C’était la bonne nouvelle de ce mois de mai après deux mois de crise et de confinement : au 15 mai, 72 % des chantiers de bâtiment avaient repris. Toutefois, les mises en place de mesures barrières et autres achats de masques ou de gel hydroalcoolique provoquent aussi des surcoûts à prendre en compte. Un surcoût estimé à 10 % en moyenne...
En fin de semaine dernière, la note réalisée par le réseau des CERC menée auprès de 1 416 entreprises du Bâtiment, intervenant sur 12 278 chantiers mettait en exergue un redémarrage progressif des chantiers depuis la parution du guide OPPBTP de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction. Et enfin une bonne nouvelle pour le secteur : 72 % des chantiers de bâtiment avaient repris à la date du 15 mai.
Un optimiste toutefois qui n’est pas forcément partagé par la FFB, car les préconisations de sécurité sanitaire et les achats liés à protéger les salariés sur les chantiers provoquent aussi des surcoûts. Ni par la Capeb qui estime que la hausse des coûts varie entre 10 % pour le neuf et 22 % pour les travaux de rénovation.
Quels prix pour les masques et gels ?
D’une part, l’application des préconisations sanitaires publiées par l’OPPBTP entraîne un allongement des délais et d’importants surcoûts d’exécution (mise en sécurité du chantier et du matériel, gardiennage, perte de rendement du fait des nouvelles conditions de travail, mobilisations supplémentaires de personnel et de matériels, variations du coût des matières premières ou de produits manufacturés, etc.).
Et d’autre part, l’achat de masques et de milliers de litres de gel hydroalcoolique fait aussi monter la facture un peu partout sur les différents chantiers de France ayant repris. « On a des surcoûts sur chaque chantier, entre les équipements de protection individuelle, le transport des salariés, les bases de vie et l’exécution de tâches plus longues à réaliser . Qui paie ces charges supplémentaires ? Les entreprises de BTP ne supporteront pas seules ces coûts », interroge Frédéric Théret, président de la FFB 41 à nos confrères de La Nouvelle République. De son côté, plus au sud, la fédération du BTP 64 a indiqué à France Bleu avoir "acheté 200 000 masques pour ses adhérents, 5 000 litres de gel hydroalcoolique. Un nouvel équipement certes encadré par des guides de bonne conduite mais qui a un coût", estimant que "c’est 15 à 20 % de frais supplémentaires sur un chantier".
Enfin, la FFB a même listé dans le détail les différents surcoûts liés à la reprise dans ces conditions :
- Déplacements : de 1% à 9% du coût de main d’œuvre selon la distance, de 7% à 10% du coût de main d’œuvre pour l’hébergement.
- Installations de chantier et mesures d’hygiène : de 1% à 1,5% du coût de main d’œuvre.
- Consommables (masques, gel, …) : 6% du coût de main d’œuvre.
- Surcoûts indirects en raison de la baisse de productivité sur les chantiers et des effets induits : de 15% à 25% du coût de main d’œuvre.
- Surcoût moyen total : 25% du coût de main d’œuvre.
"Ramener ces chiffres en coût de chantier (et pas de main d’œuvre) revient à les multiplier par 0,4 en moyenne (car 40% de main d’œuvre en moyenne). Notre estimation globale ressort donc aux environs de 10% de surcout de chantier pour les entreprises", conclut la FFB.
L'achat de masques et de gel engendrerait un surcoût de l'ordre de 6%
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C’est en 2019 que Karim Selouane créé Resallience, au sein de Sixense Groupe (Vinci Construction). Son objectif ? Répondre au défi immense que représentent les enjeux de l’adaptation au changement climatique des villes, des territoires, des infrastructures, des projets et de leurs usages. Composé d’ingénieurs, universitaires, docteurs, chercheurs, architectes, Resallience est avant tout un bureau d’étude et d’ingénierie intégrée, spécialisé dans l’adaptation. Karim Selouane nous livre ici, sa vision des matériaux de construction, et comment appréhender le changement climatique et les défis environnementaux comme un levier d’innovation technique et business.
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