées, courant entre 2023 et 2030, assurera 1,4 milliard d’euros d’activité dans la construction neuve ou la rénovation. « Une bouée importante de bon augure alors que le marché du logement est en panne », souligne Benoît de Ruffray. L’Immobilier voit en effet une chute des réservations (de 5 000 en 2019 à moins de 2 500 en 2022) dues à la difficulté d’obtention des permis de construire et la hausse des taux d’intérêt. Moins de logements sont donc mis en construction, et cette baisse s’accentuera en 2023 et 2024, en dépit d’une forte dynamique de la rénovation de logements. 
 
Les ENR verdissent les aéroports, la Route fait l’unanimité
 
Face aux exigences environnementales, le Groupe publie pour la première fois la part de son chiffre d’affaires aligné avec l’objectif d’atténuation du changement climatique selon la taxonomie verte européenne qui est sur 2022 de 16,7 % pour une éligibilité de 45,8 %. « La supply chain n’est pas en ordre de marche car les critères d’alignement sont encore trop récents, regrette Christian Cassayre, le directeur financier d’Eiffage. Nous ne pourrons pas aligner nos bâtiments tant que nos fournisseurs n’auront pas aligné leurs propres matériaux ». En matière de réalisations bas carbone, Eiffage a des motifs de satisfaction. Le Groupe peut se targuer d’avoir reçu le prix de la FNTP pour l’enrobé Biophalt, mis en application sur l’A40. « Né dans nos laboratoires de l’ingéniosité de nos chercheurs du pôle Route, il intègre des liants biosourcés issus des végétaux qui ont prouvé leur capacité de résistance. Avec cette gamme, la route peut être maintenue sur l’ensemble de son cycle de vie sans carbone », précise Benoît de Ruffray. Sur la partie Concessions aéroportuaires, si le Groupe n’a aucun moyen d’influer sur les avions, n’étant pas fabricant ni même fournisseur dans l’aéronautique, il s’emploie toutefois à améliorer l’efficience de ses plateformes, lesquelles seront bientôt équipées de 16 MW d’installations photovoltaïques dont 50% en autoconsommation. Initiative intéressante : Eiffage module les prix des aéronefs en fonction du bruit des appareils sur l’aéroport de Toulouse, connu pour être très proche des habitations.