Prescription Béton : En quoi le Bâtiment évolue-t-il ?
Christian Crémona : Effectivement, l’enjeu lié à l’atteinte d’une neutralité carbone dans la construction pour 2050 nous amène à introduire des matériaux biosourcés mais également à nous interroger sur nos façons de construire… sont-elles les bonnes ? Mettons-nous la matière au bon endroit ? Le leitmotiv de la productivité aujourd’hui est d’autant plus marqué que pour décarboner le Bâtiment, il faut aussi travailler sur nos process constructifs.
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C.C. : Nous devons effectivement basculer vers des ciments de moins en moins riches en clinker, en se demandant systématiquement si le ciment classiquement utilisé pour un type de projet ne peut pas être substitué par un ciment moins émissif en potentiel de réchauffement climatique. Mais jusqu’où faut-il aller en baissant le taux de clinker ? On parle de béton bas carbone, mais un enjeu aujourd’hui est aussi de définir clairement cette notion de béton bas carbone comme de béton très bas carbone. Une autre solution est d’optimiser la matière dans les constructions. L’impression 3D peut permettre par exemple de construire des éléments optimisés matériellement par rapport à des méthodes traditionnelles.
P.B. : Justement, en quoi l’apport du numérique se fait sentir dans ce domaine ?
C.C. : La digitalisation aujourd’hui nous permet de trouver les solutions les plus optimisées pour bâtir les ouvrages, en intégrant les datas dès leur phase de conception.
Nous sommes en droit de nous demander aussi si l’impression 3D béton ne serait pas le moyen de transformer du prêt-à-porter en sur-mesure en quelque sorte !
P.B. : On parle beaucoup d’industrialisation, qu’en est-il pour le Bâtiment ?
C.C. : Il semblerait que la culture du « coulé en place » cède du terrain à celle de la fabrication en usine. On redécouvre la préfabrication, que ce soit béton ou bois, en réinventant ce qui existait déjà dans les années 50 en termes préfabrication ou de constructions modulaires. En effet, les technologies modernes permettent de standardiser tout en laissant la place à la customisation. Le retour en force de la construction bois impliquant une fabrication hors-site permet de reposer de manière sereine la question du recours à la préfabrication.
P.B. : Le marché de l’entretien/rénovation se porte bien, comment l’expliquer ?
C.C. : Le marché de l’entretien/rénovation est énorme mais il manque d’innovation. Les enjeux aujourd’hui sont de requalifier les ouvrages, de les adapter à de nouveaux usages, au changement climatique, à de nouvelles performances, tout ceci à un coût accessible.