Après un premier trimestre 2022 plutôt bien orienté, l’activité des matériaux de construction des 2ème et 3ème trimestres s’est nettement repliée, laissant entrevoir un recul de l’indicateur supérieur à - 3 % sur l’ensemble de l’année 2022.Concernant plus spécifiquement la production de granulats et de béton prêt à l’emploi (BPE), les résultats disponibles à fin octobre suggèrent une contraction des volumes de l’ordre de - 4 % sur l’ensemble de l’année 2022 ce qui ramènerait les volumes à 345 millions de tonnes pour les granulats et à 39 millions de m3 pour le BPE. L’accalmie sur le front de la crise sanitaire a permis un regain d’activité en 2021, toujours constaté début 2022. Un répit de courte durée, stoppé dès le déclenchement de la guerre en Ukraine et ses conséquences délétères, tant sur le plan géopolitique que sur le plan énergétique, affectant sensiblement les marchés de la construction et la profession. Dès mars 2022, les difficultés liées aux approvisionnements énergétiques se répercutent sur des coûts déjà en tension, décuplant le choc inflationniste qui touche l’ensemble de la filière BTP. Cette superposition de chocs pèse sur la demande et le déroulement des travaux du BTP avec, pour corollaire, des indicateurs de production des matériaux de construction qui se contractent. Certes, sur les derniers mois (août, septembre, octobre), le rythme de dégradation de l’activité s’est atténué, notamment du côté des granulats où les productions pourraient avoir été stimulées par un comportement de stockage des entreprises qui cherchent à anticiper les hausses de prix de l’énergie ou les rationnements/délestages possibles cet hiver (+ 1,1 % au regard des trois mois précédents, données CVS-CJO). S’agissant du BPE, les livraisons de ces trois derniers mois cèdent encore - 1,5 % au regard des trois mois précédents.
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Le choc inflationniste et ses répercussions inévitables sur l’offre et la demande laissent présager un nouveau repli de l’activité des matériaux en 2023. Le BPE pâtirait de l’abandon partiel des projets constructifs. La production de BPE reste évidemment très dépendante de la conjoncture du bâtiment. Dans un contexte de repli de la solvabilité des ménages (pouvoir d’achat rogné par l’inflation, hausse des coûts de construction, des prix des logements neufs, remontée des taux d’intérêt) et de durcissement des conditions d’accès au crédit habitat (critère HCSF en vigueur depuis janvier 2022), les opérateurs de l’immobilier résidentiel font face à un net recul des ventes et réservations, freinant de facto leurs projets futurs de mises en chantier. Le logement social pâtit lui aussi de ce climat peu porteur et les bailleurs délaissent le marché locatif. Pour l’heure, le stock de permis (logements et locaux), en partie dopé par l’anticipation de l’entrée en vigueur des nouvelles normes (RE2020, ZAN…) est très élevé. Mais le passage des autorisations aux mises en chantier se complique : au-delà des délais de démarrage des travaux qui se sont allongés, les conditions financières de la réalisation des permis pourraient bien faire défaut. La révision haussière des devis, face à la flambée des coûts, risque en effet de compromettre les bouclages financiers des projets immobiliers. C’est pourquoi un repli des mises en chantier des logements et des locaux d’activité est attendu en 2023. Il se solderait par une contraction de la demande de béton prêt à l’emploi de l’ordre de - 4 %. En dépit d’une amélioration récente des carnets de commandes constatés dans le secteur des travaux publics, ces derniers manquent encore d’ampleur notamment s’agissant de la clientèle publique. En effet, à mi-chemin du cycle électoral des municipales, les collectivités auraient dû réamorcer la dynamique de leurs dépenses d’investissement en infrastructures. Mais la prudence et l’attentisme semblent prévaloir. Dans un contexte de hausse de leurs charges de fonctionnement (énergie, salaires), les arbitrages budgétaires des élus se font au détriment des projets d’investissement, et ce, en dépit de trésoreries pourtant saines et solides. Côté clientèle privée, l’épaisseur des carnets est rabotée par l’inflation des coûts : à budget identique, les volumes des travaux sont moindres. Dans ce contexte, la demande de granulats subit elle aussi un coup de frein et la production pourrait se contracter de – 4 % en 2023.