Lieu commun : la chaux, matériau éternel, etc. À Cruas, l’adage est vrai. La même roche fournit les pierres du village et la chaux naturelle hydraulique Lafarge utilisée comme liant. On ne peut faire plus homogène rénovation.
Avec plus de 2 750 habitants la commune de Cruas offre une morphologie assez singulière. Bloquée par le Rhône à l’est, elle est adossée à un massif calcaire à l’ouest faisant partie du Massif central. Du nord au sud, se succèdent les fours à chaux de Lafarge, l’agglomération avec le vieux village sur un piton rocheux, les carrières de calcaire pour la chaux et le ciment, la cimenterie d’un autre groupe industriel et une centrale nucléaire de 4 réacteurs.
Le bourg comprend plusieurs ensembles immobiliers médiévaux :
• une très jolie église abbatiale des XIe et XIIe siècles ;
• les vestiges du château des Moines des XIIe et XIVe siècles, au-dessus du village médiéval ;
• sur une hauteur, un ancien village médiéval complètement abandonné depuis un siècle.
Évitant la solution de raser le vieux village, la mairie a entrepris de le reconstruire. La décision prise en 1995 conduit à des chantiers jusqu’environ 2030. Le but est de créer une occupation permanente du lieu en mixant logements et gîtes de tourisme. Un premier îlot expérimental sera livré au 1er semestre 2010. Le travail de maçonnerie reconstitue les murs à partir des pierres disponibles sur place. Le liant est la chaux blanche de Lafarge Ciments.
L’exiguïté du tissu urbain et la pente omniprésente réduisent le recours aux matériels efficaces. L’entreprise Girard travaille ainsi de façon très manuelle. En combinant un tiers de surfaces neuves et deux tiers fortement rénovées, le budget s’élève à 2 016 €/m2. Propriété de la mairie, les logements seront mis en location sur la base tarifaire du logement social.
Cruas : la chaux hydraulique depuis plus de 150 ans
Les fours à chaux de Cruas sont la seule usine de production de chaux hydraulique de Lafarge en France. La capacité est de 100 000 t/an pour un marché de chaux hydraulique pour le bâtiment, d’environ 200 000 t/an.
L’installation industrielle a démarré en 1858 sous la marque Valette-Viallard. La carrière était située sur le dessus du massif calcaire, ce qui permettait de charger les fours, construits à flanc de falaise, directement par le dessus. 22 fours maçonnés étaient ainsi en fonction avant l’arrivée de fours en acier verticaux en 1934 et 1935. En 1958, la société a intégré le groupe Lafarge.
Les fours fonctionnent au coke de pétrole afin de chauffer le calcaire pour qu’il devienne de la chaux. La roche reste 20 h dans le four et elle est décarbonatée vers 1 000 °C. En sortie, on récupère 80 % de chaux vive et 20 % de grappier qui repasse dans le four. La chaux vive est éteinte dans des extincteurs rotatifs, puis broyée selon les différentes qualités de chaux produites à Cruas :
• 60 000 t de chaux blanche NHL 3,5-Z, pour les supports tendres,
• 15 000 t de chaux Tradifarge NHL 5-Z, pour les travaux neufs et les pierres dures,
• 5 000 t de chaux Crualys NHL 2, pour la rénovation du bâti ancien et les supports très tendres.
Ces 3 qualités de chaux sont commercialisées directement en sacs de 30 et 35 kg. En vrac, elles approvisionnent des usines de fabrication de mortiers prêts à l’emploi.
