Le BTP est confronté à une triple transformation :écologique, technologique et sociale. Les nouvelles réglementations environnementales exercent une pression de plus en plus forte et les technologies comme le Building Information Modeling (BIM) et l’introduction d’Intelligence Artificielle (IA) sont de plus en plus poussées.
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“Le secteur de la construction fait face à de nombreux enjeux qui impactent l’appareil de formation : injonction à la transition écologique mais financements instables, accélérations des formations réglementaires et donc d’un nouveau business model dans la formation : effets d’annonce non suivis de financement associés, bascule vers les bâtiments connectés, électrification à marche forcée, enjeux d’attractivité et de féminisation, coupures budgétaires dans l’apprentissage alors même que des investissements importants sont nécessaires. Il y a beaucoup à faire et la filière de la formation est prise en étau”, explique Antoine Amiel, Directeur général de Learn Assembly et Senior Partner Kéa.
Ce livre blanc propose une analyse approfondie de ces mutations et offre des solutions concrètes pour accompagner le secteur dans cette phase de transformation. Il s’intéresse tout particulièrement à la manière de rendre les métiers plus attractifs, de répondre aux besoins de compétences spécifiques, surtout concernant les métiers en tension, de concevoir la transformation vers les métiers de demain et de redéfinir l’inclusion du secteur vers les jeunes, les séniors et les femmes.
Premier enjeu : repenser l’emploi
Chaque année, 50 000 jeunes formés aux métiers du BTP font leur entrée sur le marché du travail, apportant avec eux de nouvelles compétences. Cependant, malgré cet afflux de talents, le secteur peine encore à répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre qualifiée, notamment en raison de l’image des métiers et des conditions de travail perçues comme peu attractives.
La clé réside dans la capacité des entreprises à adapter leur stratégie de recrutement et à investir dans la formation continue pour maintenir un haut niveau de compétence. Le livre blanc aborde les manières de repenser les pratiques de recrutement et de fidélisation des jeunes talents, tout en soulignant l’importance d’une adaptation rapide aux nouveaux enjeux de la transition énergétique et digitale.
Par ailleurs, la construction est un secteur où la pénibilité reste élevée. Pour maintenir les professionnels les plus aguerris dans l’emploi, les entreprises doivent repenser les carrières et l’accompagnement des collaborateurs les plus séniors pour préserver son capital de compétences. Cela répond à de nouvelles normes sociales (cf. recul de l’âge de la retraite), à la pression démographique, mais aussi à une stratégie de long terme pour maintenir les savoirs et savoir-faire dans l’organisation.
Deuxième enjeu : construire avec l’environnement
“Il y a 20 millions de logements à rénover en France pour respecter la trajectoire carbone”, rappelle Karim Hatem, Senior Partner Kéa. La transition vers une économie bas carbone représente une opportunité de création d’emplois majeure pour le secteur du BTP. Selon les projections, ce scénario pourrait générer 200 000 emplois supplémentaires d’ici 2030, dont 120 000 spécifiquement dédiés à la rénovation thermique.
Le secteur du bâtiment dans son ensemble représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français (source : Ademe). La décarbonation du secteur représente de nombreuses opportunités, à la fois sur le nombre d’emplois crées mais aussi sur les nouveaux emplois crées.
Dans ce contexte, le livre blanc met en avant la nécessité de former des professionnels capables de maîtriser les nouvelles techniques d’isolation, de gestion énergétique, et de construction durable, que la formation soit initiale ou continue.
Troisième enjeu : féminiser le BTP
“Il y a de plus en plus de jeunes femmes qui se forment aux métiers du BTP : 10 % aujourd’hui contre 1,8 % en 2017”, intervient Jacques-Olivier Henon, Directeur des politiques de formation et de l’innovation pédagogique, CCCA-BTP. En 2021, les femmes représentaient seulement 12,3 % des effectifs dans le secteur du BTP. Cette faible représentation des femmes dans des métiers traditionnellement perçus comme masculins est un obstacle majeur à la réduction des tensions liées à l’emploi. La féminisation du secteur est une priorité pour les entreprises du BTP, car elle permet de diversifier les profils et d’élargir le vivier de talents.
Peu attirées par des métiers réputés physiques, les femmes excellent dans les métiers de finition, d’artisanat, et d’ingénierie. Les nouveaux outils technologiques et numériques, comme l’IA, offrent une opportunité de revaloriser les métiers de la construction auprès de ce public.
Les bénéfices d’une plus grande inclusion des femmes dans les métiers du BTP sont nombreux non seulement pour réduire les tensions liées à l’emploi, répondre aux défis de recrutement, et enrichir le secteur avec des perspectives nouvelles. Néanmoins, les entreprises doivent à la fois accompagner leur entrée sur le marché du travail par des formations adéquates et une éventuelle transformation culturelle.
Les chiffres
50 000 jeunes formés aux métiers du BTP entrent chaque année sur le marché du travail.
200 000 emplois supplémentaires d’ici 2030 : c’est ce que le scénario de transition bas carbone devrait engendrer.
12,3%, c’est la part des femmes dans le BTP en 2021.
Paris, le 18 juin 2025 –